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L’équation complexe de l’équilibre des régimes de retraite

Retraite 9 mai 2023

Dans une période de fortes incertitudes, la prévision tend à l’ésotérisme. Avec la succession de crises qualifiables de centennales, les projections économiques sont de plus en plus difficiles à réaliser.

Quelques points de croissance en moins en quelques années, aboutissent, sur dix ans en capitalisé, à des écarts importants. Le système de retraite dépend d’un grand nombre de facteurs économiques, financiers et démographiques. L’évolution des gains de productivité, de la population active et du nombre d’emplois sont autant de paramètres importants à prendre en compte du côté recettes. Les dépenses dépendent de leur côté du nombre de retraités et des carrières passées.

La réforme de 2023 vise à effacer un déficit potentiel de 13 milliards d’euros en 2030. Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), tout en ne niant pas son existence, avait indiqué qu’il était maîtrisable sans avoir à révolutionner le système. Les estimations du COR sont, en règle générale, empreintes d’optimisme. Cette inclinaison provient peut-être de ses origines. Le COR a été créé par le gouvernement de Lionel Jospin en 1999. Ce dernier ne souhaitant pas engager, avant l’élection présidentielle de 2002, une réforme des retraites, commandait rapport sur rapport afin de démontrer l’inutilité de modifier les règles en vigueur. Au regard de l’évolution de certains paramètres économiques, des points d’interrogation sur la tendance du solde des régimes de retraite existent. La baisse de la productivité constitue un facteur inquiétant, car elle influe sur la croissance potentielle qui pourrait se révéler bien plus faible que prévu comme vient de la souligner le rapport du Haut Conseil des Finances Publiques. L’institut économique Rexecode, Fipaddict et Fipeco ont indiqué dans une étude publiée le 24 avril dernier que « la situation des finances publiques reste contrainte après la réforme des retraites ».

Le report à 64 ans et l’accélération de la durée de cotisation à 43 ans devraient selon cette étude générer jusqu’à 18 milliards d’euros de recettes publiques supplémentaires. Cette mesure devrait augmenter de 1,1 point le PIB avec, à la clef, plus d’impôt sur le revenu, de cotisations sociales et de TVA. La réforme, en réduisant le nombre de retraités, devrait permettre d’économiser, en 2030, 14 milliards d’euros. Ce gain sera réduit par le coût des mesures de compensation (carrières longues, invalidité, retraités modestes, etc.), estimé à 6 milliards. La réforme induit également des dépenses sociales (chômage et transferts sociaux) qui pourraient atteindre 3,1 milliards d’euros. Le solde de ces deux effets aboutit à un gain financier de 0,4 point de PIB (13 milliards) à l’horizon 2030. Avec une croissance de la productivité de 1 % et un taux de chômage de 7 %, le déficit du régime des retraites resterait à 7 milliards en 2030 (0,2 point de PIB) voire à 20 milliards (0,6 point de PIB) avec des hypothèses moins optimistes sur la croissance. Pour revenir à l’équilibre, le gouvernement fait le pari d’un taux de chômage en fin de période à 4,5 %, taux inconnu depuis les années 1970. Pour de nombreux experts, le taux de chômage incompressible se situerait, en France, autour de 6 %. Par ailleurs, tant le gouvernement que l’Institut Rexecode sont optimistes en matière de productivité. Depuis 2019, elle est en recul.

Compte tenu des données économiques et au regard des fortes incertitudes, le retour à l’équilibre des régimes de retraite demeure hypothétique. Il suppose une croissance potentielle en hausse par rapport à la tendance de long terme en cours en France. Le gouvernement a certainement, avec le foisonnement d’évaluations contradictoires, perdu en partie la bataille de la communication. Les dernières données communiquées dans le cadre de la perspective de trajectoire de finances publiques 2023-2027 présentée mercredi 26 avril 2023 en Conseil des ministres n’ont pas éclairci la situation. Le gouvernement a évalué le rendement net de la réforme à 8 milliards d’euros à l’horizon 2027 pour le système de retraite, en tenant compte des mesures prises en compensation du passage de l’âge légal à 64 ans. À ce montant, il convient d’ajouter les recettes liées au surcroît d’activité, autour de 9 milliards d’euros. Le gain pourrait donc atteindre 17 milliards d’euros contre 10 milliards d’euros officiellement annoncés. Ce gain n’est pas négligeable dans le cadre du programme de stabilité que la France devra respecter au niveau européen. Les régimes de protection sociale joueront de ce fait un rôle-clef dans le retour des déficits publics vers 3 points de PIB. En effet, l’assurance chômage doit permettre de son côté de réaliser 4 milliards d’euros d’économie.

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