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L’édito du Président, Jean-Pierre Thomas de décembre « Sortir du Pot au Noir »

Les éditos du Président 9 décembre 2022

Regarder un film de la fin des années 1960 nous plonge dans un monde qui nous semble désormais complètement étranger, un monde de croissance, d’insouciance. Il est alors dangereux d’être sérieux. Les comédies pratiquent l’humour et mettent en avant la liberté. Certes, à l’époque, la question environnementale commençait à poindre mais elle n’aurait pu remettre en question les acquis des Trente Glorieuses. Le premier choc pétrolier, en 1973, crée une rupture en soulignant que l’accès à l’énergie abondante et peu coûteuse n’est plus automatique. Le deuxième choc pétrolier confirma le premier, tout en mettant sur le devant de la scène l’islamisme radical. La fin des années 1980 et les années 1990 furent une parenthèse marquée par la chute de l’URSS et le triomphe sans combattre du capitalisme. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, et la crise des subprimes, en 2007, le monde s’est engagé dans une course folle que rien ne semble pouvoir arrêter. Rien ne nous est épargné : épidémies, tensions avec la Chine, conflit en Ukraine, menace de sixième extinction, surpopulation et vieillissement accéléré de la population. Internet, espace de liberté, de création, est devenu le territoire des « fake news » et de la diffamation anonyme. Jamais le flot de mauvaises nouvelles n’a atteint un tel niveau depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour autant, les ménages continuent de vivre, de partir en vacances et d’épargner. Évidemment, ils mettent de l’argent de côté par précaution, par crainte de l’avenir mais aussi pour le préparer, acheter une maison, financer les études des enfants, monter une entreprise, acquérir une voiture, préparer leur retraite, aider des proches. Depuis le début de l’année, de nombreux Français ont souscrit à un Plan d’Épargne en Actions ou un Plan d’Épargne Retraite, ce qui correspond à un engagement de long terme. La proportion d’unités de compte dans la collecte de l’assurance vie est restée autour de 40 % malgré la baisse du cours des actions. Les épargnants sont devenus plus matures, mieux informés et conseillés que dans le passé. Lors des krachs de 1987, de 2000 ou de 2007, ils avaient cédé à la panique en vendant à perte leurs titres. Depuis, ils ont compris que les années de baisse offraient de belles opportunités. La bourse a, en règle générale, six mois d’avance sur la conjoncture. À en croire son évolution en cette fin d’année, les investisseurs ne parient pas sur une forte récession en 2023. Les banques centrales qui sont devenues au fil des années les clés de voûte de l’économie mondiale, pilotent un ralentissement de cette dernière pour endiguer la résurgence de l’inflation générée tant par les politiques monétaires accommodantes que par les crises du covid et la guerre en Ukraine. Elles utilisent à cette fin l’arme des taux directeurs tout en tentant d’éviter la réédition d’une crise financière. Force est de constater que malgré la succession des tempêtes, le système financier fait preuve d’une résilience à toute épreuve. Nous sommes loin des errements de l’entre-deux-guerres mondiales. Les règles prudentielles instituées par les pouvoirs publics, ces dernières années, contribuent, en Europe, à la solidité de ce secteur, aucun établissement financier n’ayant connu de faillite ou de problème majeur grâce notamment à la prise en compte des enseignements des crises passées. La remontée des taux est en soi une bonne nouvelle tant leur niveau historiquement bas était anormal. Le taux d’intérêt est le prix de l’argent. Quand ce dernier est bon marché, il alimente la spéculation et aboutit à une mauvaise allocation des ressources. Le relèvement des taux d’intérêt met fin à une période de perfusion, de dopage qui s’est accompagnée d’une hausse déraisonnable de la valeur de certains actifs, l’immobilier et les actions, sachant que dans l’un ou l’autre cas, l’épargne ne profitait pas réellement aux entreprises.

Jean-Pierre Thomas


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