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Donald Trump demeure au cœur de l’actualité boursière, même si son influence décroît à mesure que se multiplient ses revirements. Malgré tout, vendredi, il a jeté un petit froid en promettant des droits de douane planchers de 15 % ou 20 % pour tous les pays qui ne répondront pas à ses exigences, désormais de plus en plus diverses.
Ainsi, il a demandé au Brésil l’abandon des poursuites engagées contre l’ex-président Jair Bolsonaro, accusé de tentative de coup d’État, s’immisçant ainsi dans la vie politique intérieure du pays. Pour le Japon et la Corée du Sud, il a annoncé des droits de douane de 25 %, et de 50 % pour le Brésil. Les produits importés du Canada seront quant à eux soumis à une taxe de 35 %. Il accuse toujours ce pays d’être responsable du trafic de fentanyl. Le président américain a néanmoins précisé que les produits conformes à l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique ne seraient pas visés par ces droits majorés. Les nouveaux tarifs entreront en vigueur à partir du 1er août, désormais fixée comme nouvelle date de référence pour tous les partenaires des États-Unis. L’Union européenne devrait, selon Donald Trump, recevoir sa lettre personnalisée très prochainement.
Les lettres et les menaces de Donald Trump ont refroidi les marchés vendredi, alors que ceux-ci étaient, le reste de la semaine, plutôt bien orientés. La demande d’actions reste dynamique. Plusieurs indices ont battu de nouveaux records au cours de la semaine. De plus en plus d’acteurs estiment cependant qu’une correction n’est pas à exclure dans les prochains jours, les investisseurs ayant été, ces dernières semaines, exagérément complaisants face aux menaces du président républicain, en sous-estimant notamment le risque d’une remontée des taux d’intérêt de la Réserve fédérale.
Les indices boursiers, après un bon début de semaine, ont marqué le pas en fin de période. Le CAC 40 a progressé de plus de 1,5 %. Il est repassé au-dessus des 7 900 points avant d’abandonner un peu de terrain vendredi. Le Dow Jones a enregistré une légère baisse sur la semaine, tandis que le Nasdaq et le S&P 500 ont poursuivi leur progression, mais à un rythme modéré.
Les taux d’intérêt des obligations souveraines étaient orientés à la hausse cette semaine. Le taux de l’OAT à 10 ans est repassé au-dessus de 3,4 %. La confirmation de l’augmentation des besoins de financement des États contribue à cette remontée des taux.
Le bitcoin a battu cette semaine un nouveau record, franchissant la barre des 118 000 dollars. Il bénéficie de la bonne tenue des valeurs technologiques et des achats effectués par les gestionnaires d’ETF. La valeur totale de l’ensemble des bitcoins en circulation approche désormais les 2 300 milliards de dollars, un niveau équivalent à la capitalisation boursière d’Apple, et supérieur à la capitalisation globale des entreprises du CAC 40 (autour de 1 900 milliards de dollars).
Pour la première fois depuis 2005, vendredi 4 juillet, les taux des bons du Trésor italiens à 5 ans sont passés au-dessous de celui des Obligations assimilables du Trésor (OAT) français., les taux respectifs étant 2,65 % et 2,67 %. Ce phénomène s’explique en partie par une raison technique, les titres français affichant une maturité plus longue (cinq ans et huit mois) que leurs équivalents italiens (cinq ans). Cela constitue une prise de risque supplémentaire pour les investisseurs, qui demandent une rémunération plus importante en retour. Le facteur numéro contribuant à la baisse des taux italiens est la réduction du déficit public, déficit qui a été divisé par deux entre 2023 et 2024 (taux respectifs de 7,2 et 3,4 % du PIB). La stabilité politique de l’Italie est également prise en compte par les investisseurs. S&P Global ratings a même remonté la note de Rome à BBB + en avril dernier. Moody’s et Fitch portent pour leur part un regard positif sur le pays, signe d’une possible amélioration de leur rating dans les six mois à venir. La France est en revanche sous la menace d’une nouvelle censure du gouvernement à l’automne avec un risque de crise budgétaire.
Pour le moment, le taux des obligations à 10 ans françaises reste en-deçà de celui des obligations italiennes mais l’écart se réduit. Après l’Espagne (3,22 %) et le Portugal (3,04 %), et même la Grèce par intermittence (3,28 % vendredi), l’Italie (3,44 %) pourrait à terme afficher un taux de référence inférieur à celui de la France (3,28 %). L’écart (spread) entre les 10 ans français et italien est passé de 0,7 point de pourcentage, il y a encore un an, à 0,16 point. L’écart de taux entre les obligations italiennes et allemande est désormais inférieur à 1, soit son plus bas niveau en quinze ans.
La dette de la France est toujours appréciée des investisseurs. Elle est l’une des plus liquide (facile à acheter et à vendre) comparée aux dettes des pays dits périphériques. Elle affiche une rémunération assez élevée pour son niveau de notation (AA-) largement supérieur à celui de ses voisins du Sud. L’écart de taux avec l’Allemagne, qui avait augmenté, lors de la dissolution de 2024, tend plutôt à se resserrer, autour de 0,7 point.
Le tableau de la semaine des marchés financiers
Résultats 11 juillet 2025 | Évolution sur une semaine | Résultats 29 déc. 2023 | Résultats 31 déc. 2024 | |
CAC 40 | 7 829,29 | +1,68 % | 7 543,18 | 7 380,74 |
Dow Jones | 44 371,51 | -0,08 % | 37 689,54 | 42 544,22 |
S&P 500 | 6 259,75 | +0,48 % | 4 769,83 | 5 881,63 |
Nasdaq Composite | 20 585,53 | +0,85 % | 15 011,35 | 19 310,79 |
Dax Xetra (Allemagne) | 24 239,9 | +1,94 % | 16 751,64 | 19 909,14 |
Footsie 100 (Royaume-Uni) | 8 933,72 | +1,26 % | 7 733,24 | 7 451,74 |
Eurostoxx 50 | 5 383,48 | +0,79 % | 4 518,28 | 4 895,98 |
Nikkei 225 (Japon) | 39 569,68 | -1,04 % | 33 464,17 | 39 894,54 |
Shanghai Composite | 3 510,18 | +1,52 % | 2 974,93 | 3 351,76 |
Taux OAT France à 10 ans | +3,410 % | +0,129 pt | +2,558 % | +3,194 % |
Taux Bund allemand à 10 ans | +2,690 % | +0,121 pt | +2,023 % | +2,362 % |
Taux Trésor US à 10 ans | +4,410 % | +0,081 pt | +3,866 % | +4,528 % |
Cours de l’euro/dollar | 1,1703 | -1,08 % | 1,1060 | 1,0380 |
Cours de l’once d’or en dollars | 3 365,04 | +0,40 % | 2 066,67 | 2 613,95 |
Cours du baril de pétrole Brent en dollars | 70,40 | +1,69 % | 77,13 | 74,30 |
Cours du Bitcoin en dollars | 107 433,10 | +0,44 % | 38 252,54 | 93 776,61 |
Le taux du Livret A, comme celui du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS), devrait être révisé à la baisse au 1er août prochain, compte tenu de l’inflation et de l’évolution du taux Ester au cours du premier semestre 2025.
Le taux du Livret A est, selon la formule en vigueur depuis 2021, égal à la moyenne de l’inflation hors tabac et du taux Ester sur les six derniers mois. La moyenne de l’inflation hors tabac s’est établie à 0,8 %, et celle du taux Ester à 2,44 %. Le taux du Livret A devrait donc passer de 2,4 % à 1,6 % ou 1,7 %. Le taux du LDDS étant identique à celui du Livret A, il suivrait la même évolution.
De son côté, le taux du Livret d’Épargne Populaire est fixé au niveau le plus élevé entre le taux d’inflation et le taux du Livret A majoré de 0,5 point. Compte tenu du faible niveau de l’inflation, c’est cette seconde formule qui s’appliquera. Le taux du LEP pourrait ainsi être de 2,1 % ou 2,2 %, contre 3,5 % actuellement. Toutefois, comme lors des précédentes révisions, le gouvernement pourrait ne pas suivre strictement la formule et fixer un taux arrondi à 2,5 %.
Une baisse des taux de l’épargne réglementée pour relancer la consommation ?
Pour le Livret A, le gouvernement devrait suivre la recommandation du gouverneur de la Banque de France en abaissant le taux à 1,6 % ou 1,7 %. En effet, afin de soutenir les recettes de TVA, l’exécutif souhaite encourager une reprise de la consommation, qui demeure atone depuis de nombreux mois.
La précédente baisse du taux du Livret A, intervenue le 1er février, n’avait pas produit l’effet escompté. Si les ménages ont réduit leurs versements sur ce produit, ils ont maintenu un effort d’épargne élevé, en se tournant notamment vers l’assurance vie. Dans un contexte d’incertitudes politiques et économiques persistantes, les Français continuent de privilégier l’épargne. Au premier trimestre 2025, le taux d’épargne des ménages a ainsi atteint 18,8 % du revenu disponible brut.
Une baisse favorable au logement social et aux banques
La diminution du taux du Livret A permettra une baisse du taux des crédits accordés aux bailleurs sociaux. En effet, les ressources collectées sur le Livret A servent en partie à financer les prêts aux organismes HLM. Or, le taux de ces prêts est directement lié au coût de la ressource, c’est-à-dire au taux du Livret A. Sa diminution se traduit donc mécaniquement par des taux de crédits plus faibles.
Les banques, qui conservent en moyenne 40 % de la collecte du Livret A et du LDDS pour financer des crédits aux collectivités locales et aux entreprises, pourront également réduire les taux appliqués à ces prêts.
Un rendement réel positif pour le Livret A et le LEP
Le rendement réel du Livret A restera positif, l’inflation étant restée faible ces derniers mois. Il devrait s’élever à environ un point, ce qui constitue un niveau relativement élevé par rapport à la moyenne des dix dernières années. Pour le LEP, le rendement réel pourrait avoisiner deux points.
Mais une baisse des revenus pour les épargnants
Malgré ce rendement réel positif, en valeur absolue, la baisse du taux du Livret A signifie une diminution des intérêts perçus.
La probable baisse du taux du Livret A au 1er août 2025, de 2,4 % à 1,6 % ou 1,7 %, s’inscrit dans un contexte de faible inflation et de normalisation monétaire. Si le rendement réel reste positif, les épargnants constateront une baisse de leurs revenus d’intérêts. Le gouvernement espèrera favoriser une reprise de la consommation et ainsi contribuer à l’augmentation des recettes fiscales. Il attend également un rebond de l’investissement dans l’immobilier social. Le LEP devrait rester attractif avec un taux supérieur à 2 %
Dans un climat d’instabilité politique et géopolitique, le comportement des ménages pourrait rester dominé par la prudence, au détriment de la relance de la consommation.
Deux ans après avoir franchi la barre des 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, Nvidia est désormais valorisée plus de 4 000 milliards de dollars. Elle est la première entreprise cotée de l’histoire à dépasser ce seuil. Après avoir perdu quasiment 30 % entre janvier et mars, l’action du groupe a gagné de 70 % depuis.
Les investisseurs ont salué des chiffres du premier trimestre toujours plus impressionnants. Le chiffre d’affaires a augmenté de 12 % par rapport au dernier trimestre et de 69 % sur un an, pour atteindre 44,1 milliards de dollars, selon les chiffres publiés fin mai. La marge brute s’est établie à 60,5 %,
Cette valorisation boursière témoigne de l’importance démesurée prise par une entreprise connue, il y a cinq ans encore, des seuls spécialistes et joueurs de jeux vidéo. Les microprocesseurs Nvidia permettent à la fois d’entraîner et de faire fonctionner les modèles d’intelligence artificielle qui sont aujourd’hui au cœur des stratégies de placement des investisseurs.
L’essentiel de la performance du S&P 500 entre début 2023 et fin 2024 est en effet attribuable aux « sept Magnifiques », les GAFAM, auxquels s’ajoutent Nvidia et Tesla. Sur la période, l’indice élargi S&P 500 a pris 55 %, contre 246 % pour ces sept entreprises.
Avec la crise des dettes souveraines, la baisse des taux d’intérêt et la succession de chocs économiques, les actions des banques européennes avaient été délaissées, même si leurs résultats restaient enviables. Mais depuis le début de l’année, les valeurs bancaires sont à nouveau recherchées. Entre le 1er janvier et le 30 juin derniers, l’indice STOXX 600 Banks, qui réplique les performances des grands établissements européens, a progressé de 29 %, soit sa meilleure performance depuis 1997. L’industrie bancaire du Vieux Continent est, sur le premier semestre, le secteur le plus performant en Bourse. La guerre commerciale lancée par Donald Trump ou le conflit au Moyen-Orient n’ont pas réellement entravé cette marche en avant. Les investisseurs sont attirés par les rendements élevés qu’offrent les banques. Société Générale ou Deutsche Bank ont revu à la hausse leur politique de redistribution.
En 2025, le ratio cours sur valeur comptable (« price to book » ou PTB) – indicateur permettant d’apprécier si les investisseurs estiment qu’un acteur bancaire vaut plus ou moins que ses fonds propres – est passé au-dessus de 0,5 pour la plupart des banques européennes. Ce ratio traduit une sortie de la zone de danger. La moitié d’entre elles ont même atteint un niveau égal ou supérieur à 1, alors que ce ratio était resté très faible durant des années. Le regard des investisseurs sur les banques a changé. Ils sont rassurés par leur gestion des risques et leur solidité. Les banques européennes ont fortement renforcé leurs fonds propres depuis la crise des subprimes. Les plans mis en œuvre par les grandes banques pour réduire leurs frais généraux et le nombre de guichets sont salués par les marchés.
Les établissements bancaires qui étaient en difficulté ont, en quelques années, sensiblement amélioré leurs résultats. La banque allemande Commerzbank, dont la capitalisation boursière a dépassé les 30 milliards d’euros (35,3 milliards de dollars) pour la première fois en mai, a renoué avec des bénéfices élevés. La banque espagnole Banco Santander a vu son action augmenter de 57 % depuis le début de l’année. Ce rebond a été rendu possible par la hausse des taux d’intérêt. La phase de baisse des taux décidée par la Banque centrale européenne n’a pas provoqué de rechute. Le secteur bancaire italien est, de son côté, engagé dans un processus de concentration qui pourrait bien remodeler l’architecture financière du pays. UniCredit figure parmi les banques les plus performantes d’Europe cette année, avec une hausse de près de 50 % de la valeur de son action. Mediobanca et Banca Generali ont, elles aussi, atteint de nouveaux sommets. En France, Société Générale, longtemps sous-valorisée, connaît un réel regain d’intérêt.
Le rebond boursier des banques européennes témoigne d’une revalorisation structurelle appuyée sur une amélioration tangible des fondamentaux : ratios de solvabilité renforcés, discipline des coûts accrue, gestion des risques professionnalisée. Toutefois, cette dynamique ne saurait être analysée sans prendre en compte l’environnement monétaire et obligataire en mutation rapide. Si la baisse des taux directeurs contribue à soutenir la demande de crédit à court terme, le maintien de taux longs élevés – reflet à la fois de tensions budgétaires persistantes en zone euro et de primes de risque accrues – pourrait produire des effets ambivalents sur les bilans bancaires. D’un côté, les marges d’intermédiation bénéficient d’une pentification modérée des courbes ; de l’autre, une remontée trop brutale des taux longs expose les portefeuilles obligataires à des moins-values latentes et alourdit le coût de refinancement à long terme, notamment pour les banques les plus dépendantes du marché.
Le marché français de l’immobilier professionnel traverse un cycle de recomposition profond. Aux chocs conjoncturels — crise sanitaire de 2020, vague inflationniste — s’ajoutent les effets de mutations structurelles durables : digitalisation, vieillissement démographique, télétravail, flex office.
Longtemps considéré comme le vecteur de croissance de l’immobilier d’entreprise, le segment des bureaux connaît une forte attrition. Le volume des transactions est passé de 27,3 milliards d’euros en 2019 à 17,3 milliards en 2024, soit une chute de 37 %. Cette contraction ne touche pas seulement les immeubles mal situés ou obsolètes : elle affecte aussi les quartiers naguère prisés comme La Défense. Le taux de vacance y dépasse les 15 %, malgré un regain de dynamisme pour les surfaces moyennes (1 000 à 5 000 m²). Seuls les immeubles premium, idéalement situés dans le triangle d’or parisien, conservent leur attractivité.
La demande de bureaux diminue. En six ans, la part de salariés en télétravail est passée de 4,2 % à plus de 23 %, bouleversant les besoins en surfaces. Le flex office permet une réduction moyenne de 30 à 40 % des mètres carrés nécessaires par salarié. La demande placée annuelle, qui dépassait 4,5 millions de m² en 2019, plafonne aujourd’hui autour de 3 millions. L’immobilier obéit à des cycles. Les livraisons de bureaux neufs tendent à intervenir en période de repli, accentuant la pression à la baisse sur les prix.
Face à cette situation, les investisseurs et promoteurs sont contraints de repenser l’offre : davantage de flexibilité, des bureaux connectés, une meilleure performance énergétique, et surtout un repositionnement géographique — vers les hubs intermodaux, les gares, et les centres-villes.
Le commerce : entre défaillances en série et tout-tourisme
Si les cessions de commerces n’ont reculé que modérément (-5 % entre 2019 et 2024), cette relative stabilité masque des fractures géographiques et sectorielles. Les centres-villes moyens et les petites agglomérations voient leur vitalité commerciale se déliter. Le taux de vacance dépasse souvent 10 %, et atteint jusqu’à 15 % dans certaines villes moyennes. À Paris, des artères comme la rue de Rennes ou le boulevard Saint-Michel, autrefois emblématiques, affichent désormais des taux de vacance élevés.
La pandémie de Covid-19 a accéléré une tendance de fond : le recul des commerces non alimentaires, fragilisés par l’essor du commerce en ligne, qui capte aujourd’hui 12 % du retail et génère 175 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Le paysage commercial se reconfigure autour de deux pôles : d’un côté, les enseignes haut de gamme ou spécialisées, solidement implantées dans les quartiers premium ou les centres commerciaux majeurs ; de l’autre, une vague de franchises aux modèles optimisés, devenues omniprésentes (90 588 points de vente pour 88,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024). Les commerces indépendants, eux, peinent à survivre.
Certains segments tirent néanmoins leur épingle du jeu. Les commerces de bouche, notamment les boulangeries se transformant en points de restauration, connaissent un essor. L’hôtellerie demeure dynamique, tout comme les activités touristiques. À l’inverse, le secteur de l’habillement s’effondre : la faillite de nombreuses chaînes de franchises a entraîné la fermeture de centaines de boutiques depuis 2022.
Des friches commerciales en expansion
La dévitalisation commerciale n’épargne plus les grandes métropoles. Marseille, Bordeaux ou même Paris voient se multiplier les friches là où s’élevaient autrefois des vitrines dynamiques. Le modèle des centres commerciaux vacille. Leur nombre est passé de 811 en 2017 à 746 en 2023. Les centres haut de gamme — Parly II, Beaugrenelle — résistent, tandis que ceux de périphérie, mal connectés ou positionnés en gamme intermédiaire, déclinent inexorablement.
Logistique : l’ascension maîtrisée
Dans un contexte d’explosion du e-commerce, la logistique s’affirme comme la grande gagnante de ce cycle. Les ventes d’entrepôts ont bondi de 56 % en six ans, atteignant 10,8 milliards d’euros en 2024. Le triangle logistique des Hauts-de-France, de la région lyonnaise et de PACA concentre l’essentiel des investissements. La demande croissante pour les livraisons du dernier kilomètre, la logistique urbaine et les formats de stockage intelligents soutient cette dynamique. Cependant, le secteur atteint un plateau. La rareté du foncier, les contraintes environnementales et les résistances locales freinent les projets. L’intégration de data centers et de plateformes de livraison représente un potentiel d’expansion, mais la croissance devrait se ralentir dans les années à venir.
Transformation des bureaux en logements : illusion ou solution ?
Face à la vacance structurelle des immeubles tertiaires, les pouvoirs publics et les foncières espèrent transformer les bureaux vides en logements. L’opération menée à Suresnes par Action Logement, avec la création de 73 appartements, symbolise ce changement d’approche. Selon JLL, environ 1,3 million de m² serait potentiellement transformable en Île-de-France, soit l’équivalent de 15 000 logements. Mais cette reconversion se heurte à de nombreux obstacles : coûts élevés, inadéquation des bâtiments avec les usages résidentiels, zones peu adaptées à l’habitat, réticence de certains élus locaux. Le potentiel reste donc limité, et ne saurait à lui seul répondre ni à la crise du logement ni à celle du tertiaire.
L’immobilier professionnel français ne meurt pas, il mue. Ce qui se joue aujourd’hui est bien plus qu’un ralentissement : c’est la redéfinition d’un modèle. Bureaux, commerces, entrepôts… chaque segment est poussé à se réinventer, entre exigence de durabilité, transformation des usages et retour en force de la géographie. Dans ce nouvel écosystème, l’agilité, l’ancrage local et l’innovation seront les piliers de la résilience. L’heure n’est plus à attendre le retour des vieux équilibres, mais à bâtir un immobilier professionnel de nouvelle génération — hybride, connecté, réversible.
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