menu

Accueil > Actualités > Epargne > 2023 > Épargne, comment bien gérer la fin de l’année ?

Épargne, comment bien gérer la fin de l’année ?

Epargne 9 octobre 2023

Questions à Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne

En cette fin d’année 2023, quels sont les conseils que vous pouvez donner aux épargnants, en particulier sur le plan fiscal ?

La fin d’année se rapprochant, les épargnants doivent penser à effectuer leurs arbitrages afin de bénéficier des réductions et déductions fiscales applicables à certains placements, dont le Plan d’Épargne Retraite. Ils ont, en effet, jusqu’au 31 décembre pour alléger le montent de leur impôt sur les revenus de l’année 2023. Ils ont tout intérêt à s’y prendre avant le 20 décembre afin de s’assurer du traitement en date et en heure de leurs opérations. Les produits offrant des avantages fiscaux sont nombreux. Peuvent être ainsi cités, les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI), les Fonds d’Investissement de Proximité (FIP) ou Les Sociétés de Financement de l’Industrie Cinématographique et de l’Audiovisuel (SOFICA). Les versements sur ces produits ouvrent droit à des réductions d’impôt. L’ensemble de ces allégements fiscaux dont bénéficie le contribuable ne doit pas dépasser 10 000 euros. L’épargnant peut également opter pour des versements sur un Plan d’Épargne Retraite. Ces versements donnent lieu non pas à une réduction d’impôt mais à une déduction d’impôt sur le revenu imposable. De ce fait, l’avantage fiscal n’est pas soumis au plafonnement des 10 000 euros. Le plafond fiscal du PER est fixé en 2023 à :

  • 10 % des revenus professionnels de 2022, nets de cotisations sociales et de frais professionnels, avec une déduction maximale de 35 194 € ;
  • ou 4 114 € si ce montant est plus élevé.

Cet avantage fiscal est d’autant plus intéressant que le taux marginal d’imposition est élevé. Ainsi, un contribuable dont le taux marginal au titre de l’impôt sur les revenus est de 41 %, qui réalise un versement de 10 000 euros sur un PER ouvre droit à une diminution de l’impôt de 4 100 euros.

N’y a-t-il pas un danger à ne se focaliser que sur l’avantage fiscal ? Pour quelles autres raisons, le PER peut constituer un placement intéressant ? Quels sont les atouts du PER ?

L’avantage fiscal ne fait pas tout. Il ne doit pas servir de palliatif à un mauvais rendement. L’objectif d’un produit d’épargne est, en contrepartie d’une renonciation à la consommation, d’offrir à son titulaire une rémunération attractive. L’épargnant doit sélectionner avec attention les produits comportant des niches fiscales pour éviter des déceptions au bout de quelques années. Le PER assurance qui fonctionne comme un contrat d’assurance vie permet de mixer entre différents supports, les fonds euros offrant une garantie de capital et les unités de compte qui dépendent de l’évolution des marchés. Les compagnies d’assurances proposent, en règle générale, un grand nombre d’unités de compte. Elles peuvent représenter des parts de fonds obligataires, actions, immobiliers, indiciels, etc. Ces fonds peuvent investir sur une région économique déterminée ou sur plusieurs. Ils peuvent privilégier tel ou tel secteur d’activité, les entreprises cotées ou non cotées. Des fonds structurés offrant, sous certaines conditions, des garanties de rendement sont également proposés aux titulaires. Les assureurs doivent également faire figurer sur la liste des unités de compte accessibles un fonds ISR, un fonds Finansol et un fonds vert.

Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, de ralentissement de la croissance et de montée du protectionnisme, que préconisez-vous en cette fin d’année en matière de placements ?

Compte tenu du haut niveau d’incertitudes, l’humilité est de rigueur. Le processus de hausse des taux d’intérêt semble toucher à sa fin tant aux États-Unis qu’en zone euro. Une voire deux, mais c’est moins probable, hausses des taux directeurs sont encore imaginables de part et d’autre de l’Atlantique. Avec certes un peu de retard par rapport aux prévisions initiales, ce processus initié pour lutter contre l’inflation commence néanmoins à porter ses fruits. Il a comme conséquence logique un ralentissement de l’activité. Ce dernier est plus marqué en Europe aux États-Unis car la première, plus touchée par les effets de la guerre en Ukraine, a été privée de l’accès au gaz et au pétrole russes. Elle est également plus exposée que les seconds aux augmentations de taux, les financements de l’économie s’opérant essentiellement par le canal bancaire. Aux États-Unis, le financement s’effectue avant tout par les marchés financiers. Les taux d’intérêt devraient rester sur un plateau durant l’année 2024, avant une éventuelle décrue en 2025. Leur hausse depuis le milieu de l’année 2022 a été brutale mais les taux n’ont fait que revenir à leur niveau du milieu des années 2000. En termes réels, après prise en compte de l’inflation, ils restent faibles. Les taux devraient rester, dans les prochaines années, supérieurs à leur niveau exceptionnellement bas des années 2010.

En termes de placement, la hausse puis la stabilisation des taux devraient donner un avantage aux produits obligataires, surtout si l’inflation décroît. Les SICAV monétaires qui avaient perdu tout attrait retrouvent quelques couleurs. La prudence est, en revanche, de mise au niveau des actions qui ont atteint, ces derniers mois, des niveaux élevés. Elles ont bénéficié de la bonne tenue des résultats des entreprises et la capacité de ces dernières à répercuter l’inflation sur leurs prix finaux. Elles ont ainsi réussi à sauvegarder leurs marges. La forte croissance du secteur du luxe et la passion pour l’intelligence artificielle ont soutenu les cours. Le ralentissement de la croissance et la hausse des salaires en raison de l’inflation et des pénuries de main-d’œuvre pourraient pénaliser les entreprises. Le cours des actions pourrait subir des arbitrages en faveur des obligations, sachant que les besoins de financement des administrations publiques sont élevés. À noter que l’économie américaine connaissant une croissance bien plus élevée que celle de la zone euro, les actions américaines sont toujours recherchées. A contrario, la zone asiatique pourrait être pénalisée par les déboires de l’économie chinoise.

L’immobilier est sujet à de nombreuses interrogations. Certains avancent l’idée d’un krach quand d’autres estiment que la correction sera faible et de courte durée. La hausse des taux d’intérêt pénalise évidemment le secteur du neuf. Le nombre de constructions est en fort recul. Les normes environnementales et la raréfaction du foncier, du fait de la mise en place progressive de la zéro artificialisation, contribuent par ailleurs à renchérir les coûts de construction. Si actuellement, les parts de SCPI se déprécient, après avoir connu une forte valorisation ces dernières années, à moyen terme, certaines d’entre elles pourraient rebondir. Après avoir été durement affecté par la crise sanitaire et avoir connu plusieurs faillites, le secteur du commerce de détail semble bénéficier d’un nouvel élan. La difficulté croissante de création de nouveaux centres commerciaux contribue à améliorer l’attractivité des existants. Le retour à la normale du tourisme international est un point positif pour le commerce de détail et tout particulièrement pour le luxe. Au niveau des bureaux, l’essor du télétravail limite les besoins des entreprises en bureaux, ce qui pourrait entraîner une sous-occupation et peser sur le rendement des SCPI. Dans le même temps, les entreprises souhaitent disposer de bureaux répondants aux nouvelles normes environnementales et adaptées aux nouveaux modes d’organisation (salles de réunion, espaces modulables, etc.). Ces besoins permettent de maintenir un dynamisme sur le marché des bureaux. Au niveau de la logistique, une consolidation du secteur est attendue. La croissance du e-commerce se ralentit, ce qui devrait aboutir à limiter les besoins des grandes plateformes de vente en ligne.

En matière de placements, en cette fin d’année, les règles traditionnelles demeurent toujours d’actualité : diversifier son portefeuille, prendre régulièrement ses plus-values, solder les moins-values sans espoir de rebond, se faire conseiller.

Partagez cet article

Suivez le cercle

recevez notre newsletter

le cercle en réseau

contact@cercledelepargne.com