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Les fonds euros, « never die »

Epargne 9 mai 2023

Questions à Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne – mai 2023

Les fonds euros sont le cœur de l’assurance vie. Ils ont contribué à son succès à compter de la fin des années 1980. Comment expliquer leur essor à partir des années 1990 ?

L’assurance vie, c’est un tiers de l’épargne financière des ménages. En volume, elle se place juste derrière les dépôts bancaires (les dépôts à vue, les dépôts à terme et les livrets). L’encours de l’assurance vie, en 2022, a dépassé selon l’APCR, 1 885 milliards d’euros. En son sein, les fonds euros pèsent 1 500 milliards d’euros. L’engouement des épargnants pour les fonds euros repose sur le triptyque suivant :

  • La garantie du capital ;
  • La simplicité de la gestion avec une capitalisation intégrée ;
  • Un rendement rendu public annuellement.

Les épargnants ont rapidement compris les atouts des fonds euros qui, dans le cadre de l’assurance vie, bénéficient d’avantages fiscaux non négligeables. À la fin des années 1980, ces fonds ont bénéficié du retrait des ménages des SICAV monétaires dont la fiscalité a été alourdie et le rendement diminué.

La baisse du rendement des fonds euros a-t-elle remis en cause le système ?

Non, aucunement, la preuve, les fonds euros représentent 80 % de l’encours de l’assurance vie. La décollecte constatée ces trois dernières années reste dans l’épaisseur du trait. Elle s’est élevée à 29,8 milliards d’euros en 2022, après 30,9 milliards d’euros en 2020 et 12,3 milliards d’euros en 2021. Les fonds euros ont subi la baisse historique des taux d’intérêt, en lien avec les politiques monétaires accommodantes mises en œuvre à compter de 2015. L’État français a pu ainsi s’endetter à taux négatif en 2020. Les rendements des fonds euros ont néanmoins offert des rendements toujours positifs en raison de leur inertie et des poches de diversification (actions, obligations d’entreprises, immobilier, etc.). Le rendement des fonds euros a atteint un point bas en 2020/2021 à 1,28 %. En 2022, les rendements sont remontés et ont atteint, en moyenne 2 %. Les assureurs ont puisé dans leurs provisions pour participation aux bénéfices accumulées pendant la période de baisse des taux. Cette opération, prévue par la loi, vise à défendre les intérêts des épargnants. Les assureurs disposent encore de réserves importantes qui tout à la fois devraient permettre une amélioration du rendement dans les prochaines années et contribuer à la solidité de l’assurance vie. Les ratios de solvabilité demeurent très élevés et se sont même améliorés ces derniers mois.

Y a-t-il un danger avec les fonds euros ?

En période d’incertitudes, la garantie en capital constitue un atout indéniable. À la différence du Livret A, l’assurance vie n’est pas soumise à des règles de plafond. Par ailleurs, elle permet d’organiser la succession de ses souscripteurs tout en allégeant la facture fiscale des héritiers.

La hausse des taux ouvre de nouvelles perspectives surtout si elle reste progressive et maîtrisée. Les assureurs et le régulateur suivent avec attention cette montée des taux. Aucune menace ne plane sur les assureurs français qui respectent aisément les normes de solvabilité. La bonne tenue des marchés offre en outre la possibilité d’améliorer le rendement sur 2023 des fonds euros.

Une part de plus en plus importante de l’assurance vie passe sur les Plans d’Épargne Retraite (PER) qui sont des placements de long terme ayant un rôle de stabilisation.

Faut-il délaisser les unités de compte ?

Les unités de compte dont la valorisation dépend de l’évolution des marchés constituent un moyen d’obtenir du rendement tout en profitant des avantages de l’assurance vie (abattement de 4 600 et 9 200 euros après huit ans, avantages en matière de droits de succession). Sur moyenne et longue période, en moyenne, les unités de compte offrent un rendement supérieur aux fonds euros. Ils permettent d’accéder à une large gamme de supports (actions, ETF, obligations, monétaires, SCPI, private equity, ISR, fonds solidaires etc.). Des produits structurés peuvent être également proposés. En 2022, les supports en unités de compte ont connu une collecte nette historique de 38,2 milliards d’euros, soit un niveau nettement supérieur à celui de 2021 (+30,6 milliards d’euros). Les unités de compte représentent désormais 40 % de la collecte brute. Elles sont mieux à même à résister à l’inflation que les fonds euros.

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