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Depuis quelques semaines, de plus en plus d’experts s’inquiètent du maintien, en Europe des taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas. Les économistes du FMI ont, sur ce sujet, mis en garde les responsables de la Banque Centrale Européenne sur les conséquences de tels taux sur le secteur financier mais aussi sur l’ensemble de l’économie.
Pour surmonter la Grande Récession de 2008-2009 et endiguer la menace déflationniste, les banques centrales ont mis de côté leurs principes en appliquant des politiques monétaires dites non-conventionnelles. Sauf qu’avec le temps qui passe, ce qui était anormal, l’association « bas taux » et « rachats d’actifs » devient la norme. Contre son gré, l’Europe se japonise à grande vitesse. Le bout du tunnel est difficile à apercevoir compte tenu de la lente remontée de l’inflation et du difficile assainissement des comptes publics au sein de plusieurs États membres de l’Union européenne.
Ne courrons-nous pas un risque de contraction des crédits privés du fait de la détérioration des résultats des banques ? Ne prenons-nous pas le risque de mettre le secteur de l’assurance en difficulté et donc l’ensemble de l’économie en maintenant des taux d’intérêt aussi bas ? Ne créons-nous pas une nouvelle bulle immobilière qui par effet d’éviction pénalise l’économie réelle ?
Quand nous analysons la situation du Japon qui se débat avec la déflation depuis 20 ans, quand nous constatons que la FED a toutes les peines du monde à remonter ses taux malgré une croissance moyenne annuelle de 2 % depuis 6 ans, malgré un taux de chômage de 4,9 %, alors la BCE devra, en 2017, faire preuve de finesse et de ténacité pour sortir de la nasse des taux négatifs. À ce titre, le FMI lui conseille de les relever tout en augmentant son volume d’achats d’actifs.
Les effets réels de la baisse des taux ne sont pas nuls mais ne sont pas non plus à la hauteur des espoirs qu’ils portaient du fait d’une économie européenne moins financiarisée que celle des États-Unis. Les marchés actions n’ont pas connu la même appréciation qu’outre-Atlantique. Le poids du secteur financier au sein des indices « actions » en Europe et le retard pris en matière de digitalisation expliquent en partie la faible progression de la capitalisation boursière. Les ménages de la zone euro en privilégiant la sécurité et la liquidité ne profitent de toute façon guère de l’appréciation des marchés « actions ».
En matière de crédits, la hausse de l’encours a été longue à se dessiner. Du fait de l’absence de visibilité, les entreprises ont différé leurs projets d’investissement. Les ménages, de leur côté, en particulier en France, sont plutôt en mode désinvestissement. Certes, ils ne sont pas insensibles à la baisse des taux ; mais, simplement, ils en profitent pour renégocier leurs prêts. En France, 44 % des nouveaux crédits à l’habitat, au mois de juillet dernier, ont été souscrits dans le cadre d’une renégociation de prêts antérieurs.
Nous devons admettre que nous sommes en pleine expérimentation. La solution ne peut venir que de la croissance et de l’augmentation des gains de productivité. Big data, objets connectés, biotechnologie, nanotechnologie pourquoi pas, mais cela ne suffira pas. L’Europe, première place commerciale mondiale, doit accroître ses échanges à l’Est notamment avec la Russie, et avec l’Afrique dont certains États connaissent un réel décollage économique.
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