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Après la décollecte d’octobre dernier de 940 millions d’euros, le Livret A renoue, selon la Caisse des Dépôts et Consignations, en novembre, sur fond de deuxième confinement, avec une collecte positive qui s’élève à 2,4 milliards d’euros. L’année dernière, la collecte avait été de 610 millions.
Avec le LDDS, la collecte nette atteint 3,31 milliards d’euros. Ce résultat reproduit ceux constatés durant le premier confinement. Le Livret A bat ainsi son record d’encours datant de septembre dernier à 325,8 milliards d’euros quand celui du LDDS franchit la barre des 120 milliards d’euros (120,2).
Un novembre évidemment atypique
Avec la proximité des fêtes, les paiements des impôts locaux et l’absence de primes, novembre est traditionnellement un mauvais mois pour le Livret A. Sur ces dix dernières années, la collecte avait été négative à six reprises et nulle en 2019. Celle de 2020 égale la collecte de 2012 avec 2,4 milliards d’euros. Il y a huit ans, le relèvement du plafond du Livret A intervenu le 1er octobre expliquait le niveau élevé des versements.
Pour 2020, le deuxième confinement, avec une renonciation forcée à la consommation, explique la forte collecte nette. Avec la fermeture des commerces dits non essentiels et de la limitation des déplacements, la consommation a baissé dégageant ainsi des marges en faveur de l’épargne. Cette collecte a été néanmoins moins élevée qu’en avril lors du premier confinement (2,4 milliards d’euros contre 5,47 milliards d’euros). La baisse de la consommation a été moins importante en novembre qu’en avril, -15 % au lieu de -30 %, réduisant d’autant les liquidités disponibles.
Une collecte abracadabrantesque, une préférence absolue pour la liquidité et la sécurité
Depuis le début de l’année, les ménages ont placé plus 27,23 milliards d’euros sur leur Livret A (plus de 35,04 milliards d’euros avec le LDDS). Cette collecte abracadabrantesque marque la préférence absolue dans la liquidité et la sécurité. Elle constitue un record absolu sur onze mois d’une même année. Cette collecte est aussi le signe d’une forte anxiété. En mettant sciemment leur argent sur leurs livrets d’épargne, les ménages flèchent et sécurisent une partie de leurs revenus à la différence de ceux laissés sur les comptes courants. Il y a une volonté manifeste à se constituer une réserve pour faire face à la survenue de problèmes d’emploi ou de revenus. Il n’en demeure pas moins que ce sont les comptes courants qui sont, depuis le début de l’année, les grands gagnants de l’épargne « covid » avec un encours qui a progressé de plus de 50 milliards d’euros.
Dans le contexte anormal de 2020, les ménages ne veulent pas s’engager sur le long terme et privilégient donc des produits liquides. Cette priorité pénalise le premier produit d’épargne français, l’assurance vie. Néanmoins, si pour les flux d’épargne, la préférence est donnée au court terme, il n’y a pas de défiance sur le stock, sur les encours d’épargne à long terme. Les sorties, les rachats sur les contrats d’assurance sont dans la moyenne de ces dernières années. Au niveau des actions, à la différence de 2000 (bulle Internet) et de 2009 (crise de subprimes), les épargnants français font preuve de stoïcisme et se sont gardés de toute sortie précipitée. Les faits leur ont donné pour le moment raison, les indices « actions » ayant compensé tout ou partie les pertes subies en mars.
Décembre, un tout autre mois
Le dégonflement de la cassette « covid » aura-t-elle lieu en décembre avec les fêtes de fin d’année ? Les premiers indicateurs soulignent une bonne tenue de la consommation. Il pourrait en résulter, en décembre, pour le Livret A, une légère décollecte mais qui devrait rester modérée, les ménages demeurant prudents. Le niveau élevé des incertitudes ne les incite pas à desserrer fortement et durablement les cordons de la bourse. Selon l’enquête du Cercle de l’Epargne/Amphitéa/AG2R LA MONDIALE réalisée par l’IFOP-CECOP, 68 % Français pensent conserver ou renforcer leur épargne dans les prochains mois. Ce taux atteint 84 % chez les jeunes actifs (25 / /34 ans) ce qui traduit leur forte inquiétude vis-à-vis de la situation sanitaire et économique. À la question de ce qu’il faut faire de l’épargne emmagasinée depuis le mois de mars, près des deux tiers des Français (65 %) affirment qu’il faut la conserver en vue de faire face à des difficultés à venir quand seulement 35 % préconisent la consommation.
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