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Le Coin des Epargnants du 22 octobre 2022 : l’inflation mène toujours la danse

Epargne 21 octobre 2022

Les marchés face à l’épouvantail de l’inflation

La semaine aura été marquée par la démission de Liz Truss de son poste de Première Ministre, poste qu’elle n’a occupé que  44 jours, soit le plus bref passage au 10 Downing Street de l’histoire. La présentation du mini budget lui a été fatale. La dépréciation de la livre sterling qui en a résulté a contraint la banque centrale à intervenir. Sur fond de polémique sur les bénéficiaires des réductions d’impôt, la Première Ministre a dû renoncer à ses projets. La démission du ministre de l’Echiquier n’a pas suffi à rétablir la situation. Le Parti conservateur divisé a décidé de ne plus soutenir sa Première Ministre qui avait dû accepter la démission de sa ministre de l’Intérieur accusée d’avoir utilisé une adresse mail personnel pour diffuser des documents officiels.   La chute du gouvernement de Liz Truss laisse entrevoir un retour à une politique économique et budgétaire plus orthodoxe. Les taux des emprunts de l’Etat britannique à 30 ans sont ainsi retombés à 4 % après avoir dépassé 5 %. Sur les principaux marchés obligataires, les taux des obligations souveraines se tendent à nouveau. Le mouvement demeure à la hausse sur les taux des emprunts d’Etat. Celui de l’OAT à 10 ans a dépassé dans la semaine la barre des 3 %, à son plus haut niveau depuis 2012.  Aux Etats-Unis, les taux souverains de même échéance dépassent désormais 4,2 % et reviennent aux niveaux qui étaient les leurs en 2008 pendant la crise des subprimes et avant l’effondrement de Lehman Brothers. Le taux  du Bund allemand de même maturité se situait autour de 2,415 %. Cette semaine, il a dépassé 2,5 % en séance, un point haut qui n’avait pas été atteint depuis 2011. La poursuite de la hausse des taux souverains intervient avant le cycle des réunions des comités de politique monétaire des grandes banques centrales : jeudi 28 octobre pour la Banque centrale européenne (BCE), vendredi 29 octobre pour la Banque du Japon (BoJ), mercredi 2 novembre pour la Réserve fédérale américaine (Fed) et jeudi 3 novembre pour la Banque d’Angleterre (BoE). Actuellement, seule la banque centrale du Japon n’a pas procédé à des relèvements. Dans ce pays, jusqu’à maintenant, l’inflation demeurait mesurée mais, ces dernières semaines, des tensions sur les prix ont commencé à se faire jour. En ce qui concerne les autres grandes banques centrales, peu de surprises à attendre. Compte tenu du maintien des taux d’inflation à des niveaux inconnus depuis les années 1980, elles procéderont à des relèvements. Les derniers chiffres de l’inflation – que ce soit en zone euro (9,9 % sur un an en septembre), au Royaume-Uni (à nouveau au-dessus de 10 %) et aux Etats-Unis (à 8,2 %, supérieur aux attentes, avec la mesure de la Fed d’Atlanta) – ne laissent aucun doute sur les décisions qui seront prises. La question est de savoir si la hausse sera de 50 ou 75 points de base. Pour la BCE, l’option à 75 points est la plus probable. Dans ce contexte complexe, les indices « actions » ont poursuivi leur hausse, les résultats des entreprises pour le 3e trimestre restant encourageant. Les cours « actions » ont surtout réagi positivement à une information du Wall Street Journal selon laquelle certains banquiers centraux américains s’inquiètent des conséquences sur l’économie d’une remontée excessive des taux. Cette information contredit celles en provenance du président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker. Ce dernier a déclaré s’attendre à ce que les taux soient « bien supérieurs » à 4 % d’ici à la fin de l’année, ce qui a renforcé les attentes des investisseurs de voir les taux atteindre 4,5-4,75 % en décembre. Les contrats à terme sur Fed Funds ont même franchi le seuil des 5 %. La place de New York a souhaité retenir les propos positifs sur l’évolution des taux. Le Dow Jones a gagné près de 5 % sur la semaine et le Nasdaq plus de 5 %, la moitié du gain ayant été réalisé vendredi.

Le tableau des marchés de la semaine 

 Résultats 
21 octobre 2022 
Évolution 
sur 5 jours 
Résultats 
31 déc. 2021 
CAC 40 6 035,39+1,74 %7 153,03
Dow Jones31 082,56+4,89 %36 338,30
Nasdaq10 862,02+5,24 %15 644,97
Dax Xetra allemand 12 730,90+2,36 %15 884,86
Footsie 6 969,73+1,62 %7 384,54
Euro Stoxx 50 3 476,63+2,81 %4 298,41
Nikkei 225 26 890,58-0,74 %28 791,71
Shanghai Composite 3 038,93-0,99 %3 639,78
Taux OAT France à 10 ans+2,963 %+0,008 pt+0,193 %
Taux Bund allemand à 10 ans+2,414 %+0,056 pt0,181 %
Taux Trésor US à 10 ans+4,229 %+0,219 pt+1,505 %
Cours de l’euro/dollar0,9843+1,23 %1,1378
Cours de l’once d’or en dollars1 651,200+0,53 %1 825,350
Cours du baril de pétrole Brent en dollars93,250+1,59 %78,140
CdE

Vers la fin de la hausse des prix de l’immobilier ?

Dans le passé, les prix de l’immobilier résidentiel tendaient à la baisse dès le début des retournements de cycle en lien avec la hausse des taux d’intérêt. Or, que ce soit aux États-Unis ou au sein de la zone euro, les prix de l’immobilier continuent depuis le début de l’année à progresser malgré l’annonce d’une prochaine récession.

En 1993, en 2000, en 2007 et en 2020, les récessions se sont traduites par des baisses de prix au niveau de l’immobilier résidentiel. Le retournement des prix de l’immobilier intervenait généralement dès le début des crises. Il en était un des signaux avancés. Les ménages surréagissaient rapidement aux augmentation de taux d’intérêt en réduisant le volume des crédits. En 2022, de part et d’autre de l’Atlantique, malgré des signes manifestes de récession, l’immobilier résidentiel continue d’enregistrer de vives augmentations, autour de 5 % en rythme annuel. Les crédits immobiliers sont en hausse de 8 % en rythme annuel aux États-Unis et de 6 % en Europe. En revanche, les mises en chantier sont en recul de plus de 20 % au sein des deux zones économiques. En zone euro, elles sont même inférieures en 2022 à leur niveau de 2012 de plus de 30 %.

La résistance du secteur immobilier peut s’expliquer par la réaction tardive des banques centrales et par la persistance de taux réels négatifs. En 2000 ou en 2007, les taux d’intérêt des crédits immobiliers avaient rapidement dépassé les taux d’inflation, ce qui n’est pas le cas actuellement. La faiblesse de la construction en particulier en zone euro favorise la hausse des prix. L’offre reste inférieure à la demande, la crise covid ayant en outre faire évoluer celle-ci en faveur des maisons ou d’appartements plus grands avec terrasses ou balcons. Par ailleurs, le marché est tenu par des acquéreurs-vendeurs et non par les primo-accédants. Les premiers, dotés d’apports personnels plus importants, sont moins sensibles que les seconds aux variations de taux.

La baisse des prix de l’immobilier suppose que les taux d’intérêt réels soient positifs. Cette situation pourrait intervenir d’ici la fin de l’année aux États-Unis. Pour la zone euro, il faudra certainement attendre le milieu de l’année 2023.

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