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Démographie, inflexions ou ruptures, quelles conséquences pour les régimes de retraite ?

Retraite 7 mai 2021

Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), pour son rapport annuel 2021, a procédé à une révision de ses prévisions démographiques qui sont utilisées pour apprécier l’évolution financière des régimes de retraite jusqu’en 2070. Le COR a pris en compte les résultats démographiques des cinq dernières années marquées par une moindre progression de l’espérance de vie et par une baisse du taux de fécondité. Cette révision a des conséquences limitées sur le solde des régimes de retraite qui dépend avant tout de la situation économique.

Les dépenses de retraite dépendent de l’espérance de vie notamment à 60 ans qui détermine le nombre de retraités. Le nombre d’actifs conditionne le montant des cotisations. Il est lié au taux de fécondité, les enfants d’aujourd’hui devenant les travailleurs de demain et au solde migratoire.

Une rupture dans les gains d’espérance de vie

Avant même la crise sanitaire, un changement de trajectoire en ce qui concerne l’espérance de vie avait été constaté. Les femmes gagnaient en moyenne 1,4 année de vie à 60 ans par décennie entre 2000 et 2013. Entre 2013 et 2019, elles n’en gagnent plus que 0,7, soit la moitié. Pour les hommes, la diminution est un peu moins prononcée, 1,8 année gagnée par décennie entre 2000 et 2013 contre 1,0 entre 2013 et 2019.

Même s’il est trop tôt pour apprécier ses effets sur la durée, la crise COVID a entraîné une baisse de 6 mois pour les femmes et de 8 mois pour les hommes de l’espérance de vie à 60 ans. Les conséquences de cette pandémie sur le moyen et le long terme dépendront de nombreux facteurs et en premier lieu de sa durée. Comme en 2003, un rebond d’espérance de vie pourrait intervenir dans les prochaines années, le virus ayant anticipé le décès de personnes fragiles. L’attention portée aux seniors peut, par ailleurs, contribuer à l’augmentation de leur espérance de vie. A contrario, l’épidémie pourrait avoir des effets négatifs sur l’espérance de vie à moyen terme en raison du report de certaines opérations ou des retards pris en matière de diagnostics. Enfin, elle pourrait, du fait des confinements et des mesures sanitaires, accroître les problèmes psychiques au sein notamment de la population la plus âgée.

Par rapport aux trois scenarii établis pour la période 2013/2070 par l’INSEE, le COR retient désormais l’hypothèse basse de l’institut statistique. L’espérance de vie à la naissance des femmes à l’horizon 2070 retenue serait de 90 ans, contre 93 ans dans le scénario central. Pour les hommes, elle serait de 87,1 ans contre 90,1 ans.

Une baisse du taux de fécondité

Entre 2006 et 2014, l’indice de fécondité était stable autour de 2, sachant que le renouvellement des générations est assuré à 2,1. Depuis 2015, cet indice est en baisse. Il n’était plus que de 1,83 en 2020. Comme pour l’espérance de vie, l’hypothèse basse de la projection de l’INSEE est retenue (1,80 enfant par femme, contre 1,95 enfant par femme dans l’hypothèse centrale). La pandémie de Covid a accéléré cette tendance. De mars à décembre 2020, les naissances ont été inférieures de 13 % à celles constatées sur la même période de 2019. Pour le moment, nul ne sait si cette chute perdura ou si elle est purement conjoncturelle.

Un flux migratoire difficile à apprécier

Concernant le solde migratoire (la différence entre les entrées et les sorties du territoire), le COR constate des fluctuations très fortes d’une année sur l’autre. S’il a diminué de 2006 à 2011, il évolue désormais au sein d’une large fourchette. Après +32 000 personnes point bas en 2014 il est passé à +155 000, point haut en 2017. Compte tenu du haut niveau d’incertitudes dans ce domaine, le COR a préféré maintenir l’hypothèse centrale des projections démographiques 2013-2070, soit +70 000 personnes par an.

Des effets contradictoires sur les dépenses de retraite

Ces ajustements provoquent des effets dominos sur les grands ratios démographiques qui interviennent sur l’appréciation des dépenses de retraite. À terme, la baisse de la fécondité amène une diminution du nombre de personnes en âge de travailler. En revanche, les moindres gains d’espérance de vie freinent la progression du nombre de retraités.

Alors que le nombre de cotisants progresserait de façon continue jusqu’en 2070 avec les hypothèses démographiques centrales, il serait en baisse à partir du milieu des années 2040 avec les nouvelles hypothèses, date à laquelle les enfants à naître seraient en âge d’être actifs. À l’horizon 2070 de la projection, l’écart serait de 6,2 % avec les nouvelles hypothèses démographiques. Si la moindre progression de la population active réduit le potentiel de la croissance, le rapport entre le nombre de cotisants et celui des retraités de droit direct serait quasiment inchangé (1,3 à l’horizon 2070, quelles que soient les hypothèses de fécondité et d’espérance de vie), à âges de départ à la retraite inchangés. D’un côté, le nombre de cotisants serait moins élevé de 6,2 % et de l’autre, le nombre de retraités serait plus faible de 1,6 million (soit -7,1 %), principalement en raison des hypothèses de mortalité.

Selon le COR, la part des dépenses de retraite dans le PIB serait plus faible de 0,1 point à 0,2 point jusqu’au milieu des années 2050 par rapport aux prévisions initiales, puis cette tendance s’inverserait, avec une part des dépenses de retraite dans le PIB plus élevée de 0,2 point à horizon 2070. Sur l’ensemble de la période de projection, la part des dépenses de retraite serait toujours en baisse et passerait ainsi de 13,6 % en 2019 à 12,9 % en 2070.

Entre 2020 et 2055, les dépenses en réel progresseraient au rythme de 1,1 % en moyenne par an en prenant en compte les nouvelles hypothèses démographiques, contre 1,3 % avec les hypothèses centrales, en raison d’une mortalité plus élevée. Le PIB en volume progresserait quant à lui de façon moins dynamique sur cette période (1,6 % contre 1,7 %) en raison des hypothèses de fécondité. À partir de 2055, les effets de la fécondité seraient de plus en plus visibles sur le PIB qui n’augmenterait plus que de 1,2 % en moyenne par an en volume (1,4 % avec les hypothèses démographiques centrales), soit au même rythme que les dépenses de retraite, même si celles-ci continueraient à progresser un peu moins lentement en raison de la mortalité plus élevée. La part des dépenses de retraite resterait ainsi quasi stable.

Compte tenu des nouvelles hypothèses de mortalité, la pension moyenne des retraités de droit direct serait plus élevée de 2,2 % en 2070. Le montant des pensions qui sont, au mieux, indexées sur l’inflation, évolue moins vite que les salaires moyens et le PIB. Avec des décès plus précoces, le poids des pensions des retraités les plus âgées et donc subissant l’écart cumulatif le plus important par rapport aux revenus d’activité est moins élevé.

Les nouvelles hypothèses démographiques dégraderaient légèrement, selon le COR, le solde du système de retraite exprimé en points de PIB. Par rapport à l’ancien scénario, à l’horizon 2070, le déficit serait accru 0,2 point de PIB. Dans le scénario le plus sombre, les pertes, en 2070 pourraient atteindre 0,7 % du PIB.

A lire dans le Mensuel N°85 du Cercle de l’Epargne

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