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Peur d’un retour de l’inflation, espoir de paix en Ukraine mais à quel prix, peur d’une récession en Europe, espoir d’une baisse des taux de la BCE, à vous de choisir !
En gagnant 2,55 % sur la semaine, le CAC 40 se rapproche de son record du 15 mai 2024 (clôture à 8 239,99). Depuis le début de l’année, l’indice parisien a gagné plus de 10 %. Il progresse néanmoins plus lentement que les autres indices actions (+12 % depuis le 1er janvier pour le DAX allemand). Les indices américains ont progressé durant la semaine, le Nasdaq repassant au-dessus des 20 000 points, l’annonce Deepseek étant en voie d’être digérée.
L’once d’or a terminé la semaine à près de 2 900 dollars, battant de nouveaux records. Le prix du métal précieux est toujours orienté à la hausse en raison des menaces inflationnistes aux États-Unis et de la poursuite de la guerre commerciale engagée par Donald Trump.
Aux États-Unis, retour des tensions inflationnistes
Malgré la contraction des ventes au détail aux États-Unis en janvier, l’inflation demeure. Les ventes au détail ont, en effet, baissé de 0,9 % en janvier, alors que le consensus Bloomberg n’anticipait qu’un recul de 0,2 %, après une hausse de 0,7 % en décembre. Neuf des 13 catégories du rapport du département du Commerce ont enregistré des baisses, notamment les véhicules à moteur, les articles de sport et les magasins de meubles.
Un changement de rythme qui, outre les incendies de Los Angeles et les conditions météorologiques hivernales dans d’autres parties des États-Unis, s’explique par la hausse des prix et le coût des emprunts.
La guerre commerciale de Donald Trump repose toujours sur la dissuasion
Les dernières mesures proposées par le président américain, à savoir l’imposition de droits de douane réciproques aux pays coupables, à ses yeux, de comportements déloyaux, n’entreront en vigueur qu’au mois d’avril, laissant de la place pour l’engagement de négociations. L’Europe est particulièrement visée, car ses tarifs douaniers sont en moyenne supérieurs à ceux des États-Unis. Il en est de même pour de nombreux pays émergents. Le projet de Donald Trump est contraire aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui prévoit des négociations multilatérales pour la fixation des tarifs mais cela ne saurait l’effrayer.
La zone euro sauve son filet de croissance
L’économie de la zone euro a finalement réussi à maintenir une croissance à la fin de l’année dernière, Eurostat ayant revu à la hausse son estimation initiale. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,1 % entre octobre et décembre par rapport au trimestre précédent, un chiffre à comparer à la stagnation annoncée au préalable et à la croissance de 0,4 % entre juillet et septembre. Cette révision inattendue s’explique par la prise en compte d’un plus grand nombre de données provenant des différents pays de la zone euro. Les Pays-Bas, cinquième économie de la zone euro, ont connu une croissance de leur PIB au quatrième trimestre de 0,4 %. Le bilan des quatre autres puissances de la région est plus mitigé. Si la croissance espagnole s’est élevée à 0,8 %, l’économie italienne a stagné, tandis que l’Allemagne et la France se sont toutes deux contractées. La Banque centrale européenne (BCE) prévoit que l’activité redémarrera en 2025, pour atteindre 1,1 % sur l’ensemble de l’année, contre 0,7 % en 2024.
Le retour de l’inflation aux États-Unis
Aux États-Unis, les prix à la consommation ont augmenté, en janvier, de 3 % en moyenne sur un an et de 0,5 % sur un mois, selon le Bureau of Labor Statistics. Ce résultat traduit un arrêt du processus de désinflation, et ce, avant même le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
La résilience de l’inflation a conduit la banque centrale à opter pour une pause dans son cycle d’assouplissement monétaire en janvier, après avoir abaissé son taux directeur à trois reprises en fin d’année dernière.
À Wall Street, les investisseurs se résignent peu à peu à une année blanche pour la Fed. Ceux qui s’attendent encore à des baisses de taux n’en prévoient plus qu’une en 2025. Les taux obligataires américains ont connu une hausse en milieu de semaine, et les indices boursiers ont, en contrepartie, diminué. Le président américain n’a pas encore exercé de pression explicite sur la Réserve fédérale (Fed), mais il ne cache pas son souhait d’une reprise rapide des baisses de taux. Il a ainsi publié sur son réseau Truth Social : « Les taux d’intérêt devraient être abaissés, ce qui irait de pair avec les droits de douane à venir. ». Dans le même temps, lors de son audition devant la Chambre des représentants, le président de la Fed, Jerome Powell, a répété qu’il ne voyait « pas d’urgence » à abaisser les taux directeurs, dans la mesure où la plupart des indicateurs économiques étaient au vert, hormis l’inflation, encore « quelque peu élevée ».
Inflation et pouvoir d’achat : un défi politique pour Donald Trump
Élu sur le thème de l’amélioration du pouvoir d’achat, Donald Trump doit faire face à une hausse des prix qui touche des produits de consommation courante, comme le café ou le jus d’orange. Le prix des œufs a progressé de 15 % en un mois, une hausse inédite depuis juin 2015. Sur un an, l’augmentation atteint 60 %, en raison d’une épizootie de grippe aviaire parmi les élevages de poules pondeuses américaines. Ces dernières semaines, il était même parfois difficile de trouver des œufs dans les rayonnages.
Le tableau de la semaine des marchés financiers
Résultats 14 février 2025 | Évolution sur une semaine | Résultats 29 déc. 2023 | Résultats 31 déc. 2024 | |
CAC 40 | 8 176,30 | +2,55 % | 7 543,18 | 7 380,74 |
Dow Jones | 44 546,08 | +0,92 % | 37 689,54 | 42 544,22 |
S&P 500 | 6 114,63 | +1,53 % | 4 769,83 | 5 881,63 |
Nasdaq Composite | 20 026,77 | +2,58 % | 15 011,35 | 19 310,79 |
Dax Xetra (Allemagne) | 22 482,50 | +3,29 % | 16 751,64 | 19 909,14 |
Footsie 100 (Royaume-Uni) | 8 732,46 | +0,37 % | 7 733,24 | 7 451,74 |
Eurostoxx 50 | 5 493,40 | +3,05 % | 4 518,28 | 4 895,98 |
Nikkei 225 (Japon) | 39 149,43 | +0,90 % | 33 464,17 | 39 894,54 |
Shanghai Composite | 3 346,72 | +3,63 % | 2 974,93 | 3 351,76 |
Taux OAT France à 10 ans | +3,127 % | +0,036 pt | +2,558 % | +3,194 % |
Taux Bund allemand à 10 ans | +2,431 % | +0,070 pt | +2,023 % | +2,362 % |
Taux Trésor US à 10 ans | +4,453 % | -0,039 pt | +3,866 % | +4,528 % |
Cours de l’euro/dollar | 1,0496 | +1,14 % | 1,1060 | 1,0380 |
Cours de l’once d’or en dollars | 2 896,15 | +1,92 % | 2 066,67 | 2 613,95 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars | 74,83 | -0,07 % | 77,13 | 74,30 |
Cours du Bitcoin en dollars | 92 871,82 | +0,75 % | 38 252,54 | 93 776,61 |
Au troisième trimestre 2024, l’épargne brute des ménages est restée, selon la Banque de France, proche de ses plus hauts niveaux enregistrés pendant la période Covid. Le flux d’épargne brute s’est élevé à 86,8 milliards d’euros, contre 95,6 milliards d’euros au deuxième trimestre 2020. Le taux d’épargne, d’après les comptes publiés par l’INSEE, est resté stable à 17,7 %, contre 25,5 % au deuxième trimestre 2020 et 13,8 % en moyenne sur la période 2014-2019.
Les ménages aisés réinvestissent davantage qu’auparavant leurs gains, alimentant ainsi leur épargne. La montée des incertitudes économiques pousse tous les Français à renforcer leur épargne de précaution. La vague inflationniste a, par ailleurs, incité les ménages à épargner davantage afin de lutter contre l’érosion de leur patrimoine.
Les données préliminaires (encore partielles) couvrant les principaux placements financiers des ménages pour le quatrième trimestre 2024 mettent en évidence un léger mouvement de décollecte sur les dépôts à vue (-0,7 milliard d’euros) et une baisse des dépôts sur les livrets d’épargne. En revanche, les flux nets vers l’assurance-vie et les droits à pension, y compris en unités de compte (UC), sont élevés (16,8 milliards d’euros, contre 12 milliards d’euros au T3 et 10,3 milliards d’euros en moyenne sur la période 2013-2024).
La Cour des comptes, dans son rapport sur les finances publiques en 2025, tire le signal d’alarme en soulignant que la résorption du déficit et la maîtrise de la dette publique ne sont pas garanties.
Après le niveau record de 2020 (-8,9 % du PIB), le déficit public de la France s’est réduit en 2021 et 2022 (-4,7 %) avant de repartir à la hausse. En 2023, il s’est accru de 0,7 point, atteignant 5,5 % du PIB, alors qu’une quasi-stabilité était attendue. En 2024, la dérive s’est accentuée, avec un déficit qui devrait atteindre 6,0 % du PIB, soit 1,6 point au-dessus de la cible inscrite dans le projet de loi de finances (PLF). Ce dérapage exceptionnel, en l’absence de choc extérieur, s’explique en partie par l’augmentation du déficit l’année précédente et par de moindres rentrées fiscales. Mais au-delà de ces facteurs, il est avant tout la conséquence directe de la gestion de 2024. La révision à la baisse de la croissance, surestimée dans la loi de finances initiale, a dégradé le déficit de 0,3 point en réduisant les recettes. L’élasticité des prélèvements obligatoires par rapport à la croissance s’est affaiblie (0,7 contre 1,1 prévu), entraînant un manque à gagner de 0,5 point de PIB par rapport aux prévisions. Parallèlement, les dépenses des administrations locales ont fortement augmenté, impactant le déficit à hauteur de 0,2 point de PIB. Les dépenses des administrations sociales ont également dépassé les prévisions, avec un dépassement de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) et une dégradation des comptes de l’Unédic en raison du ralentissement du marché du travail, aggravant le déficit de 0,1 point.
Ces dérapages n’ont été que partiellement compensés par une hausse des prélèvements obligatoires de 0,2 point de PIB, incluant notamment la progressive réintégration de la taxe intérieure de consommation finale d’électricité (TICFE) à son niveau d’avant-crise. Par ailleurs, les annulations et gels de crédits décidés en gestion, ainsi qu’une hausse de la charge de la dette publique plus contenue que prévu (+6 Md€ au lieu de +9 Md€ attendus), ont permis de limiter l’aggravation du déficit. Pour la Cour des comptes, la dérive des dépenses publiques est manifeste, d’autant plus que l’extinction des mesures exceptionnelles liées à la crise énergétique a généré un gain de 0,7 point de PIB.
Face à cette situation préoccupante, le gouvernement a une nouvelle fois repoussé l’objectif de retour du déficit sous 3 % du PIB, passant de 2027 à 2029, dès la première version du plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) communiqué en octobre 2024 dans le cadre de la gouvernance européenne. Ce plan prévoyait un retour à 5,0 % de déficit en 2025, grâce notamment à une hausse de 30 Md€ des prélèvements obligatoires couplée à une maîtrise des dépenses. Cependant, la censure du gouvernement Michel Barnier en décembre 2024 a rendu ces prévisions obsolètes.
Le gouvernement de François Bayrou a été contraint d’amender le PSMT ainsi que les textes financiers pour 2025, avec un objectif de déficit revu à 5,4 %, tout en conservant les cibles pour 2026-2029. La réduction de 0,5 point du déficit, inscrite dans la loi de finances 2025, repose exclusivement sur des hausses de prélèvements obligatoires, plutôt que sur une réduction des dépenses, qui continuent d’augmenter au même rythme qu’avant la crise.
La Cour des comptes met en garde : la moitié des hausses de prélèvements prévues en 2025 sont présentées comme temporaires. À l’avenir, le gouvernement devra soit prolonger ces hausses d’impôts, soit mettre en place de nouvelles mesures d’économies.
La France est désormais la seule grande économie de la zone euro à ne pas entrevoir de retour du déficit sous 3 % du PIB, contrairement aux exigences du Pacte de stabilité et de croissance. Elle est également la seule à ne pas avoir réduit significativement son ratio d’endettement, alors que l’Italie a réalisé un effort budgétaire conséquent en 2024. Selon la Cour des comptes, les hypothèses de croissance retenues par le gouvernement sont excessivement optimistes. Dans ses propres scénarios, le ratio d’endettement pourrait dépasser 125 % du PIB en 2029 et frôler 130 % dès 2031. En parallèle, la charge de la dette continuerait de croître, atteignant 3,4 % du PIB en 2029 (112 milliards d’euros), devenant ainsi le premier poste budgétaire de l’État, devant l’Éducation nationale.
Le dérapage du déficit public depuis deux ans place la France dans une situation critique. L’effort d’ajustement budgétaire nécessaire pour ramener le déficit sous 3 % du PIB a plus que doublé, passant de 50 à 110 milliards d’euros.
L’année 2025 sera décisive pour amorcer un véritable redressement des finances publiques, après deux échecs successifs en 2023 et 2024. Quoi qu’il en soit, les budgets pour 2026 et 2027 s’annoncent comme un exercice périlleux, où chaque choix budgétaire sera scruté avec attention.
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