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Un fonds indiciel est un véhicule d’investissement collectif dont l’unique objectif est de reproduire la performance d’un indice de référence, que cet indice soit composé d’actions, d’obligations ou de tout autre actif éligible. Il ne s’agit ni de chercher à battre le marché, ni de sélectionner des titres « gagnants », mais simplement d’absorber l’intégralité d’un marché — ou d’un segment de marché — en une seule ligne. Selon la méthode utilisée, la réplication peut être physique (le fonds acquiert effectivement les titres de l’indice selon leur pondération) ou synthétique (via des contrats financiers — swaps — avec des contreparties, permettant d’obtenir la performance de l’indice sans détenir nécessairement tous les titres). Quelle qu’en soit la méthode, la promesse est claire : offrir le retour du marché — et pas plus — à un coût réduit, dans un cadre réglementaire strict.
À tort, les fonds indiciels sont confondus avec les ETF qui ont dans les faits un spectre plus large. Les ETF (Exchange Traded Fund) renvoient à une forme juridique et opérationnelle de fonds (OPCVM ou équivalent UCITS – Undertakings for Collective Investments in Transferable Securities) cotés en Bourse et négociables en continu comme une action. L’ETF permet un prix en temps réel, une liquidité intra-journalière, des ordres classiques et une transparence renforcée. Dans la pratique, environ 97 % des ETF suivent un indice créant une confusion conceptuelle mais, techniquement : des ETF actifs (non indiciels) existent. Par ailleurs, des fonds indiciels non cotés qui ne sont pas des ETF sont proposés en particulier dans le cadre de l’assurance vie.
Pour mesurer l’adoption des ETF en France, l’autorité compétente — Autorité des marchés financiers (AMF) — publie un « tableau de bord des investisseurs particuliers actifs ». En 2024, 509 000 particuliers ont, en France, acheté ou vendu au moins un ETF côté en Europe. En 2023, ils étaient 296 000. Au total, sur l’année 2024, l’AMF a recensé 5,2 millions de transactions sur des ETF effectuées par des investisseurs particuliers, contre 2,8 millions l’année précédente.
D’autres sources estiment à plus d’un million (voire davantage) le nombre de Français détenant des ETF, si l’on prend en compte les porteurs « passifs » (ceux qui n’ont pas nécessairement réalisé une transaction récente).
L’un des atouts majeurs des fonds indiciels est la diversité des actifs accessibles. Les épargnants peuvent avoir accès aux à :
Depuis deux ans, des fonds indiciels crypto ont été créés par des gestionnaires d’actifs américains comme Blackrock. Ces fonds cherchent à répliquer le prix de cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum. En France, les grands établissements — banques, assureurs, gestionnaires d’actifs — n’en proposent pas encore dans les enveloppes classiques d’épargne (assurance vie, PER, PEA) dans l’attente d’une réglementation de l’AMF et de l’ACPR.
Avec les ETF et les ETC, l’investisseur peut, selon son appétence au risque, bâtir une allocation diversifiée, équilibrée, voire thématique, en combinant plusieurs familles d’actifs.
Le succès repose sur plusieurs raisons :
Les ETF sont des supports à risques. Il ne faut pas oublier que l’ETF réplique le marché. Si l’indice sous-jacent baisse, l’ETF le suit sans amortisseur. La diversification « globale » n’élimine pas le risque systémique. À la différence des fonds classiques, il n’y a pas de gestionnaires qui essaieront de limiter la baisse.
Les ETC matières premières, notamment or, ou les ETF sectoriels/ thématiques, peuvent subir des fluctuations puissantes. Les ETC comportent un risque juridique ou de contrepartie plus élevé que les fonds UCITS classiques.
Les fonds indiciels sont purement passifs. Il n’y a pas d’engagement actionnarial. Un investisseur en ETF ne choisit pas les titres, ne contrôle pas l’entreprise. À grande échelle, cela pose des questions sur la gouvernance des sociétés cotées, la diversité des investisseurs, et le rôle actif des actionnaires. La forte croissance des ETF fausse le cours des entreprises en augmentant leur valorisation sans lien direct avec les résultats ce qui peut générer des effets de bulle. À la fin de 2024, les ETF représentaient environ 13 800 milliards de dollars d’encours au niveau mondial. Le marché croît de 25 à 30 % par an, et certaines niches, comme les ETF thématiques, se développent encore plus rapidement.
Le fonds indiciel, incarné par les ETF et les ETC, n’est plus un instrument exotique ou marginal. En quelques années seulement, il a conquis une place dans l’épargne des particuliers français, bouleversant les habitudes, transformant les portefeuilles, démocratisant l’accès aux marchés. Il offre une alternative crédible aux produits d’épargne traditionnels, aux fonds gérés activement, aux logiques de sécurité statique. Il introduit une discipline, une lisibilité, une transparence. Mais ce succès ne doit pas occulter les risques : la gestion passive ne supprime pas l’incertitude, elle l’accepte et la rend collective. Elle ne garantit ni le rendement, ni la sécurité absolue. Elle demande à l’épargnant de rester lucide, informé, prêt à accepter les cycles, les replis, la volatilité. Elle exige de distinguer entre l’indiciel « cœur de portefeuille » constitué d’actions mondiales, d’obligations, dans le cadre d’allocations équilibrées et les stratégies plus aventureuses (matières premières, ETF sectoriels, produits à levier, crypto).
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