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Le Coin des Epargnants du 6 décembre 2025 par Philippe Crevel

Epargne 6 décembre 2025

Vers une nouvelle baisse des taux de la FED

L’inflation sous-jacente aux États-Unis (indice PCE) du mois de septembre demeure contenue en dessous des 3 %. Les anticipations d’inflation sont en recul tout en demeurant élevées (4,1 %). Cette situation, plus encourageante que prévu, pourrait conduire à une nouvelle baisse des taux directeurs de la FED à l’occasion de sa prochaine réunion. Si cette baisse est confirmée, ce sera la troisième de l’année, après un assouplissement de 100 points de base en 2024, ce qui réduira la fourchette entre 3,5 et 3,75 %. En 2026, le scénario est ouvert en ce qui concerne l’évolution des taux de la FED, d’autant plus qu’elle aura un nouveau président à partir du mois de mai. Le successeur de Jerome Powell pourrait être connu avant Noël. Kevin Hassett, 63 ans, titulaire d’un doctorat en économie de l’université de Pennsylvanie et conseiller économique à la Maison-Blanche, figure parmi les favoris. Il est un des partisans les plus zélés de la politique économique de Donald Trump et est favorable à une baisse des taux. Son point fort est sa capacité à parler à la fois aux marchés et à l’électorat républicain. Son point faible est sa proximité avec Donald Trump, qui pourrait être perçue comme la fin de l’indépendance de la FED.

La semaine sur les marchés « actions » aura été marquée par l’attentisme. Les investisseurs sont sur la défensive, attendant les prochaines annonces de la FED et le nom de son futur président. La lourde charge de l’administration américaine à l’encontre des Européens et la menace persistante de la Russie envers ces derniers n’ont pas favorisé les marchés européens.

L’administration américaine de plus en plus anti-européenne

Jeudi 4 décembre, aux États-Unis, l’administration républicaine a publié une nouvelle stratégie de sécurité nationale qui condamne la politique des gouvernements en place et qui appelle de ses vœux la victoire des partis nationalistes. Elle considère que l’Europe est menacée d’un effacement économique et civilisationnel. Elle indique que la liberté d’expression n’y est plus assurée et que les gouvernements en place ne sont pas légitimes. L’Allemagne a vivement réagi à ce texte en demandant à Washington de cesser toute ingérence dans les affaires des États européens et en affirmant qu’elle n’avait pas de leçon de démocratie à recevoir de Washington.

Après la stratégie nationale de sécurité, Washington doit publier prochainement sa « revue mondiale des forces ». Ce document doit préciser quel effectif militaire les Américains veulent conserver sur le Vieux Continent. Une brigade mobile stationnée en Roumanie a déjà été supprimée, d’autres pourraient suivre. Au vu des dernières déclarations de Donald Trump, un désengagement de l’OTAN est à terme à craindre. Par ailleurs, ce dernier a indiqué que les positions de l’Europe au sujet de l’Ukraine étaient contraires aux intérêts américains. Selon le document de l’administration républicaine, « une vaste majorité » de l’opinion européenne veut la paix, mais c’est « la subversion des processus démocratiques » qui l’entrave. La tentation de signer un accord de paix entre Moscou et Washington transparaît nettement à la lecture du document, en passant outre l’hostilité européenne et ukrainienne.

Majoration de CSG : assurance vie exonérée mais pas le PER

Les députés ont adopté, vendredi 5 décembre, la partie recettes du projet de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Après avoir donné lieu à des tensions au sein du bloc central, la hausse de la CSG sur les revenus du capital a été retenue, mais elle est plus ciblée que dans sa version initiale. La majoration de 1,4 point, à 10,6 %, de la CSG, baptisée « contribution financière pour l’autonomie », ne concernera pas les revenus fonciers, les plus-values immobilières, les contrats d’assurance-vie ou encore les plans d’épargne logement. En revanche, les comptes-titres, les PEA et les PER seront affectés. Les PER, qui sont assez proches de l’assurance-vie dans leur mode de fonctionnement et qui correspondent à de l’épargne de long terme, se verront de ce fait appliquer un taux plus élevé.

Le rendement de cette majoration devrait être, selon le gouvernement, de 1,5 milliard, contre les 2,8 milliards visés initialement.

Par ailleurs, les députés ont adopté une taxation supplémentaire des complémentaires santé, qui rapporterait 1 milliard d’euros. Le taux de la contribution — censée n’être valable que pour 2026 — est fixé à 2,05 % des cotisations perçues.

Le projet de budget augmente également les taxes sur les laboratoires pharmaceutiques. La hausse du prélèvement est supposée remplacer la clause de sauvegarde, mécanisme mis en place pour permettre à la Sécurité sociale de ponctionner les industriels du médicament en cas de dérapage des dépenses de remboursement de médicaments.

Le tableau de la semaine des marchés financiers

 Résultats
5 déc. 2025
Évolution
sur une semaine
Résultats
29 déc. 2023
Résultats
31 déc. 2024
CAC 40 8 114,74+0,04 %7 543,187 380,74
Dow Jones47 954,99+0,50%37 689,5442 544,22
S&P 5006 870,40+0,31 %4 769,835 881,63
Nasdaq Composite23 578,13+0,91 %15 011,3519 310,79
Dax Xetra (Allemagne) 24 038,71+1,19 %16 751,6419 909,14
Footsie 100 (Royaume-Uni) 9 667,01-0,46 %7 733,247 451,74
Eurostoxx 505 725,63+1,36 %4 518,284 895,98
Nikkei 225 (Japon)50 491,87+3,77 %33 464,1739 894,54
Shanghai Composite 3 902,81+0,85 %2 974,933 351,76
Taux OAT France à 10 ans+3,526 %+0,113 pt+2,558 %+3,194 %
Taux Bund allemand à 10 ans+2,799 %+0,032 pt+2,023 %+2,362 %
Taux Trésor US à 10 ans+4,133 %+0,109 pt+3,866 %+4,528 %
Cours de l’euro/dollar1,1633+0,55 %1,10601,0380
Cours de l’once d’or en dollars4 211,01+1,97 %2 066,672 613,95
Cours du baril de pétrole Brent en dollars63,60+0,11 %77,1374,30
Cours du Bitcoin en dollars88 885,26-2,40 %38 252,5493 776,61

Dubaï : le nouvel Eldorado pour la finance

De tout temps, des villes ont, par leur statut et attractivité, attiré au-delà de leur pays, de leur région, des investisseurs, des artistes, des entrepreneurs, des personnes aisées. Les villes hanséatiques au XIIIe et XIVe siècle ont été à la fin du Moyen Âge au cœur de la renaissance des échanges commerciaux. Elles ont été aussi des espaces de liberté. Gênes et Bruges, à partir du XVe, ont repris le flambeau. À partir du XVIIe siècle, Genève et plus globalement la Suisse sont devenues des lieux prisés pour leur liberté et leur sécurité. Bien plus près de nous, Beyrouth, au Moyen-Orient, dans les années 1960/1970, avait acquis un statut de ville financière et de rencontre des cultures. En Asie, Singapour a, à partir des années 1980, joué également un rôle d’aimant économique et financier. Depuis quelques années, Dubaï et les Émirats arabes unis sont devenus « the place to be » pour placer et sécuriser des capitaux.

En moins de cinquante ans, Dubaï est passé d’un port marchand régional à l’un des nœuds financiers les plus dynamiques du monde. Elle est ainsi la première place du Moyen-Orient devant Bahreïn et Riyad. Le virage financier a été décidé dans les années 1990 puis consolidé avec la création du Dubaï International Financial Centre (DIFC) en 2004, zone financière extraterritoriale opérant sous un droit anglo-saxon, indépendante du système juridique local.

Dubaï bénéficie d’un régime politique stable entretenant les meilleures relations possibles avec les États-Unis, l’Europe, la Chine et aussi la Russie. Dubaï est reconnu pour un niveau de sécurité intérieure élevé et pour sa faible criminalité. Le régime fiscal est compétitif avec l’absence d’impôt sur le revenu, un impôt sur les sociétés modéré (9 %) et une exonération totale dans la zone DIFC. Dubaï, grâce à ses atouts, accueille les fortunes du Golfe, les élites indiennes, pakistanaises et africaines, les familles russes ou chinoises et de plus en plus les familles européennes. La confidentialité, la stabilité juridique du DIFC et l’absence d’impôt favorisent cette croissance. Selon Henley & Partners, un cabinet de conseil en immigration britannique, les Émirats seront la première destination des grandes fortunes en 2025, avec 9 800 arrivées anticipées, cumulant 63 milliards de dollars d’actifs. C’est plus que les États-Unis (7 500 pour 43,7 milliards), la Suisse (3 000 totalisant 16,8 milliards) et très loin devant Singapour et Hong Kong. Plus de 130 500 millionnaires se sont déjà installés aux Émirats, dont 81 000 à Dubaï. Parmi eux, 28 milliardaires, soit une hausse de 98 % en dix ans. Dubaï devrait supplanter Paris avec ses 160 100 millionnaires et 22 milliardaires. Les grandes familles privilégient Dubaï car elles peuvent facilement s’y installer. La réglementation y est plus souple qu’à Genève, Singapour ou Hong Kong. En outre, la ville offre toutes les commodités qu’attendent les personnes aisées (services haut de gamme, système de santé performant, loisirs, centres commerciaux, boutiques de luxe). L’aéroport international permet de se rendre dans toutes les capitales du monde en utilisant notamment Emirates, figurant parmi les meilleures compagnies du monde.

Dubaï ambitionne d’être la capitale mondiale de la finance islamique, en concurrence avec Kuala Lumpur. Les autorités entendent également faire de leur ville un centre d’accueil des fintechs afin de développer le marché des crypto-actifs. De nombreux acteurs de la crypto quittent Hong Kong ou Londres pour s’y implanter. Plus de 8 000 établissements financiers sont présents à Dubaï au sein du DIFC, employant 48 000 collaborateurs. Vingt-sept des 29 banques systémiques mondiales y ont établi des bureaux, dont cinq des plus grandes banques chinoises, tandis que JP Morgan, Goldman Sachs ou encore HSBC et BlackRock ont notamment choisi la ville du golfe Persique. En dix ans, la taille des actifs bancaires a augmenté de 200 %, à 240 milliards de dollars. Le DIFC est également devenu un véritable hub de réassurance pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud.

Dubaï n’est pas sans faiblesses. Son essor rapide, de nature spéculative, l’expose à des corrections, que ce soit sur le plan financier ou immobilier. Le marché financier est peu profond, avec peu d’entreprises locales cotées. Le risque de réputation demeure avec les problèmes de blanchiment et de capitaux non transparents. Le GAFI avait placé les Émirats un temps sous surveillance avec une inscription sur la liste grise 2022–2024. Depuis, cette inscription a été levée, mais la menace demeure. Le ministère de l’Intérieur des Émirats a déclaré avoir traité 521 affaires de blanchiment d’argent ces dernières années, en collaboration avec des organismes internationaux. Plus d’un milliard de dollars ont été saisis. Pour se distinguer des purs paradis offshore, Dubaï a instauré en 2023 une faible taxe sur les entreprises, en plus d’une TVA de 5 %. Aujourd’hui, être qualifié de paradis fiscal n’est pas porteur en premier lieu pour les grandes fortunes.

Dubaï n’a pas vocation à remplacer New York ou Londres, mais elle s’impose comme une place financière internationale de premier plan, au même titre que Singapour. Au niveau des places financières, Dubaï occupe déjà la 11e place, Paris étant 18e.

L’ascension de Dubaï repose sur une stratégie mêlant stabilité politique, innovation juridique et ouverture internationale ? Si la cité du Golfe demeure exposée à certains risques structurels, elle n’en continue pas moins d’attirer talents et capitaux à un rythme inédit. Elle s’affirme désormais comme un maillon incontournable de la géographie financière du XXIe siècle marqué par l’émergence des fortunes dans les pays du Sud et par la mobilité du capital.

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