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Dépendance, la question du maintien à domicile

Prévoyance 9 janvier 2024

Plus d’un Français sur trois aura plus de 60 ans dès 2030. La génération des « baby-boomers », celle des 75-84 ans, devrait, pour sa part, augmenter de moitié. Celle des plus de 80 ans tripler. Dix ans plus tard, en 2040, 15 % de la population seront âgés de 75 ans ou plus, contre à peine 6 % en 1990. La probabilité de perte d’autonomie augmente avec l’âge.

Parmi les personnes vivant à leur domicile, 3 % sont en situation de perte d’autonomie entre 60 et 74 ans, 9 % entre 75 et 84 ans et 30 % parmi celles de 85 ans ou plus. En 2050, 2,2 millions de personnes âgées seront très dépendantes, contre 1,3 million aujourd’hui. À la demande des familles, la priorité est donnée au maintien à domicile. En 2021, en France, 7,3 % des personnes âgées de 60 ans ou plus en perte d’autonomie sont prises en charge à leur domicile, soit 1 270 000 personnes. Le nombre de seniors en institutions reste stable malgré le vieillissement, autour de 700 000.

L’adaptation des logements aux personnes âgées dépendantes sera l’un des défis majeurs des prochaines années. Tous les départements ne sont pas égaux en la matière. La part de seniors à domicile en perte d’autonomie varie, selon les départements de 4 % à 12 %. Dans 16 départements, plus de 9 % des seniors vivant à domicile sont en perte d’autonomie, soit une part significativement plus élevée que la moyenne nationale. Les quatre départements d’outre-mer historiques (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion) sont dans cette situation ainsi que la Seine-Saint-Denis, la Corse-du-Sud, les Bouches-du-Rhône, de plusieurs départements d’Occitanie, des Hauts-de-France, et de deux départements à l’est de la région Nouvelle Aquitaine. À l’inverse, dans 20 départements situés notamment en Bretagne et sur une diagonale allant de la Normandie aux Alpes, moins de 6 % des seniors vivant à domicile sont en perte d’autonomie, soit une part inférieure à la moyenne nationale.

Pauvreté, dépendance et état de santé

Dans la quasi-totalité des départements ayant une part élevée de seniors en perte d’autonomie à domicile, la pauvreté monétaire y est supérieure au niveau national. Dans les départements d’outre-mer et en Seine-Saint-Denis, le taux de pauvreté est particulièrement élevé et, à âge comparable, la part de seniors en mauvais ou très mauvais état de santé peut être jusqu’à deux fois supérieure à la moyenne nationale.

Les personnes modestes vivent en effet dans des conditions de vie plus précaires (de logement, d’alimentation, etc.) et ont plus souvent certaines pratiques à risque (tabagisme ou alcoolisme). Les difficultés financières peuvent aussi conduire à renoncer à certains soins et à certaines dépenses de prévention. Une santé défaillante peut freiner la poursuite d’études ou l’exercice d’un emploi, et donc limiter les revenus. Ces difficultés tout au long de la vie augmentent le risque de perte d’autonomie passé 60 ans.

Le maintien à domicile est parfois plus subi que volontaire. L’offre restreinte de places d’hébergement pour personnes âgées dépendantes conduit à ce que davantage de seniors en perte d’autonomie vivent à leur domicile. Cette situation prévaut dans les départements où plus de 9 % des seniors vivant à leur domicile sont en perte d’autonomie. En Guadeloupe, Martinique, Guyane, à La Réunion et en Corse, l’offre varie de 35 à 53 places pour 1 000 personnes de 75 ans ou plus, contre 115 au niveau national en 2021. Pour les autres départements, l’offre de places en institutions est plus variable, s’échelonnant de 81 à 196 places pour 1 000 personnes de 75 ans ou plus.

Avantage au milieu urbain pour le maintien à domicile

En 2021, 7,7 % des seniors à domicile vivant dans une commune urbaine sont en situation de perte d’autonomie, contre 6,7 % dans une commune rurale. Ce léger écart s’explique notamment par des caractéristiques différentes des populations qui y résident. Le taux de pauvreté est plus élevé dans les communes urbaines (17 %, contre 11 % dans les communes rurales). Les seniors y sont un peu plus âgés que dans les communes rurales (six mois de plus en moyenne) et les femmes y sont un peu plus représentées (57 % des seniors à domicile sont des femmes en milieu urbain, contre 53 % dans le rural).

En secteur urbain, l’accès aux soins ou à de l’aide sociale peut faciliter le maintien à domicile quand en zone rurale, la solution de l’hébergement collectif apparaît comme plus facile pour les familles. Qu’ils résident dans une commune urbaine ou une commune rurale, les seniors en perte d’autonomie reçoivent presque tous de l’aide (98 %). Il s’agit à la fois d’une aide professionnelle (77 %) et/ou une aide de l’entourage (91 %). Dans le rural, en revanche, la disponibilité des professionnels est moindre et le coût des transports y est plus élevé.

Dans les communes urbaines, 168 équivalents temps plein d’infirmiers et d’infirmières sont accessibles pour 100 000 habitants, contre 130 dans les communes rurales, et 4,1 consultations de médecins généralistes sont disponibles par an et par habitant, contre 3,2 dans les communes rurales. La politique de maintien à domicile suppose au préalable la réalisation de travaux d’adaptation des logements. Or, pour une personne âgée de plus de 75 ans, de tels travaux sont à la fois difficiles à réaliser et coûteux. Les familles sont de leur côté peu enclines à investir dans les travaux d’amélioration des logements de leurs aînés. Par ailleurs, le manque de professionnels du bâtiment capables de conduire de tels travaux constitue un réel problème. Le maintien à domicile suppose la présence de réseaux de soins efficaces. Or, de moins en moins de médecins réalisent des visites et le nombre d’infirmiers est insuffisant.

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