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L’édito du Mensuel n° 83 de mars du Cercle de l’Épargne
Depuis un an, l’épidémie nous impose son rythme. Entre sac et ressac, nous nous adaptons. Les entreprises ont appris à évoluer en mode dégradé. Après avoir connu entre mars et mai, un arrêt sur image quasi-total, les économies occidentales essaient d’apprivoiser, avec plus ou moins de succès, le virus. Cette épreuve est une première pour les Français dont peu ont connu la Seconde Guerre mondiale ou même la guerre d’Algérie. La limitation des déplacements, les mesures sanitaires remettent en cause en profondeur la société des loisirs qui était devenue notre quotidien. La liberté d’aller et venir, partir en vacances, aller au restaurant, au bar ou au spectacle étaient des éléments fondamentaux de nos modes de vie au point de passer inaperçus. Dans une société dominée par l’émotion, un tel choc occasionne des réactions parfois violentes. Celles-ci sont alimentées par nos ignorances face à la Covid-19. Dans un État centralisé comme la France, où le chef est censé être omniscient, les tergiversations, les changements de cap, les ordres et les contre-ordres sont considérés comme des aveux de faiblesse voire des fautes lourdes. La crise a accentué la défiance envers les élites qui sont accusées de ne pas avoir protégé la population, de ne pas avoir une solution miracle prête à l’emploi. Les réseaux sociaux avec leur caractère binaire ont accentué cet état d’esprit qui est un trait de caractère de la France. La dictature des opinions est devenue la règle avec comme principe que celles-ci ne durent que le temps de leur expression. Les informations, souvent fausses, chassent les précédentes à un rythme effréné. Tout et rien sont affaires d’État. À chaque jour sa polémique sur laquelle les élus doivent se prononcer faute de quoi ils sont accusés de manquer d’empathie, de réactivité. La vérité est nulle part et partout. Le relativisme côtoie la défiance. Les gouvernements doivent jongler en permanence avec le bruit de fond des réseaux sociaux. Avant, les conversations de comptoir avaient l’avantage de ne pas sortir du café. Aujourd’hui, la moindre opinion, surtout si elle est iconoclaste, peut connaître un succès national voire planétaire. L’épargne n’échappe pas à la guerre des opinions. La fameuse cassette « Covid » attise les convoitises. Elle alimente les phantasmes. Soi-disant alimentée par les ménages les plus aisés, elle apparaît aux yeux d’un nombre croissant de Français comme illégitime. Dans une époque où les élites, les riches sont des suspects, l’idée de la taxation de l’épargne s’impose comme une évidence. L’argument en vertu duquel cette épargne est à l’origine un revenu qui a déjà fait l’objet d’une taxation ne porte pas. Il n’est pas soutenable car certainement un peu trop rationnel. Dans le passé, les pouvoirs publics incitaient les citoyens à mettre de l’argent de côté par précaution ou en vue d’un achat important à réaliser. L’épargnant était loué. La bonne gestion du budget familial passait par cette épargne aujourd’hui dénigrée. Pour autant, nous avons un réel besoin d’épargne pour nos entreprises, qui faute de fonds propres, s’endettent. Nous avons besoin d’épargne pour financer la transition énergétique et les retraites. Si demain, face aux sirènes de la démagogie médiatique, le Gouvernement acceptait un durcissement des prélèvements sur l’épargne, il est certain que la défiance gagnerait encore quelques quartiers. Les épargnants pourraient être tentés d’opter pour le cash ou pour l’étranger. Dans tous les cas, la France, son économie en sortiront affaiblies.
Jean-Pierre Thomas
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