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Le Coin des Epargnants du 20 décembre 2024 : bientôt la trêve des confiseurs

Epargne 20 décembre 2024

Le tempo américain

Aux États-Unis, le taux d’inflation annuel au mois de novembre a été de 2,8 % en données « core », c’est-à-dire hors alimentation et énergie, contre 2,9 % anticipé. Sur cette même base, il passe de 0,3 % en octobre à 0,1 % sur un mois, contre +0,3 % attendu. L’inflation n’en demeure pas moins élevée, ce qui devrait ralentir le programme de baisses des taux directeurs de la FED. Deux baisses sont anticipées en 2025, contre quatre initialement projetées.

Les dépenses réelles des ménages américains ont augmenté de 0,27 % en glissement mensuel en novembre, mais des révisions sur les mois antérieurs signifient que la croissance de la consommation au quatrième trimestre s’établit désormais à 3 %, soit légèrement plus qu’auparavant. Au quatrième trimestre, le taux de croissance annuelle aux États-Unis pourrait atteindre 3,3 %, contre 3,1 % au troisième trimestre. Les marchés américains ont été cette semaine dans l’expectative du déroulement de la crise budgétaire avec une menace de shutdown. Le texte visant à l’éviter a été rejeté jeudi 19 décembre par la Chambre des représentants. Sa dernière version de la résolution, qui a donc échoué, aurait suspendu pendant deux ans le plafond de la dette américaine. Ce plafond représente le montant maximum que le gouvernement fédéral peut emprunter pour financer ses dépenses.

Donald Trump s’en est pris à l’Union européenne en déclarant qu’elle devait réduire son excédent commercial avec les États-Unis en achetant davantage de pétrole et de gaz américains, sous peine de devoir payer des droits de douane. Sur les 10 premiers mois de 2024, le déficit commercial avec les pays de l’Union s’élève à plus de 190 milliards de dollars.

Le CAC 40 a encore cédé du terrain, avec une baisse de plus de 1 % en une semaine. Les autres indices européens étaient également orientés à la baisse. Le DAX allemand a perdu près de 2 %, en raison des craintes liées à la guerre commerciale avec les États-Unis, à la stagnation de l’économie germanique et à l’absence de gouvernement en France. Les indices américains ont également reculé en raison des annonces de la FED. La baisse des cours est en outre traditionnelle à cette période de l’année (rallye de Noël), les institutionnels terminant leurs programmes de prises de plus-values.

Le prix du baril de pétrole Brent a reculé cette semaine, autour de 72 dollars. L’attitude prudente de la FED, associée à des perspectives de demande faible et à une offre abondante, est un facteur de baisse des prix sur le marché pétrolier. Les autorisations de gisements de pétrole de schiste aux États-Unis devraient augmenter avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier prochain.

Le bitcoin a perdu sur la semaine 5 %, revenant sous les 100 000 dollars, et l’or près de 3 %.

Le tableau de la semaine des marchés financiers

Résultats
20 déc. 2024
Évolution
sur une semaine
Résultats
29 déc. 2023
Résultats
30 déc. 2022
CAC 40 7 274,48-1,12 %7 543,186 471,31
Dow Jones42 840,26-2,20 %37 689,5433 147,25
S&P 5005 930,85-1,63 %4 769,833839,50
Nasdaq Composite19 572,60-1,45 %15 011,3510 466,48
Dax Xetra (Allemagne) 19 916,56-1,96 %16 751,6413 923,59
Footsie 100 (Royaume-Uni) 8 084,61-2,15 %7 733,247 451,74
Eurostoxx 504 862,28-1,71 %4 518,283792,28
Nikkei 225 (Japon)38 701,90-1,69 %33 464,1726 094,50
Shanghai Composite 3 368,07-1,59 %2 974,933 089,26
Taux OAT France à 10 ans+3,089 %+0052 pt+2,558 %+3,106 %
Taux Bund allemand à 10 ans+2,287 %+0,032 pt+2,023 %+2,564 %
Taux Trésor US à 10 ans+4,501 %+0,108 pt+3,866 %+3,884 %
Cours de l’euro/dollar1,0425-1,24 %1,10601,0697
Cours de l’once d’or en dollars2 624,70-2,93 %2 066,671 815,38
Cours du baril de pétrole Brent en dollars72,82-2,52%77,1384,08
Cours du Bitcoin en dollars97 434,74-4,29 %38 252,5415 406,87

Le bitcoin, les bulbes de tulipes des temps modernes ?

Dans les Provinces-Unies au début du XVIIᵉ siècle, une importante crise financière est survenue autour des bulbes de tulipes. La crise des bulbes de tulipes, également connue sous le nom de « Tulipomanie », est souvent considérée comme l’une des premières bulles spéculatives documentées de l’histoire.

Les tulipes, introduites en Europe depuis l’Empire ottoman au XVIᵉ siècle, sont rapidement devenues un symbole de richesse et de prestige, particulièrement en Hollande. La rareté de certaines variétés, notamment celles avec des motifs complexes, a provoqué une hausse de la demande. Les prix ont progressé rapidement, au point qu’un bulbe de tulipe pouvait valoir plus cher qu’une maison. Les acheteurs et les vendeurs échangeaient souvent des contrats à terme pour acquérir des bulbes à une date ultérieure, pariant sur la hausse continue des prix. Ces échanges se sont multipliés jusqu’en février 1637, lorsqu’une enchère n’a trouvé aucun acheteur. Les spéculateurs, pris de panique, ont commencé à vendre leurs contrats à perte. La notion de « Tulipomanie » est, depuis, souvent utilisée comme un avertissement contre les dynamiques spéculatives irrationnelles, où la valeur des actifs dépasse largement leur valeur intrinsèque.

En 2024, la question de la valeur intrinsèque peut également se poser pour l’or ou le Bitcoin. Depuis l’élection de Donald Trump le 5 novembre dernier, le Bitcoin a connu une forte appréciation, dépassant les 100 000 dollars, ce qui porte sa hausse sur l’année à plus de 130 %. L’encours des cryptomonnaies atteint, début décembre, 4 000 milliards de dollars, soit plus que la capitalisation de la place boursière de Paris (3 200 milliards de dollars).

L’augmentation du cours du Bitcoin s’explique par le nouvel engouement de Donald Trump pour les cryptoactifs. Il entend déréglementer le marché et a nommé Paul Atkins, avocat et responsable d’un groupe de défense des cryptomonnaies, à la tête de la Securities and Exchange Commission, le principal régulateur financier américain. La proposition de Cynthia Lummis, sénatrice républicaine, de créer une réserve gouvernementale d’un million de bitcoins peut paraître incongrue, mais elle est sérieusement envisagée. Le Bitcoin serait ainsi placé aux côtés de l’or comme valeur refuge officielle.

Le succès du Bitcoin en 2024 provient également de la distribution d’ETF reproduisant son cours. Au troisième trimestre de l’année, le fonds négocié en bourse Bitcoin de BlackRock était devenu le quatrième plus important ETF dans le monde des fonds spéculatifs, avec une position longue d’une valeur de 3,8 milliards de dollars. Selon une étude de PwC et de l’Alternative Investment Management Association, 47 % des hedge funds traditionnels ont investi, en 2024, dans des actifs numériques, contre 21 % en 2021. Malgré tout, certains signaux rappellent que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. L’ETF VanEck Digital Transformation, qui investit dans un ensemble d’entreprises liées aux cryptomonnaies, est en baisse de plus de 40 % par rapport à son record de 2021. Le prix plancher des jetons non fongibles (NFT) émis par CryptoPunks sur la blockchain Ethereum a augmenté de 20 % cette année, mais il reste en baisse de près de 70 % par rapport à son sommet de 2021. L’institutionnalisation des cryptoactifs devrait aboutir, dans les prochaines années, à un lissage de leurs cours. Ces derniers obéiraient de plus en plus aux dynamiques des marchés traditionnels et seraient plus dépendants d’autres indices qu’auparavant. Des corrélations ont déjà été constatées entre le cours du Bitcoin et l’indice Nasdaq, qui ont tendance à évoluer en parallèle.

La création de monnaies digitales de banques centrales pourrait profondément rebattre les cartes. Les banques centrales deviendraient alors les moteurs des marchés des cryptoactifs.

La dette publique française : plus de 113 % du PIB

À la fin du troisième trimestre 2024, la dette publique au sens de Maastricht a atteint, selon l’INSEE, 3 303,0 milliards d’euros, soit une augmentation de 71,7 milliards d’euros, après +69,0 milliards d’euros au trimestre précédent. Exprimée en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), elle s’établit à 113,7 %, après 112,2 % au deuxième trimestre 2024. La dette française bat ainsi de nouveaux records en montant absolu. Vint ans auparavant, la dette publique s’élevait à 1122 milliards d’euros. Actualisé de l’inflation entre 2004 et 2024, ce montant représenterait, cette année, de 1615 milliards d’euros. En vingt ans, la dette publique a été multipliée par deux en valeur réelle. Comme au trimestre précédent, l’augmentation de la dette publique s’accompagne d’une hausse de la trésorerie des administrations publiques (+6,4 milliards d’euros) et, dans une moindre mesure, des autres actifs, si bien que la dette nette augmente un peu moins que la dette brute (+64,0 milliards d’euros) et s’établit à 104,9 % du PIB.

INSEE

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