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Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale du mois de juin 2024, l’indice phare de la place parisienne connaît une croissance bien plus faible qu’auparavant et que celle des autres indices européens et américains. Sur ces six derniers mois (avril – septembre 2025), le CAC 40 a perdu 4 % quand son homologue allemand a gagné 1,5 % et le S&P 500 américain 15 %.
Cette stagnation de la valeur des grandes entreprises est à mettre en parallèle avec l’ampleur du déficit public, -5,6 % du PIB en 2024 -5,4 % attendu en 2025 et de la dette publique qui s’élève à 115 % du PIB au deuxième trimestre 2025. Avec des taux longs avoisinant 3,5 % pour une croissance nominale de 2,5 % (1 % de croissance réelle et une inflation de 1,5 %), le différentiel de 1 point impose, pour stabiliser la dette publique, un excédent primaire (avant paiement des intérêts de la dette) de +1,1 % du PIB. Or, la France accuse un déficit primaire supérieur à – 3 %.
Les gouvernements ne pouvant pas compter sur une majorité stable sont à la peine pour définir une trajectoire de réduction des déficits publics. Avec en perspective l’élection présidentielle de 2027, la mise en œuvre de réformes structurelles apparaît, par ailleurs, difficile. Dans ce contexte, les investisseurs réclament des primes de risque plus élevées. Ils réduisent leur exposition aux actifs financiers et, en premier lieu, aux actions.
Depuis un an, le spread (écart de taux) des Obligations Assimilables du Trésor (OAT) à 10 ans sur les Bunds allemands s’est élargi. Fin septembre, cet écart atteint près de 90 points de base à 10 ans et 120 points à 30 ans, alors qu’il n’était que de 20 à 30 points dans les années 2010. Cette prime de risque constitue une taxe silencieuse sur l’économie française. Chaque hausse de 100 points de base sur les taux souverains représente, à horizon cinq ans, une charge d’intérêts supplémentaire équivalant à 0,5 point de PIB. L’augmentation des taux des obligations souveraines se répercute en partie sur les taux des crédits. Elle compense, en partie, la baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne. Cette situation pèse sur l’investissement des ménages et des entreprises. L’investissement productif, qui pesait 12,5 % du PIB en 2022, n’en représente plus que 11 % en 2025.
Face à l’accumulation de mauvaises nouvelles sur le front économique, financier et politique, les ménages augmentent leur effort d’épargne. Du dernier trimestre 2019 au deuxième trimestre 2025, le taux d’épargne est passé de 15 à 18,9 % du revenu disponible brut des ménages. Les rares gains de pouvoir d’achat sont affectés à l’épargne et non à la consommation ou à l’investissement.
Le prix de la défiance est élevé. Les recettes fiscales, en particulier de TVA, sont moins importantes que prévu, ce qui accroît le déficit et, par voie de conséquence, les dettes. Cette surcote de défiance, combinée au recul de la croissance est estimée à – 0,4 point de PIB, augmentant ainsi le déficit de 0,55 point de PIB.
La France est en voie de connaître un engrenage similaire à celui de l’Italie des années 1980 quand les marchés, devenus méfiants, exigeaient une prime toujours plus forte, accélérant la divergence dette/PIB. La stagnation des marchés financiers français n’est pas un épiphénomène boursier. Elle est la conséquence d’une méfiance des investisseurs sur la trajectoire économique et politique du pays.
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