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Épargne, retraite, état des lieux 18 mois après le début de l’épidémie

Retraite 9 novembre 2021

3 questions à Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

Le Cercle de l’Épargne avec Amphitéa en partenariat avec AG2R LA MONDIALE a présenté dans le courant du mois d’octobre son enquête annuelle sur l’épargne et la retraite, une enquête réalisée sous la conduite de Jérôme Jaffré par l’IFOP. Sur l’épargne, quelles sont les principales conclusions que vous en avez tirées ?

L’enquête du Cercle de l’Épargne et d’Amphitéa a été réalisée en cette rentrée 2021, rentrée marquée par la fin des mesures sanitaires restrictives et par le rebond économique. Depuis un an et demi, les Français ont épargné des sommes sans précédent, non seulement de manière forcée, avec la fermeture des commerces et des lieux de loisirs mais aussi par précaution, du fait du poids des incertitudes et sanitaires. 157 milliards d’euros ont été, ainsi, mis de côté en plus des montants traditionnellement épargnés. Plus d’un Français sur quatre (27 %) déclare avoir « épargné plus que d’habitude » quand 20 % mentionnent « avoir épargné moins ». Cette césure, qui est confirmée par les statistiques officielles, témoigne que tous les Français n’ont pas vécu la crise de la même façon. Les Français les plus modestes, ceux qui sont en CDD, en intérim ou subissant du temps partiel ont pu voir leurs revenus fondre, ce qui les a empêchés d’épargner. Les ménages les plus aisés, ceux dont les salaires n’ont pas été affectés par l’épidémie, ont épargné des sommes conséquentes, en particulier ceux qui résident en milieu urbain. 43 % des sondés gagnant plus de 4 000 euros par mois ont ainsi épargné. De manière plus surprenante, l’enquête a révélé que les jeunes figurent parmi ceux qui ont accru leur effort d’épargne pendant la crise. Ainsi, 38 % des 18/24 ans et 32 % des 25/34 ans ont indiqué avoir épargné plus que d’habitude, contre seulement 24 % des plus de 50 ans. Évidemment, ce résultat est une moyenne et ne saurait concerner tous les jeunes, mais la fermeture des bars et des restaurants ainsi que celle des principaux lieux de loisirs a affecté en premier lieu les jeunes quand les habitudes des autres catégories d’âge ont été moins touchées.

En cette fin d’année, les Français restent prudents. En priorité, ils veulent conserver leur « épargne covid » mobilisable à tout moment. Depuis le début de la crise, cette épargne a été stockée essentiellement sur les comptes courants dont l’encours dépassait, fin septembre 507 milliards d’euros et sur les livrets, qu’ils soient réglementés ou non. Cette préférence pour la liquidité demeure vive pour 47 % des sondés. Seulement 12 % sont disposés à réallouer cette épargne de court terme sur des placements de long terme. Néanmoins, cette proportion s’élève à 24 % pour les ménages qui ont épargné, beaucoup plus que d’habitude, durant la crise. Les derniers résultats de la collecte du Livret A et de l’assurance vie sont en phase avec les réponses de l’enquête menée par le Cercle de l’Épargne et Amphitéa. Si les Français ne puisent pas, encore, dans leur épargne liquide, en revanche, ils mettent un peu moins d’argent sur leur Livret A. La collecte a retrouvé des niveaux d’avant-crise et sa saisonnalité. Avec les dépenses de rentrée, la collecte a été ainsi étale en septembre pour le Livret A. L’assurance vie a retrouvé son rythme d’avant-crise avec un montant très satisfaisant pour la collecte brute. Ce placement est jugé intéressant par 48 % des Français. Pour ceux qui ont épargné plus que d’habitude, ces derniers mois, cette proportion monte même à 62 %. Dans cette catégorie de Français, 54 % jugent également que les actions constituent un placement attractif. Il est à noter que contrairement aux précédentes crises, la part des unités de compte n’a pas baissé, bien au contraire, au sein de la collecte de l’assurance vie. L’enquête précitée souligne que les sondés ont bien conscience que les actions sont désormais devenues une voie de passage obligée pour obtenir du rendement. Le bitcoin, en raison évidemment de ses forts mouvements de hausse et de baisse, est jugé, surtout, chez les jeunes (20 %), comme un placement rentable. Son caractère hautement spéculatif attire une partie des épargnants prêts à prendre des risques.

La dimension épargne de l’enquête 2021 confirme donc les tendances de fond en faveur des placements « actions », même si la prudence demeure le leitmotiv des épargnants français qui restent attentifs à l’évolution de la situation économique et sanitaire.

Sur les retraites, le niveau d’inquiétude des Français demeure-t-il élevé et quel est leur état d’esprit concernant la réforme qui a été suspendue en raison de la crise sanitaire ?

Les Français restent majoritairement inquiets, tant sur le plan individuel que collectif. Au mois de septembre 2021, 64 % des sondés estimaient que leurs pensions sont ou seront insuffisantes pour vivre correctement. Certes, au mois de février 2020, ils étaient 72 % à le penser. Cette légère décrue est certainement imputable au retrait de la réforme qui avait extrémisé les jugements. Elle ne saurait, néanmoins, masquer le fait que 73 % des femmes et 74 % des personnes dont les revenus sont inférieurs à 2 000 euros estiment que leurs pensions ne suffisent pas ou ne suffiront pas pour vivre convenablement. Par ailleurs, 64 % des Français estiment que d’ici quelques années, le système de retraite fera faillite si aucune réforme importante n’est entreprise. Cette proportion monte à 69 % chez les moins de 25 ans et à 70 % chez les plus de 65 ans. Un système par répartition n’est pas censé faire faillite, les cotisations prélevées sur les actifs étant reversées aux retraités. Le sentiment des Français témoigne néanmoins d’un réel doute sur la capacité de notre système de retraite à fournir des pensions correctes dans les prochaines années. L’idée d’un effondrement total, d’un collapse du système de protection sociale, est amplement partagée. Malgré ce jugement tranché, aucun consensus n’existe en matière de réforme. 51 % des sondés sont opposés à toute mesure d’âge, qu’il s’agisse de l’allongement de la durée de cotisation ou du report de l’âge légal. Si, selon le baromètre du Cercle de l’Épargne et Amphitéa de 2018, 53 % des sondés étaient favorables à l’instauration d’un système unique de retraite, ils ne sont plus que 47 % en 2021. 32 % des Français sont prêts à accepter des règles identiques pour les différents régimes, sous réserve que les spécificités propres à chaque régime soient maintenues. Il faut également souligner que 21 % des Français veulent le statu quo, soit 8 points de plus qu’il y a trois ans. Les femmes et les ménages les plus modestes sont les plus opposés à l’instauration d’un système unique à la différence des retraités. Le long processus d’élaboration du projet de loi a provoqué la cristallisation des oppositions au point que même les potentiels gagnants ne le soutiennent plus.

L’enquête 2021 souligne avec netteté les contradictions de la société française sur le sujet des retraites. L’absence de consensus rend la reprise de la discussion du projet de loi mis en suspens au mois de mars 2020 délicate. Le rejet de toute mesure d’âge constitue un point d’écueil pour tout Gouvernement au moment où la Cour des Comptes, dans un rapport publié au mois d’octobre dernier, souligne que des mesures sont nécessaires pour rééquilibrer un système en déficit structurel.

Les Français épargnent-ils toujours pour leur retraite ? Deux ans après le début de la commercialisation du Plan d’Épargne Retraite, quel est le jugement des Français vis-à-vis de ce produit ?

Au mois de septembre 2021, une petite majorité de Français épargne pour sa retraite, 51 %. Ce ratio est en baisse par rapport aux années précédentes. Il s’élevait à 61 % en février 2019. Avec la crise sanitaire, les Français ont avant tout privilégié l’épargne de précaution. Cette préférence est assez marquée parmi les sondés gagnant plus de 4 000 euros par mois. S’ils étaient 78 % à épargner, en 2019, en vue de la retraite, ils ne sont plus que 63 % en 2021. Ce phénomène est certainement temporaire, en lien avec l’épidémie qui a modifié de nombreux repères. Malgré ce contexte très particulier, le Plan d’Épargne Retraite, commercialisé quelques mois avant le début de l’épidémie, a réussi son entrée dans le monde des produits d’épargne. Il est déjà, selon l’enquête du Cercle de l’Épargne et d’Amphitéa, connu par 32 % des Français. Sa notoriété est proportionnelle au niveau de revenus. 51 % des sondés gagnant plus de 4 000 euros par mois en ont entendu parler contre 28 % parmi ceux qui gagnent moins de 2 000 euros. Parmi les Français qui épargnent très régulièrement pour leur retraite, 40 % sont prêts à souscrire un PER ou l’ont déjà fait. Cette proportion monte à 55 % chez ceux qui ont déjà un produit d’épargne retraite.

Le Plan d’Épargne Retraite confirme qu’il répond bien à une attente de la part des ménages, en particulier chez les cadres et les indépendants. Il les séduit avec ses multiples possibilités de sortie et son régime fiscal incitatif.

A lire dans le Mensuel N°91 de novembre 2021

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