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Les marchés « actions » n’en finissent pas de battre des records. A Tokyo, le Nikkei a dépassé un record vieux de près de 35 ans après avoir progressé de plus de 17 % depuis le début du mois de janvier et de plus de 1,5 % sur la semaine. A Wall Street, le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq 100 ont tous atteint de nouveaux sommets lors de ces derniers jours. En Europe, l’indice Stoxx 600 a effacé son pic de janvier 2022, tandis qu’à Paris, le CAC 40 a ajouté, à son actif, un septième record de clôture d’affilée à 7 966 points. Le CAC 40 a ainsi augmenté de plus de 5 % depuis le début de l’année. L’indice MSCI All Country Wide, qui regroupe 85 % des marchés mondiaux, a également effacé son record de novembre 2021. Les marchés sont toujours portés par l’intelligence artificielle (IA) avec en point d’orgue, cette semaine, les résultats exceptionnels du concepteur de puces Nvidia, le champion incontesté de l’IA en Bourse. L’envolée spectaculaire du géant américain cette année (+60 %), dont la capitalisation a dépassé en séance les 2 000 milliards de dollars vendredi 23 février, a entraîné dans son sillage la hausse des autres grandes valeurs technologiques. Au-delà de l’intelligence artificielle, le cours des entreprises est tiré vers le haut par la publication de leurs résultats. Les profits sont en augmentation et supérieurs aux attentes. En dehors du secteur de l’énergie, pénalisé par la baisse des prix des hydrocarbures, ils s’inscrivent, selon la banque Barclays, en hausse, en moyenne, de 5 % pour le Stoxx 600, et de 10 % pour le S&P 500. Les profits des entreprises du CAC 40 ont atteint près de 140 milliards d’euros en hausse de 10 % pour un chiffre d’affaires en progression de 3,5 %.
Pour le moment, les investisseurs prennent peu en compte le ralentissement de la croissance. Le climat des affaires du mois de février s’est légèrement dégradé en France et reste à un niveau faible en Allemagne même si une légère hausse a été constatée. L’indice allemand Ifo est, passé à 85,5 en février, en ligne avec les attentes, après 85,2 en janvier. « Cette amélioration s’explique par des attentes un peu moins pessimistes », souligne l’institut de recherche économique de l’université de Munich. Ce dernier considère néanmoins que « l’économie allemande se stabilise à un bas niveau ». L’indice du climat des affaires allemand a continué de reculer dans le secteur manufacturier, atteignant un plus bas depuis septembre 2020. La baisse des carnets de commandes s’est poursuivie. Les entreprises ont annoncé de nouvelles réductions de production. Le climat des affaires s’est, en revanche, amélioré dans le secteur des services. Les prévisions pour les prochains mois demeurent pessimistes mais un peu moins qu’en janvier.
Résultats 23 fév. 2024 | Évolution sur une semaine | Résultats 29 déc. 2023 | Résultats 30 déc. 2022 | |
CAC 40 | 7 966,68 | +2,56 % | 7 543,18 | 6 471,31 |
Dow Jones | 39 131,53 | +1,25 % | 37 689,54 | 33 147,25 |
S&P 500 | 5 088,80 | +1,68 % | 4 769,83 | 3839,50 |
Nasdaq Composite | 15 996,82 | +1,35 % | 15 011,35 | 10 466,48 |
Dax Xetra (Allemagne) | 17 419,33 | 1,79 % | 16 751,64 | 13 923,59 |
Footsie 100 (Royaume-Uni) | 7 706,28 | +0,01% | 7 733,24 | 7 451,74 |
Eurostoxx 50 | 4 872,57 | +2,40 % | 4 518,28 | 3792,28 |
Nikkei 225 (Japon) | 39 098,68 | +1,59 % | 33 464,17 | 26 094,50 |
Shanghai Composite | 3 004,88 | +3,24 % | 2 974,93 | 3 089,26 |
OAT France à 10 ans | +2,825 % | -0,052 pt | +2,558 % | +3,106 % |
Taux Bund allemand à 10 ans | +2,360 % | +0,066 pt | +2,023% | +2,564 % |
Taux Trésor US à 10 ans | +4,2551 % | -0,046 pt | +3,866 % | +3,884 % |
Cours de l’euro/dollar | 1,0828 | +0,42 % | 1,1060 | 1,0697 |
Cours de l’once d’or en dollars | 2 038,19 | +1,23 % | 2 066,67 | 1 815,38 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars | 81,91 | -1,68 % | 77,13 | 84,08 |
Cercle de l’Épargne
Vendredi 23 février, à l’occasion du conseil informel de l’Ecofin qui rassemblait les vingt-sept ministres des Finances de l’Union européenne à Gand, en Belgique, Bruno Le Maire, a souligné la nécessité de relancer le projet d’Union des marchés de capitaux avec comme objectif, la mobilisation de l’épargne des Européens. « L’argent des Européens dort au lieu de travailler pour la croissance, pour l’innovation, pour les entreprises, pour l’emploi » a indiqué à cette occasion le ministre français, qui évalue le montant d’épargne sur le continent à 35 000 milliards d’euros, dont « plus de 10 000 milliards dorment sur des comptes bancaires ». Si l’Europe s’est dotée d’une monnaie unique, elle n’a pas réellement de marché des capitaux unifié ce qui constitue un réel inconvénient pour le financement des entreprises. Les États-Unis, de leur côté peuvent compter sur un grand marché couvrant tout leur territoire. Afin de favoriser l’émergence d’un marché unique des capitaux, Bruno Le Maire a proposé la création d’un produit d’épargne européen. Les détails de ce produit n’ont pas été précisés. Ce vœu intervient deux ans après le lancement du produit d’épargne paneuropéen (PEPP), dont l’initiative revenait à la Commission européenne, et dont les caractéristiques ressemblent globalement au PER (plan d’épargne retraite) français. Ce PEPP n’a pas, pour le moment rencontré, le succès escompté, aucun établissement financier le distribuant. Les spécificités législatives et réglementaires des États membres notamment sur le plan fiscal constituent un frein à la création d’un produit réellement européen.
La France est confrontée à une pénurie de logements sur fond de baisse de la construction. Le Gouvernement a annoncé de prochaines mesures afin de relancer le secteur du bâtiment, handicapé par la hausse des taux d’intérêt et par la raréfaction du foncier ainsi que par le coût croissant de la construction en raison notamment des dernières normes environnementales.
En déclarant en 2021 que « le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable et nous mène à une impasse », la ministre déléguée au logement Emmanuelle Wargon avait pris le risque de heurter une grande majorité des résidents français. Selon un sondage de l’institut Kantar réalisé en juin 2022 pour La Fabrique de la cité (think tank créé par le groupe Vinci), 8 Français sur 10 préféreraient vivre dans une maison individuelle. Plus de la moitié des ménages habitent, par ailleurs, dans une maison individuelle.
Depuis plusieurs années, la maison individuelle fait l’objet de critiques, accusée d’être une source d’étalement urbain et d’artificialisation des sols. Elle obligerait ses occupants à recourir à des modes de transports individuels susceptibles de générer des émissions de gaz à effet de serre importantes. Ces arguments peuvent être retournés. Les espaces urbanisés, donc artificialisés, génèrent d’importantes pollutions et accentuent les effets du réchauffement climatique. Les lotissements de maisons individuelles peuvent être plus facilement arborés que les centres villes. Les embouteillages dans les grandes agglomérations sont des sources d’émission de gaz à effet de serre non négligeables. Par ailleurs, la construction de maisons en milieu rural ou en périphérie des grands centres urbains contribuerait au réaménagement du territoire.
Le Premier Ministre, Gabriel Attal, entend sans revenir sur le principe de la zéro artificialisation nette d’ici 2050, faciliter la division parcellaire permettant ainsi à un propriétaire de scinder son terrain en plusieurs lots qui pourront donner lieu à des constructions. « Si seulement 1 % des Français qui vivent en pavillon font cela, c’est un potentiel de 160 000 logements supplémentaires qui sont possibles », a-t-il calculé. Dans certaines conditions et dans certaines communes, les propriétaires de terrains peuvent déjà procéder à la parcellisation de ce dernier. Pour faciliter la parcellisation, le gouvernement a promis une simplification des procédures en permettant aux maires d’autoriser les constructions sur les terrains parcellisés, sans changer les plans locaux d’urbanisme. Ce projet risque de buter sur la frilosité des élus qui ne souhaitent pas densifier les zones pavillonnaires et sur l’opposition des riverains. Les professionnels du bâtiment préféraient le retour du prêt à taux zéro pour les maisons individuelles neuves. Parmi les autres propositions susceptibles d’être reprises par le gouvernement figure la « surélévation » qui avait été appliquée à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy avant d’être supprimée par son successeur. L’actuel gouvernement a, par ailleurs, retenu vingt-deux « territoires engagés pour le logement » censés accueillir, d’ici à trois ans, quelque 1 500 logements neufs chacun (dont au moins 25 % de logements sociaux), soit au total 30 000 logements. Parmi ces territoires figurent notamment Villejuif (Val-de-Marne), Versailles, Dunkerque (Nord), Dieppe (Seine-Maritime), Toulouse, Bordeaux, Marseille, Nice, Saint-Etienne, Strasbourg, Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Nantes ou la communauté d’agglomération du Pays basque. Ces zones ont été sélectionnées en raison d’une forte tension immobilière ou de l’arrivée de projets économiques d’envergure.
Mi-février, le bitcoin s’échangeait au-dessus des 50 000 dollars quand il n’en valait que 20 000 un an auparavant. Depuis le 1er janvier 2024, ce cryptoactif s’est apprécié de plus de 22 % (période 1er janvier – 21 février 2024). Pour la première fois, depuis avril 2022, la valeur de l’ensemble des actifs numériques en circulation a dépassé les 2 000 milliards de dollars. Le bitcoin représente à lui seul un encours de 1 000 milliards de dollars.
La hausse du bitcoin s’explique par la forte augmentation des valeurs technologiques en lien avec l’essor de l’intelligence artificielle. Les actionnaires des entreprises du digital investissent une partie de leurs gains dans les cryptoactifs. En règle générale, le cours du bitcoin suit l’indice Nasdaq. Par ailleurs, le lancement de fonds indiciels (ETF) aux États-Unis dédiés au bitcoin a conduit à l’augmentation du cours de ce dernier. BlackRock et Fidelity ont capté 3,9 milliards de dollars depuis le lancement de leurs produits ouverts au grand public. Cette collecte est la plus importante enregistrée par des fonds indiciels ces trente dernières années. L’augmentation de la valeur du bitcoin en 2024 ressemble à celle qui avait eu lieu au moment de l’effervescence autour des NFT en 2021. Le développement des fonds indiciels en bitcoins fait espérer une institutionnalisation ces cryptoactifs. Dans le passé, les envolées de leur cours avaient été suivies de violentes corrections. En dehors du bitcoin, d’autres cryptoactifs profitent du mouvement haussier actuel. L’ether constitue toujours le deuxième cryptoactif le plus valorisé. Il s’échange autour de 2.830 dollars, en hausse de 80 % sur an. Le jeton du réseau Ethereum est néanmoins encore loin de ses records de 2021 au-dessus de de 3 400 dollars.
Depuis plusieurs années, les banques centrales travaillent sur les monnaies digitales. Ainsi, en janvier dernier, la Banque Centrale Européenne a lancé un appel d’offres pour sélectionner des prestataires de marché capables de développer la plateforme et l’infrastructure technique amenée à supporter l’euro numérique. Les appels d’offre portent sur plus d’un milliard d’euros de budget, preuve de la volonté de la BCE de mettre en œuvre son projet. Depuis le début de l’aventure, les banques commerciales se montrent réservées par crainte de perdre une grande partie de leurs activités. La blockchain permet de se passer d’intermédiaires de confiance, rôle que jouent par nature les banques. Elles craignaient notamment une fuite des dépôts. La BCE a, ces derniers mois, rassuré les banques commerciales en soulignant que la monnaie digitale n’avait pas vocation à remplacer la monnaie actuelle. Elle a précisé que les entreprises et les organismes publics pourraient recevoir et traiter des paiements en euros numériques, mais ne pourraient pas en stocker. Ils seraient donc automatiquement transférés en euros classiques. Les particuliers pourraient payer avec des euros numériques sans avoir à préfinancer leur portefeuille ; leur compte en euros numériques serait relié à leur compte classique. Les banques plaident pour que les dépôts en monnaie numérique soit limités (moins de 500 euros pour BNP PARIBAS par exemple).
La décision de développer, ou non, l’euro numérique sera prise par la BCE d’ici la fin de l’année 2025 pour un éventuel lancement à partir de 2028. L’objectif de la BCE est d’empêcher que les échanges interbancaires européens ne basculent sur une plateforme privée fondée sur la blockchain que pourraient proposer par exemple des banques américaines comme JP Morgan. Elle souhaite éviter qu’un cryptoactif s’impose comme monnaie d’échanges et de réserve en-dehors de tout contrôle des banques centrales. Au-delà des oppositions des banques commerciales, les monnaies numériques soulèvent des problèmes de confidentialité.
Si cette question est encore évanescente en Europe, elle est devenue un thème de campagne présidentielle aux États-Unis. Donald Trump a indiqué sa totale opposition au déploiement du dollar numérique considérant que cela donnerait des pouvoirs exorbitants au pouvoir central, ce dernier étant capable de suivre en temps réel les achats des Américains. Il a évoqué une menace tyrannique du « big government ». Les Républicains estiment que les Démocrates veulent supprimer le numéraire. Pour conjurer cette menace, le Gouverneur de Floride, ancien candidat aux primaires républicaines, Ron DeSantis, a interdit toute monnaie digitale dans son État avant même qu’elle ne soit créée.
Pour le moment, ni la Réserve fédérale (FED) ni la Maison-Blanche n’ont projeté officiellement le lancement d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). La FED a néanmoins engagé une réflexion sur le sujet et a publié un premier rapport, expliquant notamment qu’une telle monnaie numérique pourrait « favoriser des paiements plus rapides et moins chers » et « élargir l’accès des consommateurs au système financier ». À la demande de Joe Biden, le département du Trésor a également publié, à la fin de l’année 2022, un rapport sur « le futur de la monnaie et des paiements ».
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