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Les investisseurs oscillent entre espoirs et désillusions… D’un côté, ils ont accueilli favorablement la désescalade des droits de douane entre la Chine et les États-Unis, ainsi que l’amorce d’un dialogue entre Russes et Ukrainiens en Turquie. De l’autre, ils restent circonspects quant aux résultats des négociations, tant commerciales que militaires, actuellement en cours.
Sur le front de la guerre commerciale, la proposition américaine d’un relèvement à 30 % des droits sur les importations chinoises a été perçue comme un levier de négociation. L’accord trouvé entre Washington et Pékin a temporairement réduit les craintes d’une récession mondiale et a contribué à la forte progression des indices actions américains. Néanmoins, les investisseurs prennent conscience que Donald Trump, avec ses mesures protectionnistes, a profondément modifié les règles du commerce international. La taxe moyenne sur les importations aux États-Unis atteint son plus haut niveau depuis 1934, en dépit d’une trêve de 90 jours. Par ailleurs, beaucoup redoutent que les accords commerciaux nécessaires ne puissent être finalisés avant la date butoir du 9 juillet. Les États-Unis doivent en effet renégocier avec plus de 150 pays. Pour accélérer ce processus, Donald Trump n’hésite pas à souffler le chaud et le froid, en laissant entendre qu’il pourrait de nouveau relever les tarifs douaniers.
Le début des discussions entre Russes et Ukrainiens, sous l’œil attentif des Américains, en Turquie, constitue une première étape. Il souligne toutefois l’ampleur du chemin restant à parcourir avant un éventuel accord.
Dans ce contexte, les marchés actions ont progressé. Le CAC 40 a gagné plus de 1,5 % sur la semaine, tandis que la hausse a été plus marquée encore aux États-Unis. Le S&P 500 a progressé de plus de 5 % et le Nasdaq de près de 7 %. Le bitcoin, bénéficiant de la hausse des valeurs technologiques, dépasse désormais les 104 000 dollars.
La confiance des ménages américains au plus bas depuis juin 2022
Après trois années de montagnes russes tarifaires, le moral des consommateurs américains est en forte baisse. L’indice préliminaire de confiance, établi par l’université du Michigan, est tombé en mai à 50,8 points – son deuxième niveau le plus bas jamais enregistré, après celui de juin 2022 – contre 52,2 en avril. Le consensus anticipait pourtant une légère amélioration. Près de trois quarts des personnes interrogées mentionnent spontanément la question des droits de douane, y compris dans les rangs républicains. L’enquête a été menée essentiellement avant l’accord conclu avec la Chine. Les consommateurs anticipent une inflation moyenne de 4,6 % au cours des cinq à dix prochaines années, un niveau record depuis 1991.
Le Royaume-Uni, champion de la croissance au sein du G7
Depuis le Brexit, jamais le Royaume-Uni n’avait retrouvé la première place des économies du G7 en matière de croissance. Au premier trimestre 2025, il met un terme à cette disette avec une croissance de 0,7 % sur trois mois, contre 0,1 % au trimestre précédent, selon l’Office national des statistiques (ONS).
Cette performance s’explique « en grande partie par les services, bien que la production de biens ait également rebondi de manière significative après une période de ralentissement ». Les investissements des entreprises repartent à la hausse, et le commerce extérieur contribue positivement à la croissance.
Le deuxième trimestre devrait être moins dynamique, en raison des tensions commerciales mondiales, malgré l’accord signé avec les États-Unis. Sur l’ensemble de l’année 2025, le Royaume-Uni pourrait afficher une croissance autour de 1 %.
Le tableau de la semaine des marchés financiers
Résultats 16 mai 2025 | Évolution sur une semaine | Résultats 29 déc. 2023 | Résultats 31 déc. 2024 | |
CAC 40 | 7 886,69 | +1,67 % % | 7 543,18 | 7 380,74 |
Dow Jones | 42 654,74 | +3,33 % | 37 689,54 | 42 544,22 |
S&P 500 | 5 958,38 | +5,14 % | 4 769,83 | 5 881,63 |
Nasdaq Composite | 19 211,10 | +6,96 % | 15 011,35 | 19 310,79 |
Dax Xetra (Allemagne) | 23 749,21 | +0,89 % | 16 751,64 | 19 909,14 |
Footsie 100 (Royaume-Uni) | 8 684,56 | +1,48 % | 7 733,24 | 7 451,74 |
Eurostoxx 50 | 5 309,74 | +0,47 % | 4 518,28 | 4 895,98 |
Nikkei 225 (Japon) | 37 777,65 | +2,48 % | 33 464,17 | 39 894,54 |
Shanghai Composite | 3 364,92 | +1,50 % | 2 974,93 | 3 351,76 |
Taux OAT France à 10 ans | +3,262 % | -0,003 pt | +2,558 % | +3,194 % |
Taux Bund allemand à 10 ans | +2,580 % | +0,030 pt | +2,023 % | +2,362 % |
Taux Trésor US à 10 ans | +4,429 % | +0,071 pt | +3,866 % | +4,528 % |
Cours de l’euro/dollar | 1,1133 | -2,07 % | 1,1060 | 1,0380 |
Cours de l’once d’or en dollars | 3 184,22 | -7,31 % | 2 066,67 | 2 613,95 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars | 65,39 | +2,17 % | 77,13 | 74,30 |
Cours du Bitcoin en dollars | 104 026,84 | +1,00 % | 38 252,54 | 93 776,61 |
Investissements internationaux : la France malgré tout attractive
En 2024, malgré la crise politique survenue au mois de juin, la France est restée, selon le baromètre du cabinet EY, le pays européen le plus attractif en matière d’investissements internationaux.
L’an passé, le nombre de projets internationaux sur le sol européen a reculé, en raison notamment de la concurrence accrue des États-Unis. Ces derniers attirent les entreprises étrangères grâce au programme d’incitations fiscales connu sous le nom d’Inflation Reduction Act (IRA) mis en place par Joe Biden. Si la France a enregistré une baisse notable des investissements étrangers, elle est néanmoins parvenue à conserver la première place en Europe. En 2024, les décisions d’investissements internationaux sur son sol ont diminué de 14 %, avec 1 025 projets recensés. L’Allemagne a connu un recul de 17 % (607 projets), et le Royaume-Uni de 13 % (853 projets).
Les projets allemands en France ont chuté de 34 %. Les États-Unis, premier investisseur dans l’Hexagone, ont réduit leurs investissements de 12 %, tout comme la Chine (-11 %). L’image de la France, malgré les tensions politiques et les déséquilibres budgétaires, demeure globalement positive. À trois ans, 70 % des investisseurs interrogés considèrent que l’attractivité du pays s’améliorera ; un chiffre en baisse de 5 points sur un an.
La France conserve plusieurs atouts majeurs : sa position géographique centrale, son énergie décarbonée, et la qualité de ses infrastructures. Elle bénéficie également d’une bonne image dans des secteurs d’avenir comme la défense, le quantique et l’intelligence artificielle. Lors du sommet sur l’IA, un programme d’investissement de 109 milliards d’euros a été annoncé en février.
Concernant l’implantation d’usines, un quart des investissements internationaux en Europe en 2024 ont été réalisés en France (415 projets, dont 74 dans l’énergie). Toutefois, les investissements industriels portés par des capitaux étrangers ont reculé de 22 % par rapport à 2023, en raison notamment des difficultés rencontrées dans des secteurs comme la chimie et l’automobile.
Dans les faits, les projets menés par des investisseurs étrangers sont majoritairement des extensions ou des réaménagements d’installations existantes. Seuls 15 % des projets relèvent de créations ex nihilo. De plus, ces investissements génèrent peu d’emplois : 29 000 créations annoncées pour 2024, soit une baisse de 27 % par rapport à 2023. En moyenne, chaque projet d’investissement en France crée 30 emplois, contre 48 au Royaume-Uni et en Allemagne, et 125 en Espagne. Ce faible contenu en emplois s’explique notamment par le coût du travail et la complexité des règles sociales.
D’après Rexecode, en 2024, le coût horaire du travail en France dans l’industrie et les services s’élevait à 44,11 euros, contre 43,97 euros en Allemagne, 25,79 euros en Espagne et 16,70 euros en Pologne. Ces deux derniers pays ont enregistré une progression significative des projets d’investissements internationaux (+15 % pour l’Espagne, +13 % pour la Pologne).
La France reste en tête en Europe pour l’accueil de centres de R&D, même si le nombre de projets y a baissé de 15 %. En revanche, pour l’implantation des sièges sociaux, elle reste nettement devancée par le Royaume-Uni. Malgré le Brexit et les efforts des autorités françaises, la place financière de Paris ne parvient pas à concurrencer celle de Londres.
Si la France conserve sa première place en Europe en matière d’attractivité pour les investissements étrangers, ce leadership est désormais plus fragile. La baisse du nombre de projets, leur moindre intensité en emploi et la faible part des créations ex nihilo traduisent un essoufflement structurel. Plusieurs freins pèsent encore sur l’attractivité française : l’accès au foncier, le coût de l’énergie, le niveau de qualification moyen des actifs, et la faible robotisation des sites industriels. L’atonie de la croissance économique et de la consommation intérieure constitue également un sujet d’inquiétude. À l’heure où la compétition mondiale s’intensifie, notamment sous l’effet des stratégies offensives des États-Unis et des pays d’Europe centrale, la France doit impérativement lever les freins persistants : complexité administrative, coût du travail, faible productivité industrielle. Le pari d’une montée en gamme dans les secteurs d’avenir, comme l’intelligence artificielle, la défense ou l’aéronautique, ne pourra être gagné sans un effort en matière de formation, d’innovation et d’efficacité de l’action publique.
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