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Le Coin des Epargnants du 6 décembre 2024 : « Too big to fail »

Epargne 6 décembre 2024

Too big to fail ?

Le CAC 40, après six semaines consécutives de recul, a renoué avec la hausse en gagnant 2,65 % sur cinq jours de séance. Il a même enchaîné sept séances consécutives dans le vert, une longévité inconnue depuis le mois de février. Malgré la chute du gouvernement de Michel Barnier, largement anticipée, les investisseurs ont retenu les signes positifs que représentent les perspectives de baisse des taux directeurs de la part des grandes banques centrales. Une réduction des taux de 25 points de base est attendue pour la BCE le 12 décembre et pour la FED les 15 et 18 décembre prochains. Les investisseurs ont été rassurés par la promesse d’Emmanuel Macron de rester à son poste jusqu’à la fin de son mandat et par le recours à une « loi spéciale » pour permettre la continuité des services publics en attendant la reprise des discussions sur le budget l’an prochain. Ils ont également favorablement accueilli l’ouverture des socialistes à la formation d’un « gouvernement d’intérêt général » reposant sur des concessions réciproques.

Le spread (écart de rendement) entre l’emprunt français à dix ans et le Bund allemand de même échéance a reflué autour de 76 points de base vendredi 6 décembre, un plus bas depuis deux semaines, après avoir atteint en milieu de semaine près de 90 points. La demande pour la dette française reste soutenue, car il s’agit de la dette la plus liquide en Europe et dotée d’un taux de rendement attrayant. Les investisseurs ne croient pas à la survenue d’une crise des dettes souveraines avec la France comme acteur principal. Le poids du système financier européen ferait qu’une telle crise menacerait l’ensemble de la zone euro. Les États membres et les institutions européennes feraient tout pour éviter un emballement sur les taux obligataires. Pour le moment, le concept « too big to fail » prévaut. Malgré tout, le CAC 40 progresse moins vite que les autres indices occidentaux ; le Dax allemand a ainsi gagné près de 4 % sur la semaine. Entre l’annonce de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale le 9 juin et le 5 décembre, le CAC 40 a perdu 8,4 %.

L’économie américaine, de son côté, continue à créer des emplois. Au mois de novembre, 227 000 emplois ont été créés, soit plus qu’attendu par le consensus (220 000). Le taux de chômage est néanmoins en augmentation, passant de 4,1 % à 4,2 % de la population active. La croissance du salaire horaire moyen reste de 4 % sur un an, alors que le consensus anticipait un tassement à 3,9 %. Le sentiment des ménages a atteint un pic depuis avril à 74 points, témoignant d’un regain de confiance, mais les attentes en matière d’inflation pour l’année à venir ont atteint leur niveau le plus élevé depuis cinq mois (2,9 %). Les consommateurs démocrates estiment qu’il existe un risque accru de pressions sur les prix en raison des droits de douane que Donald Trump souhaite mettre en place. Le Nasdaq et le S&P 500 ont encore battu des records cette semaine poursuivant sur leur lancée et ont fait fi des menaces inflationniste.

Cette semaine, le bitcoin a franchi la barre symbolique des 100 000 dollars, toujours porté par l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche et sa volonté de libéraliser le marché des cryptoactifs.

Le tableau de la semaine des marchés financiers

Résultats
29 nov. 2024
Évolution
sur une semaine
Résultats
29 déc. 2023
Résultats
30 déc. 2022
CAC 40 7 426,88+2,65 %7 543,186 471,31
Dow Jones44 642,52-0,63 %37 689,5433 147,25
S&P 5006 090,27+0,86 %4 769,833839,50
Nasdaq Composite19 859,77+3,14 %15 011,3510 466,48
Dax Xetra (Allemagne) 20 385,79+3,86 %16 751,6413 923,59
Footsie 100 (Royaume-Uni) 8 308,61+0,30 %7 733,247 451,74
Eurostoxx 504 977,78+3,61 %4 518,283792,28
Nikkei 225 (Japon)39 091,17+1,69 %33 464,1726 094,50
Shanghai Composite 3 404,08+4,43 %2 974,933 089,26
Taux OAT France à 10 ans+2,876 %-0,017 pt+2,558 %+3,106 %
Taux Bund allemand à 10 ans+2,106 %+0,022 pt+2,023 %+2,564 %
Taux Trésor US à 10 ans+4,159 %-0,047 pt+3,866 %+3,884 %
Cours de l’euro/dollar1,0555+0,74 %1,10601,0697
Cours de l’once d’or en dollars2 635,62+0,15 %2 066,671 815,38
Cours du baril de pétrole Brent en dollars71,33-2,18 %77,1384,08
Cours du Bitcoin en dollars100 188+2,18 %38 252,5415 406,87

Source : Cercle de l’Épargne

L’euro numérique sur les rails ?

Dans un rapport rendu public lundi 2 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a établi un point sur l’avancée de ses travaux concernant la mise en œuvre de la monnaie numérique de banque centrale de la zone euro. Ce rapport aborde les questions relatives à l’élaboration d’un règlement de l’e-monnaie, de la sélection des potentiels fournisseurs de la plateforme et de l’infrastructure technique.

L’euro numérique est un projet porté par la BCE dans le contexte de la transformation numérique de l’économie. Il s’inscrit dans une réflexion globale sur l’émergence des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et répond à des objectifs multiples, notamment en matière de souveraineté monétaire, d’efficacité des paiements et d’inclusion financière. Les autres banques centrales dont celle de Chine sont engagées sur des projets de monnaies numériques. Ces projets visent également à contrecarrer l’essor des cryptoactifs comme le bitcoin.

L’euro numérique serait une monnaie gérée par blockchain et émise directement par la BCE, conçue comme un complément, et non un substitut, aux espèces. Contrairement aux cryptomonnaies décentralisées comme le Bitcoin, l’actif entièrement adossé à la BCE, garantissant sa stabilité et son acceptation universelle.  L’euro numérique serait aussi sûr que les billets en euros, car il bénéficierait de la garantie de la banque centrale. Il serait accessible aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. Il pourrait être utilisé dans toute la zone euro. L’euro numérique pourrait offrir des paiements instantanés, à faible coût et accessibles en permanence, même dans les zones mal desservies par les infrastructures bancaires classiques.

Depuis 2021, la BCE mène une phase exploratoire pour évaluer la faisabilité technique et les implications pratiques de l’euro numérique. En octobre 2023, la BCE avait décidé de lancer la phase de préparation du projet qui doit durer jusqu’en octobre 2025. Au terme de ce processus, elle décidera ou non de lancer l’euro numérique qui ne devrait devenir accessible réellement qu’à compter de 2028.

La Banque centrale a, ces derniers mois, réalisé des appels d’offres pour les marchés techniques (informatique essentiellement). Ses offres sont à présent à l’étude au siège de la BCE à Francfort. La mise en place du recueil de règles est en cours pour étudier comment pourrait en pratique fonctionner un euro numérique avec les consommateurs, les commerçants et les banques. La question de la détention de l’e-euro fait l’objet d’une attention toute particulière. Les établissements de crédit sont inquiets de l’éventuelle remise en cause des dépôts des agents économiques qui leur permettent d’accord des crédits. Les banques commerciales souhaitent que la BCE fixe un plafond assez bas de détention de monnaie numérique pour le particuliers. Elles plaident pour un montant correspondant à celui des dépenses payées en numéraire par les ménages actuellement. A contrario, les représentants du secteur de la consommation ont souligné que, si la limite de détention était trop basse, elle pourrait décourager les consommateurs de s’en servir. Ces derniers estiment que la monnaie digitale incitera les banques à mieux rémunérer les dépôts.

La BCE travaille sur les moyens d’intégration de l’euro numérique au sein de l’univers des moyens de paiement européen déjà riche avec la carte bancaire, les portefeuilles électroniques comme ApplePay ou Wero qui a succédé à Paylib. Ce mode de paiement a été récemment lancé en  France, en Belgique et en Allemagne. Il serait imaginable d’intégrer à Wero, l’euro numérique. Le rapport de la BCE souligne également que les frais que devraient payer les commerçants pour accepter l’euro numérique seraient « justes », compte tenu du fait qu’ils ne pourraient pas le refuser. Le redu de monnaie pourrait être effectué en e-euro ce qui en faciliterait la diffusion. Sur le sujet du respect de la vie privée, les rapporteurs indiquent que l’euro numérique devra ressembler autant que possible au numéraire.

Les enjeux pour les banques commerciales sont immenses. La e-monnaie pourrait modifier toutes les règles bancaires en obligeant les banques commerciales à se battre pour obtenir des dépôts. Elles seraient également amenés à se positionner avant tout comme conseillères et moins comme centres d’intermédiation.

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