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Les générations creuses nées dans les années 30 sont de plain-pied dans la période de prévalence de la dépendance. D’ici une douzaine d’années, ce sera au tour des premières cohortes du baby-boom. Même si l’âge d’entrée en dépendance recule, le nombre de personnes concernées devrait, d’ici 2040, doubler. Avec le vieillissement général de la population, les effectifs des aidants bénévoles devraient, quant à eux, diminuer nécessitant l’augmentation du nombre de soignants professionnels, ce qui suppose, au préalable, la mise en œuvre d’un plan de formation. La question de la dépendance s’impose à nous. Or, pour le moment, les pouvoirs publics optent pour la politique de l’autruche, ce qui rendra le réveil d’autant plus difficile. À défaut d’avoir provisionné des ressources, d’avoir favorisé la construction d’établissements spécialisés, d’avoir formé des médecins et des aides-soignants, en 2030, nous serons face à un mur avec à la clef de possibles drames humains et sociaux.
Mais, au-delà de la question sensible de la dépendance, c’est tout notre système de protection sociale qui sera mis sous tension d’ici là. Comme le souligne l’économiste spécialiste de la santé, Jean de Kervasdoué, les dépenses sociales bénéficient aujourd’hui à 75 % aux personnes de plus de 62 ans. Ce ratio est lié au poids des dépenses de retraite qui représentent plus de 320 milliards d’euros mais aussi aux dépenses de santé qui s’élèvent à 200 milliards d’euros. Les affections de longue durée concentrent plus de 60 % des dépenses de santé. À titre de comparaison, les dépenses en faveur de l’emploi ne représentent que 5 % du budget de la protection sociale. Celles en faveur de la formation professionnelle ne s’élèvent qu’à 32 milliards d’euros.
Depuis une quinzaine d’années, les pouvoirs publics ont mis en œuvre une politique de maîtrise des dépenses de santé qui atteint ses limites. Les centres hospitaliers accumulent tout à la fois des pertes de plus en plus importantes et des retards dans la modernisation de leurs installations. Même si la France dispose encore d’un nombre élevé de médecins par rapport à sa population, les déserts médicaux se développent que ce soit en milieu rural ou au sein des grandes agglomérations.
L’égal accès aux soins est un des éléments clefs du pacte social français ; son maintien suppose certainement une refonte de notre système de protection sociale. La technisation accrue de la médecine et l’évolution des modes de vie des médecins généralistes tendent à distendre les liens entre ces derniers et les patients.
Pour franchir avec succès le cap de 2030, il est certainement nécessaire de redéfinir les missions des médecins généralistes, d’instituer des conseillers des familles et des patients leur permettant tout à la fois de gérer les rendez-vous, leur donner des avis et de les rassurer. Remettre de la proximité et de l’humain dans les relations médicales devrait constituer le fil rouge des politiques de santé. Cette mission pourrait incomber aux organismes complémentaires qui pourraient devenir des intermédiaires de premier plan au sein du monde complexe de la protection sociale.
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