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Le monde occidental n’avait pas connu une telle épreuve depuis la Seconde Guerre mondiale. En quelques jours, nos repères ont, au mois de mars dernier, complètement été modifiés. Les économies ont été alors mises à la cape, les hôpitaux ont dû traiter en urgence des milliers de personnes atteintes d’une maladie sur laquelle nous avions peu de connaissances et pas de remèdes. Depuis, nos vies dépendent de l’évolution de l’épidémie. Nous avons appris, plus ou moins bien, à vivre dans un environnement et une économie dégradés. Le modèle démocratique, déjà mal en point avant la crise sanitaire, est mis à dure épreuve. Il est contesté en son sein et par les systèmes concurrents. La Chine, le premier pays atteint par la Covid-19, souligne avec une malice à peine refrénée qu’elle a su vaincre l’épidémie et qu’elle a renoué avec la croissance quand les pays occidentaux jonglent avec les contractions du PIB et les vagues du virus.
Une crise est toujours un révélateur des forces et des faiblesses. Elle est souvent un carrefour des destinées. Une nation, un ensemble de pays, peuvent se fortifier dans l’épreuve et trouver les ressources pour rebondir, pour travailler à un nouvel avenir. Une crise peut aussi amener ou accélérer le déclin. De la chute de Rome à la Seconde Guerre mondiale, les exemples – dans un sens comme dans l’autre – ne manquent pas. Les épidémies sont redoutables, car elles échappent, en partie, à la volonté de l’Homme. L’ennemi étant tout à la fois omniprésent et invisible, elles aiguisent les esprits les plus grégaires.
2021 devrait être une année de résurgence avec la diffusion du vaccin et le repli progressif du coronavirus. À partir du second semestre, nous commencerions à y voir plus clair sur l’ampleur des sinistres économiques qui ont été occasionnés par la Covid-19. D’ici là, les gouvernements auront mis en œuvre leur plan de relance pour éviter qu’après la crise sanitaire, une crise économique et financière s’installe durablement. Il sera sans nul doute nécessaire, voire indispensable, de repenser les schémas d’organisation tant au niveau européen qu’au niveau international. Après des années perdues, une meilleure compréhension entre l’Est et l’Ouest du continent paraît indispensable. Une refonte du système économique et financier, hérité de Bretton Woods et devenu au fil des décennies obsolète, s’impose. Avec le développement sans précédent de l’endettement public, le moment de refonder le système est peut-être venu. Le statu quo est impossible. Il n’aboutira qu’à une désagrégation anarchique avec un risque de montée aux extrêmes entre les deux grandes puissances que sont la Chine et les États-Unis. L’Europe devra également évoluer. Avec une période d’inquiétante inertie, au début de la crise, elle a su réagir avec l’élaboration d’un plan de relance, certes un peu modeste, mais qui a le mérite d’exister. Le départ du Royaume-Uni marque une étape importante et une rupture. Pour la première fois, un État, un des plus importants de l’Union, a préféré poursuivre sa route seul. Ce choix, même s’il résulte avant tout de la politique intérieure britannique, est lourd de sens. Les États membres doivent repenser les méthodes et les objectifs poursuivis. La gestion de l’immigration sera un des défis à relever. Des moyens sont nécessaires avec peut-être la création d’une véritable police européenne sur le modèle du FBI. Aujourd’hui, la charge pèse encore trop sur les pays se situant aux frontières de l’Union.
Jean-Pierre Thomas
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