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Au cours du premier semestre, Le Livret A a enregistré record sur record avec 26 milliards d’euros de collecte nette et un encours de 401 milliards d’euros. Ce dernier est plus élevé que ceux de l’épargne retraite et est quatre fois supérieur à celui du Plan d’Épargne en Actions. Le succès de ce produit repose sur un triptyque bien connu : sécurité, liquidité, et absence de fiscalité. Il bénéficie d’une médiatisation hors pair grâce à sa large diffusion (plus de 56 millions de Livrets A sont en circulation) et à son taux unique fixé par le gouvernement. Sans équivalent à l’étranger, ce produit de court terme est devenu le maître étalon de l’épargne française. Les responsables politiques font mine de s’en étonner ou de s’en inquiéter tout en appelant de leurs vœux la création de nouveaux livrets défiscalisés. Que ce soit pour financer l’industrie, la défense ou la transition énergétique, la création de livrets de court terme serait la solution miracle. Le Livret A, en permettant la transformation de ressources courtes en emplois de long terme, est digne d’un alchimiste. Sur moyenne période, l’épargnant ne sort pas gagnant de cette transformation. Bien souvent, ce dernier n’utilise pas le Livret A comme un produit d’épargne de précaution en y laissant dessus ses liquidités durant plusieurs années. Il aurait tout avantage à recourir à des produits de long terme qui seraient par ailleurs moins coûteux pour l’économie. La médiatisation sur le Livret A cultive l’aversion aux risques des Français qui se privent d’une épargne plus rentable. Interrogé récemment par la Mission d’information relative à la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes à l’Assemblée nationale, je m’étonnais de la difficulté pour les Français d’accéder à des produits d’épargne convenablement rémunérés en lien avec le non-coté et les fonds d’infrastructure. À l’étranger, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, les épargnants peuvent souscrire à des produits conciliant sécurité et rendements supérieurs à ceux proposés à travers l’épargne réglementée. Il y a une ardente nécessité à démocratiser l’accès à ce type de produits en simplifiant la réglementation. Aujourd’hui, les tickets d’entrée pour les produits attractifs sont élevés, les rendant inaccessibles aux classes moyennes. La création d’un véritable marché de capitaux unifié au sein de la zone euro avec des opérateurs pouvant le couvrir totalement devrait constituer une priorité. En proposant des produits européens, l’effet de mutualisation réduira les risques. La possibilité de les vendre dans les vingt pays de la zone sera, par ailleurs, une source d’économies pour les professionnels de la finance. Aux États-Unis, la profondeur de marché constitue une des raisons du succès du non-coté auprès des épargnants.
Depuis plus de quarante ans, les pouvoirs publics appellent de leurs vœux le développement d’une épargne investie en actions, des SICAV Monory au Plan d’Épargne Retraite (PER). L’ensemble des initiatives prises n’ont pas été vaines, comme en témoigne le succès du PER depuis sa création en 2019. Il est important que ce dernier puisse, comme l’assurance vie, servir de vecteur à des produits innovants contribuant réellement à financer les entreprises et en particulier leur transition énergétique.
Jean-Pierre Thomas
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