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La révolution des fonds non cotés en France

Epargne 9 octobre 2024

Les actifs non cotés, qui incluent le capital-investissement, l’immobilier non coté, et les infrastructures, ont connu un essor important dans les années 2010. La hausse des taux d’intérêt a légèrement ralenti leur progression. Jugés moins volatils que les actifs cotés, ils attirent les investisseurs et les épargnants aisés en quête de rendements élevés. Ces derniers acceptent une part de risque plus importante et une moindre liquidité.

Depuis des années, les pouvoirs publics réfléchissent à la démocratisation de cette classe d’actifs. Celle-ci pourrait se concrétiser avec l’obligation, pour les Plans d’Épargne Retraite (PER), d’inclure, dans le cadre de la gestion pilotée, des fonds non cotés à compter du 24 octobre 2024, une première en Europe. Cet élargissement de l’accès aux fonds non cotés vise également à faciliter le financement des entreprises françaises.

Les actifs non cotés : une classe d’actifs en plein essor

Les actifs non cotés sont des placements dans des entreprises, des infrastructures ou de l’immobilier qui ne sont pas échangés sur les marchés financiers publics. Les actifs non cotés comprennent trois principales catégories :

  • le private equity (capital-investissement) ;
  • l’immobilier non coté ;
  • les infrastructures.

L’évolution des actifs non cotés dans le monde au cours des 20 dernières années a été marquée par une croissance importante. Le suivi de l’encours du non coté reste complexe en raison de son caractère hétérogène et de l’absence de cotation. De ce fait, les montants varient d’une source à l’autre.

Au début des années 2000, les actifs non cotés représentaient une part relativement modeste des portefeuilles d’investissement, avec environ 700 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans le private equity mondial. La crise financière de 2008 a accéléré la croissance des actifs non cotés. Alors que les marchés cotés se sont révélés très volatils, les actifs non cotés, notamment dans le capital-investissement et l’immobilier, ont montré une certaine résilience. En 2010, le secteur du private equity atteignait près de 2 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Après la crise, les investissements dans les infrastructures ont augmenté, en particulier grâce aux politiques de relance des gouvernements qui visaient à développer les réseaux de transport et d’énergie. Les infrastructures numériques ont également donné lieu à des partenariats avec le privé, qui a cherché à se financer sur les marchés. Les fonds de pension, les compagnies d’assurances et les investisseurs institutionnels, ainsi que les family offices, ont accru leurs investissements dans le non coté. En 2020, le marché mondial du private equity atteignait environ 5 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Initialement dominé par les États-Unis, le marché du non coté s’est mondialisé et son accès s’est démocratisé dans les années 2020. En 2024, les actifs non cotés, y compris les infrastructures et l’immobilier, pourraient atteindre entre 25 000 et 30 000 milliards de dollars.

Le non coté aux États-Unis et en Europe

Le marché des actifs non cotés aux États-Unis reste le plus développé au monde, représentant entre 55 % et 60 % du marché mondial. Son encours dépasse 8 000 milliards de dollars et croît à grande vitesse. Les fonds levés en 2023 auraient dépassé 1 000 milliards de dollars.

Le Royaume-Uni, malgré le Brexit, reste, en Europe, un acteur majeur du private equity et des actifs non cotés. En 2023, 80 milliards de livres sterling ont été levés par des fonds de capital-investissement. Le secteur immobilier, avec des fonds comme British Land ou Landsec, représente environ 60 milliards de livres sterling investis dans des actifs non cotés, notamment dans l’immobilier commercial. L’encours du non coté au Royaume-Uni dépasserait 11 000 milliards de dollars.

En Allemagne, le capital-investissement est plus modeste en termes de volume par rapport aux pays anglo-saxons, avec des levées de fonds d’environ 25 milliards d’euros en 2023. Cependant, l’immobilier non coté y est un pilier du marché, avec des investissements dans des projets de logements abordables et d’infrastructures urbaines. L’encours du non coté en Allemagne est estimé à environ 2 300 milliards de dollars.

Le non coté en France

En 2023, le volume des actifs non cotés gérés en France dépasserait 4 600 milliards d’euros. Ce montant élevé est lié à l’importance du secteur financier français, dont le champ d’action dépasse les frontières hexagonales. Les flux annuels pour le non coté atteindraient environ 100 milliards d’euros, dont 60 milliards d’euros pour le capital-investissement. Environ 2 000 entreprises françaises bénéficieraient de ces financements, grâce au soutien des investisseurs institutionnels, des fonds familiaux et des gestionnaires d’actifs. Plus de 45 milliards d’euros sont investis dans des bureaux, commerces et résidences spécialisées, et 20 milliards d’euros dans les infrastructures. Le non coté en France affiche une croissance annuelle de 8 % à 12 % depuis une décennie.

Le capital-investissement

Le capital-investissement représente un pilier central des actifs non cotés en France. Sur un total de 60 milliards d’euros, 35 milliards ont été levés par des sociétés de gestion d’actifs. Les investissements se répartissent comme suit :

  • 40 % dans des entreprises en phase de croissance ;
  • 30 % dans des opérations de rachat (LBO) ;
  • 15 % dans des startups ou des entreprises en démarrage ;
  • 15 % dans d’autres secteurs, comme l’immobilier et les infrastructures.

Les secteurs des technologies, des énergies renouvelables et de la santé ont particulièrement attiré les investisseurs en raison de leur potentiel de croissance et de leur rôle dans la transition écologique et numérique.

En 2023, le rendement moyen du private equity en France reste élevé, avec un taux de rentabilité interne (TRI) de 13,3 % sur 10 ans, malgré un contexte économique plus complexe.

L’immobilier

L’immobilier est la deuxième composante majeure des actifs non cotés en France. Les SCPI ont collecté, en 2023, 5,7 milliards d’euros de collecte nette, tandis que le crowdfunding immobilier a levé 1,5 milliard d’euros. Le rendement moyen de l’immobilier non coté oscille entre 3 % et 5 %, le crowdfunding pouvant offrir des rendements supérieurs à 7 %.

Les infrastructures

L’investissement dans les infrastructures non cotées en France a atteint 13,6 milliards d’euros en 2023. Les fonds se concentrent principalement sur les secteurs de l’énergie, des télécommunications, des transports et des infrastructures de santé, avec une part croissante dédiée aux énergies renouvelables. Les fonds infrastructures ont pu offrir, en 2023, des rendements entre 6 et 8 %.

La nouvelle réglementation des PER

À compter du 24 octobre 2024, les PER devront inclure des fonds non cotés dans le cadre de la gestion pilotée. Cette réforme vise à rediriger l’épargne des particuliers vers des investissements productifs, tout en diversifiant les portefeuilles. Les fonds non cotés devraient représenter entre 3 % et 8 % des allocations d’actifs des PER, selon l’horizon de placement.

Cette réforme pourrait permettre une injection supplémentaire de 10 à 15 milliards d’euros dans les actifs non cotés chaque année, favorisant ainsi le financement des PME et des projets d’infrastructures en France.

De nouveaux défis pour les gestionnaires de PER

L’introduction des fonds non cotés dans les PER pose des défis pour les établissements financiers. Ils doivent être capables de gérer potentiellement plusieurs milliards d’euros tout en garantissant une liquidité suffisante pour les souscripteurs, car les actifs non cotés sont moins facilement revendables que les actifs cotés. De plus, la valorisation des actifs non cotés est plus complexe, nécessitant des estimations internes ou des transactions comparables, ce qui peut parfois entraîner une surévaluation ou une sous-évaluation des actifs.

Dans les prochaines années, les actifs non cotés représenteront une part croissante du paysage économique français. Cependant, des défis persistent, notamment en termes de liquidité, de transparence et de régulation. Les nouvelles technologies, comme la blockchain, pourraient jouer un rôle clé dans l’avenir de ces actifs en facilitant leur tokenisation et en augmentant leur liquidité.

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