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Croissance française : l’art de la résilience

Economie 21 juin 2019

L’INSEE dans sa note de conjoncture du mois de juin reste relativement optimiste et ne prend pas le parti d’une entrée prochaine en récession. L’institut de conjoncture que la croissance française devrait atteindre cette année 1,3 % grâce au rebond de la consommation, cette dernière bénéficiant de l’amélioration sensible du pouvoir d’achat de ménages.

L’économie française garderait un rythme de croissance de l’ordre de +0,3 % par trimestre jusqu’à la fin de l’année. La consommation des ménages augmenterait de 0,4 % par trimestre. Sur l’ensemble de l’année, elle s’accroitrait de 1,3 % contre +0,9 % en 2018. En revanche, la croissance de l’investissement des entreprises serait en repli avec un gain de 3,3 % pour cette année contre 3,9 % en 2018 et de 5 % en 2017.  

Une hausse sensible du pouvoir d’achat

Avec le repli de l’inflation qui a brièvement dépassé les 2 % en 2018, les ménages profitent d’une progression de leur niveau de vie d’autant plus que certains d’entre eux ont bénéficié des mesures annoncées par le Président de la République.

D’ici la fin de l’année, l’inflation d’ensemble fluctuerait entre +1 % et +1,5 %, malgré les hausses prévues des tarifs réglementés de l’électricité en juin et du tabac en novembre. L’inflation sous-jacente évoluerait un peu en dessous de +1 % durant la même période.

Le dispositif de prime exceptionnelle proposée après la crise des gilets jaunes a eu comme conséquence une augmentation de 1 % du salaire moyen dans le secteur marchand. Plus de 2 milliards d’euros ont été versés par les entreprises entre fin décembre et mars. En revanche, au deuxième trimestre, la masse salariale serait en repli du fait d’un retour à la normale. En revanche, l’INSEE s’attend à une augmentation du salaire moyen au cours du second semestre (croissance de 0,5 % par trimestre).

L’INSEE compte toujours sur une décrue du taux d’épargne qui au premier trimestre 2019 a dépassé 15 % du revenu disponible brut. Cette baisse se reporterait essentiellement sur la consommation. Malgré tout, certaines interrogations se font jour sur le comportement des ménages qui conserveraient une poche plus importante d’épargne de précaution.

Pour l’ensemble de l’année, le salaire moyen, en termes réels, augmenterait de 0,8 % en 2019 après +1,7 % en 2018 comme en 2017. En prenant en compte l’évolution des prestations sociales et des prélèvements obligatoires, en moyenne, le revenu disponible brut des ménages croîtrait de +3,4 % après 2,7 % l’année précédente. Les gains de pouvoir d’achat  seraient de +2,3 %, après +1,2 % en 2018.

Une croissance portée par les services

La croissance reposerait avant tout sur le secteur tertiaire, l’industrie et la construction serait plutôt à la traîne. Les exportations françaises. En moyenne en 2019, les exportations poursuivraient leur ralentissement engagé depuis deux ans (+2,5 % après +3,5 % en 2018 et +4,0 % en 2017). Les importations après avoir connu une pause durant l’hiver dernier en raison de la faiblesse de la consommation enregistrerait une progression assez vive durant le second semestre. Pour l’ensemble de l’année, elles augmenteraient de 2,8 % après +1,2 % en 2018. Dans ces conditions, la contribution du commerce extérieur à la croissance redeviendrait légèrement négative en 2019 (–0,1 point) après avoir été un soutien fort à la croissance en 2018 (+0,7 point).

L’investissement, une moindre contribution à la croissance

Dans un contexte économique plus incertain, les entreprises restreignent un peu leurs dépenses d’investissement. Mais, les faibles taux d’intérêt les incitent malgré tout à poursuivre leurs projets de modernisation. De ce fait, la croissance de l’investissement en services ralentirait en 2019 passant de 5,5 à 4,2 % de 2018 à 2019 Celles en produits manufacturés décélérerait au second semestre après un début d’année dynamique. Il croîtrait de +3,7 % en 2019, après +2,0 % en 2018. En raison des prochaines élections municipales prévues en 2020, l’investissement des administrations publiques serait en hausse avec un gain de 2,9 % après +2,4 % en 2018.

L’investissement des ménages poursuivrait sur l’ensemble de l’année son processus de baisse avec un repli de l’ordre de –0,1 % à –0,3 % par trimestre. La tendance à la baisse des mises en chantier pèse toujours sur l’investissement en bâtiment et  n’est pas compensée par l’accroissement modeste de l’activité d’entretien et d’amélioration. Par ailleurs, le volume des transactions de logements anciens demeure élevé mais n’augmente plus, conduisant à une stagnation du niveau d’investissement des ménages en services. En variation annuelle, le ralentissement de l’investissement des ménages en 2019 conduirait à un repli de 0,3 % après +2,0 % en 2018 et +6,6 % en 2017.

La poursuite de la réduction du chômage

Malgré le ralentissement de la croissance, l’économie française continue de crée un nombre important d’emplois. Au premier trimestre 2019, le nombre d’emplois marchands a augmenté de 92 000 avec notamment 8000 postes supplémentaires en intérim. L’emploi industriel a également renoué avec la croissance et les créations dans la construction sont demeurées dynamiques. D’ici la fin de l’année, les créations d’emploi marchand se poursuivraient au rythme de +40 000 par trimestre, comparable à celui observé en 2018.

Au total, l’emploi salarié marchand non agricole croîtrait de 213 000 après 167 000 en 2018 et 323 000 en 2017. Après une réduction en 2018, le nombre de bénéficiaires d’emplois aidés serait quasiment stable en 2019. L’emploi non marchand croîtrait donc légèrement, si bien que l’emploi total augmenterait de 241 000 en 2019, après +182 000 l’an passé.

Dans un contexte de ralentissement graduel de la croissance de population active, ces créations d’emploi permettraient la poursuite du recul du taux de chômage, de l’ordre de 0,1 point par trimestre. Il atteindrait ainsi 8,3 % à l’automne prochain, après 8,7 % l’hiver dernier. En effet, le nombre de départs à la retraite est en nette progression. Les générations arrivant à l’âge de liquidation de leurs droits à la retraite sont de plus en plus larges. Sont désormais concernées les générations des années 1955/1957. Le sommet en matière de départ à la retraite sera atteint entre 2025 et 2030 avec les générations des années 60.

Les prévisions de l’INSEE sont conditionnées à la non détérioration du contexte économique international. Parmi les facteurs d’incertitude figure évidemment la guerre commerciale sino-américaine. Les effets des différentes vagues de mesures protectionnistes prises en 2018 ne sont pas encore tous matérialisés que de nouveaux relèvements tarifaires ont été annoncés par les États-Unis. Leurs impacts et ceux des représailles pourraient être d’autant plus marqués et longs à se manifester qu’ils s’accompagnent potentiellement de mesures unilatérales allant au-delà du relèvement des barrières douanières. L’Europe pourrait être de plus directement touchée si des mesures étaient prises à l’encontre de l’industrie automobile voire contre les produits agricoles. Par ailleurs, les négociations sur le Brexit ne sont toujours pas achevées. Elles reprendront dès l’installation d’un nouveau Premier Ministre. Au niveau de la zone euro, la situation demeure tendue avec l’Italie dont la dette publique a recommencé à progresser. L’INSEE est consciente que le bon déroulement de son scénario suppose que les ménages décident d’arbitrer en faveur de la consommation leurs gains de pouvoir d’achat. En la matière, depuis plus d’un an, ce n’est pas le cas faute d’une confiance suffisante dans l’avenir.

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