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La Réserve Fédérale et la fin des politiques monétaires accommodantes
Mercredi 26 janvier, la banque centrale américaine a, comme prévu, maintenu ses taux inchangés (fixés entre 0 et 0,25 % depuis mars 2020) mais a précisé son calendrier de relèvement. « Avec une inflation bien supérieure à 2 % et un marché du travail solide », le communiqué de presse de la FED a précisé qu’il sera « bientôt approprié de relever la fourchette cible du taux des fonds fédéraux ». « Le comité de politique monétaire est d’avis de relever le taux des fonds fédéraux lors de la réunion de mars », a précisé Jerome Powell, le président de la FED. Le Comité a par ailleurs décidé de continuer la réduction du montant mensuel de ses achats nets d’actifs, pour y mettre fin début mars. Ces achats d’actifs qui ont servi à fluidifier les circuits financiers pendant la pandémie, ont porté le bilan de la Réserve fédérale autour de 9 000 milliards de dollars. Les investisseurs ont jugé que le ton de la conférence de presse a cependant été plus agressif que prévu, créant des tensions sur les taux de marché et entraînant une volatilité accrue sur les marchés « actions ». La disparition dans le communiqué de presse du « resserrement graduel » est perçue sur le marché comme le présage d’augmentations plus rapides et non d’une hausse par trimestre, comme lors du cycle de hausses des années 2004-2006 au cours duquel la Fed a procédé à un resserrement à chaque réunion.
Les places boursières ballotées entre les hausses de taux à venir, l’inflation et l’Ukraine
Entre les annonces de la Réserve Fédérale et les tensions persistantes sur la frontière russo-ukrainienne, le CAC abandonne plus de 1,4 % sur la semaine dans un contexte hautement volatil. Après de fortes baisses en fin de semaine dernière et en début de semaine, Wall Street, en revanche, a réussi à conclure celle-ci en légère hausse malgré des résultats économiques en demi-teinte et les annonces de la FED. Les taux des obligation d’Etat à dix ans poursuivent leur hausse tout en restant en valeur réelle en territoire hautement négatif. L’euro est orienté à la baisse du fait des perspectives de remontée des taux aux Etats-Unis. Le baril de pétrole continue sa progression et franchit la barre des 90 dollars pour la première fois depuis le mois d’octobre 2014 en raison des tensions entre l’OTAN et la Russie. La publication des stocks de pétrole des États-Unis plus élevés que prévu n’a pas eu d’incidence sur les cours.
Le tableau financier de la semaine
Résultats 28 janvier 2022 | Évolution sur 5 jours | Résultats 31 déc. 2021 | |
CAC 40 | 6 965,88 | -1,45 % | 7 153,03 |
Dow Jones | 34 725,47 | +1,34 % | 36 338,30 |
Nasdaq | 13 770,57 | +0,01 % | 15 644,97 |
Dax Xetra allemand | 15 318,95 | -1,83 % | 15 884,86 |
Footsie | 7 466,07 | -0,37 % | 7 384,54 |
Euro Stoxx 50 | 4 136,91 | -2,19 % | 4 298,41 |
Nikkei 225 | 26 717,34 | -2,92 % | 28 791,71 |
Shanghai Composite | 3 361,44 | -4,57 % | 3 639,78 |
Taux de l’OAT France à 10 ans (18 heures) | +0,364 % | +0,037 pt | +0,193 % |
Taux du Bund allemand à 10 ans (18 heures) | -0,049 % | +0,017 pt | -0,181 % |
Taux du Trésor US à 10 ans (18 heures) | +1,786 % | +0,033 pt | +1,505 % |
Cours de l’euro / dollar (18 heures) | 1,1161 | -1,57 % | 1,1378 |
Cours de l’once d’or en dollars (18 heures) | 1 782,590 | -2,66 % | 1 825,350 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars | 90,610 | +3,35 % | 78,140 |
Pourquoi les actions pourraient-elles bien résister face à l’inflation ?
L’inflation n’est pas nécessairement mauvaise pour les actions ; elle pourrait même leur être favorable. La hausse des prix est vigoureuse aux États-Unis et commence à s’amplifier en Europe.
Pour de nombreux économistes, l’inflation restera forte jusqu’à l’été 2022 voire au-delà en raison de l’inertie de la transmission des hausses des prix de production aux prix de consommation. Le pétrole et le gaz attendus en baisse continuent à augmenter du fait des tensions entre la Russie et l’Ukraine. Par ailleurs, les pays producteurs éprouvent des difficultés réelles ou volontaires à augmenter leur production pour l’ajuster à la demande. Les prix des semi-conducteurs début 2022 sont trois fois plus élevés qu’avant la crise sanitaire. Compte tenu de l’évolution de la demande, les prix devraient se maintenir à un haut niveau. Les valeurs « actions » peuvent-elles souffrir face à l’augmentation des prix qui pourraient amener à une baisse de la rentabilité des entreprises ? Cette équation n’est pas automatique. Les salaires nominaux sont loin d’être complètement indexés sur les prix. Pour le moment, même si un frémissement sur les salaires est constaté, ils ne suivent pas l’évolution des prix à la consommation, que ce soit aux États-Unis ou au sein de la zone euro. Les entreprises pouvant répercuter la hausse des prix de production devraient donc être gagnantes et améliorer leurs marges. Par ailleurs, les banques centrales réagissent peu à l’inflation. Les taux d’intérêt nominaux ne suivent que faiblement la hausse des prix. L’écart entre le taux d’inflation et le taux des obligations d’État à 10 ans atteint 5 points au début de l’année 2022 en zone euro comme aux États-Unis contre moins de deux points en 2019. Dans ce contexte, les taux d’intérêts réels sont fortement négatifs, ce qui est logiquement favorable aux indices boursiers.
Tant que les salaires nominaux et les taux d’intérêt nominaux demeurent faibles, l’inflation favorise la hausse des indices boursiers. Pour provoquer une baisse, il faudrait une indexation des salaires sur les prix ou une remontée rapide des taux d’intérêt.
Les cryptos en mode chute libre
Après avoir battu un record historique en novembre dernier, le bitcoin a perdu près de la moitié de sa valeur. Si en fin d’année, la première des cryptomonnaies, le bitcoin, avait dépassé le seuil des 58 000 dollars, il s’échangeait, le 24 janvier, à moins de 30 000 dollars. En 2021, le bitcoin a connu un essor grâce à son acceptation en tant que moyen de paiement sur plusieurs plateformes dont PayPal ou Lydia ; des entreprises telles que Tesla et SpaceX en ont également acheté avant parfois les revendre. Le Salvador a même décidé de reconnaître le bitcoin comme monnaie légale (aux côtés du dollar).
Depuis le début du mois de janvier, les cryptomonnaies souffrent en raison de la baisse des cours des valeurs technologiques. Les investisseurs dans les cryptoactifs sont en partie les mêmes, surtout aux États-Unis, que ceux qui acquièrent des valeurs technologiques. Les plus-values issues de ces dernières ont alimenté le marché du bitcoin. Dans une période de volatilité boursière accrue, la sécurisation est de mise, ce qui conduit à privilégier des produits de taux qui, toujours, Outre-Atlantique, remontent. Par ailleurs, le 21 janvier, la banque centrale russe a décidé l’interdiction du minage des cryptomonnaies, ainsi que des investissements et des paiements dans ces actifs numériques. La proposition n’entrera en vigueur que si le parlement russe l’approuve mais cela a créé une onde de choc dans le monde des traders de bitcoin, car la Russie est la troisième zone de minage de cryptomonnaies. Cette décision intervient à la suite de celle de la Chine qui a interdit, au mois de juin dernier, le minage de cryptomonnaies sur son territoire. Le pays réalisait alors entre 65 et 75 % du minage de bitcoin. Les banques centrales envisagent, par ailleurs, de réguler plus strictement le marché des bitcoins ce qui pourrait à terme limiter leur attrait. La FED, la banque centrale américaine, pourrait commencer dès le mois de février à adopter des mesures de régulation. Le gouvernement américain a demandé aux agences fédérales d’évaluer précisément quelles opportunités et quels risques présentaient ces nouveaux actifs numériques.
Ces dernières années, en fonction des comportements de certains acteurs économiques et de l’évolution des taux ou des valeurs boursières, le cours du bitcoin a connu d’amples fluctuations dont celle en cours n’est qu’un exemple parmi d’autres. L’intervention néanmoins croissante des banques centrales et des agences publiques pourrait à terme entraîner la normalisation de ce marché qui jusqu’à maintenant était hautement spéculatif.
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