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La croissance française au temps des montagnes russes

Economie 28 janvier 2022

Après un recul historique de 8 % en 2020, le PIB de la France a enregistré, selon l’INSEE, un gain de 7 % en 2021. Ce taux est le plus élevé enregistré depuis 1950. Malgré tout, le  niveau moyen du PIB en 2021 se situe  1,6 % en deçà de son niveau moyen en 2019. L’économie française a mieux terminé l’année que prévu. Avec la résurgence de l’épidémie, les prévisionnistes avaient craint une quais stagnation de PIB au quatrième trimestre. Les Français ont souhaité se faire plaisir en fin d’année en puisant notamment dans leur Livret A. Le PIB s’est ainsi accru de 0,7 % sur le strois derniers mois, soit 0,3 point au-dessus des attentes.

CDE – INSEE

Un ralentissement attendu de la croissance au quatrième trimestre

Au quatrième trimestre 2021, la hausse du produit intérieur brut (PIB) a été de +0,7 % après +3,1 %. Le troisième trimestre avat été exceptionnel du fait de la réouverture des lieux de loisirs, des bars et restaurants ainsi que de la bonne tenue de la saison estivale. Après avoir retrouvé son niveau d’avant-crise au troisième trimestre (+0,2 % par rapport au quatrième trimestre 2019), le PIB trimestriel l’a dépassé de 0,9 %.

La croissance en fin d’année a été portée par la consommation et par l’investissement. Du fait d’une forte progression des importations, les échanges extérieurs ont contribué négativement à la croissance. La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB a été positive au cours du quatrième trimestre.

Les différentes contributions à la croissance du PIB sont plus homogènes ce trimestre. La demande intérieure finale (hors stocks) contribue à hauteur de +0,5 point, après +3,6 points au trimestre précédent : en particulier, le rythme de croissance des dépenses de consommation des ménages (+0,4 % après +5,6 % au T3 2021) est similaire à celui de la formation brute de capital fixe (FBCF, +0,5 % après +0,1 %).

Les échanges extérieurs, toujours en phase de rattrapage, progressent plus vite que la demande intérieure. La hausse est davantage marquée du côté des importations (+3,6 % après +0,8 %) que des exportations (+3,2 % après +1,7 %). Ainsi, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB est légèrement négative ce trimestre : –0,2 point, après +0,2 point au trimestre précédent.

La production de biens et services poursuit sa hausse au quatrième trimestre

La production totale a augmenté de +0,9 %, après +2,9 % au trimestre précédent. La croissance des services marchands demeure élevé (+1,6 % après +5,0 %). Après le rebond logique lié aux réouvertures, la production en services d’hôtellerie-restauration s’est stabilisé au quatrième trimestre (+0,4 % après + 44,5 % au troisième trimestre), tandis que la croissance de la production demeure vigoureuse dans les branches « information-communication » (+2,9 % après +3,0 %) ou dans les services aux entreprises (+1,2 % après +2,9 %). La production dans la construction diminue quant à elle pour le deuxième trimestre consécutif (–0,6 % après –0,3 %). Le phénomène de rattrapage après le premier confinement s’estompe. Les dépôts de permis de construire sont freinés par le manque de foncier disponible.

Par rapport aux services, la production en biens apparaît relativement plus en retrait. Elle est toujours entravé par les problèmes d’approvisionnement. Elle n’a augmenté que de +0,2 % au quatrième trimestre, faisant suite à une stagnation au troisième. 

Sur l’ensemble de l’année 2021, la production totale s’accroît de +7,4 %,après –8,5 % en 2020. Elle demeure 1,7 % en deçà de son niveau moyen de 2019. La production de biens est loin d’avoir compensé la chute de 2020 en restant à –5,6 % de son niveau moyen de 2019. Le déficit est important pour les matériels de transport (–27,2 % par rapport à 2019). La production de services est, en revanche, proche de son niveau moyen d’avant-crise (–0,5 % par rapport à 2019).

La consommation a retrouvé son niveau d’avant crise

La consommation des ménages a progressé de 0,4 % au quatrième trimestre 2021 après une hausse de +5,6 % au troisième. Elle a ainsi retrouvé son niveau d’avant-crise (+0,0 % en écart au quatrième trimestre 2019). La consommation se maintient dans l’hébergement–restauration (+0,0 % après +59,9 % au troisième trimestre). Elle était inférieur de 1,8  % en deçà de son niveau du quatrième trimestre 2019, celle en services de transport demeure, de son côté, en deçà de 15,9 % de son niveau d’avant-crise. Elle poursuit néanmoins son rattrapage avec un gain de +5,7 % au quatrième trimestre  après une progression de +46,1 % au troisième.

Sur l’ensemble de l’année 2021, le rebond de la consommation des ménages apparaît plus limité que celui de la production, +4,8 % après –7,2 % en 2020. En 2021, la consommation des ménages, est restée pénalisée par la situation sanitaire au premier semestre. Son niveau moyen a été inférieure de 2,7 % à celui de 2019.

Les services informatiques poussent l’investissement vers le haut

La formation brute de capital fixe (FBCF) a enregistré une croissance de 0,5 % au quatrième trimestre 2021 après un gain de 01 ? % au troisième principalement tirée par l’investissement en services informatiques (+3,9 % après +2,8 %). Les entreprises françaises accélèrent leur digitalisation. L’investissement en services marchands a connu une progression de 2,3 % au quatrième trimestre après +1,9 % au troisième. À l’inverse, la FBCF en produits manufacturés  a baissé de –1,2 % après –2,2 % tout comme celle dsu secteur de la construction (–0,4 %, après –0,5 %).

Sur l’ensemble de l’année 2021, la FBCF a connu une hausse de  +11,6 % après –8,9 % en 2020. Elle se situe ainsi 1,7 % au-dessus de son niveau moyen de 2019. Pour les services marchands, l’écart atteint même +9,1 %.

Le commerce extérieur, une augmentation des importations avec le rebond de la consommation en fin d’année

Avec la reprise de la consommation, le commerce extérieur est en croissance. Celle-ci est avant tout due aux importations  qui ont progressé au quatrième trimestre de +3,6 % après +0,8%, les exportations n’augmentant que de 3,2 % après +1,7 %). Les importations en matériels de transport sont en forte hausse (+8,8 % après –6,9 %), tandis que les exportations sont tirées par les services de transport (+13,6 % après –9,4 %), notamment maritime, et les autres produits industriels (+2,7 % après –0,6 %). Les échanges liés au tourisme international renouent avec la croissance  notamment du côté des exportations (+17,3 %, contre +7,7 % pour les importations). Au total, la contribution des échanges extérieurs à la croissance du PIB a été négative a quatrième trimestre (–0,2 point, après +0,2 point au trimestre précédent).

Sur l’année 2021, la contribution du commerce extérieur à l’évolution du PIB est légèrement positive (+0,2 point après –1,1 point en 2020). En moyenne annuelle, les exportations et les importations demeurent en 2021 à un niveau particulièrement dégradé, respectivement inférieures de 8,5 % et 5,5 % à leur niveau moyen de 2019.

Les entreprises ont refait leurs stocks en fin d’année

Dans un contexte inflationniste, de pénuries, et de reprise de la consommation, les entreprises ont regarni en fin d’années leurs stocks. La contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB a été ainsi positive de +0,4 point au quatrième trimestre 2021, après –0,7 point au trimestre précédent. Sur l’année 2021, les variations de stocks contribuent pour –0,1 point à la croissance du PIB.

Etats-Unis, une vive reprise de plus en plus inflationniste

Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a enregistré une croissance de 5,7 % en 2021, sa plus forte hausse depuis 1984, faisant suite au recul de 3,5 % en 2020, la baisse la plus importante constatée depuis 1946. La croissance de 2021 a été  plus forte qu’attendu. La banque centrale américaine (Fed) anticipait un taux de 5,5 % et le Fonds monétaire international (FMI), un taux de 5,6 %.Les dépenses de consommation des ménages, qui représentent près des trois quarts de l’économie américaine, ont augmenté de 7,9 %. Elles avaient chuté de 3,9% en 2020.

Sur le seul quatrième trimestre, la croissance a atteint 6,9 % en rythme annualisé, bien plus qu’attendu par les analystes (5,6 %). Le PIB du quatrième trimestre est, par ailleurs, supérieur de 3,1 % à celui du quatrième trimestre 2019, le dernier avant la pandémie de Covid-19.

En prenant le mode de calcul sur une base trimestrielle utilisé en Europe, la croissance d’octobre à décembre a été, aux Etats-Unis de 1,7 %. En comparant le quatrième trimestre 2021 au quatrième trimestre 2020, comme le fait la Chine par exemple, elle s’est élevée à 5,5 %.

La croissance américaine a bénéficié l’année dernière des plans de soutien des pouvoirs publics qui ont dopé les dépenses de consommation. Dès le deuxième trimestre, la première économie mondiale avait même retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Avec la résurgence de l’épidémie à partir du mois de septembre, la croissance a faibli. Elle devrait continuer de ralentir au premier trimestre 2022 du fait de la diffusion du variant Omicron.

En 2021, les prix à la consommation ont augmenté de 3,9 % ce qui constitue la plus forte hausse depuis 1990, avec une accélération au dernier trimestre (+6,5%), selon l’indice PCE du département du Commerce, privilégié par la banque centrale américaine (Fed). L’autre indice de l’inflation, celui du département du Travail (PCI), publié le 12 janvier, avait fait état d’une inflation de 7 % en 2021, soit la plus forte hausse depuis juin 1982.

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