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Les prévisionnistes tablaient sur une contraction du PIB de l’économie française, en 2020, entre 9 et 10 %. Selon les premiers résultats de l’INSEE publiés vendredi 29 janvier, la baisse n’a été que de 8,3 %. Elle constitue, malgré tout, la plus forte diminution, en France, du PIB enregistrée depuis 1950. En soixante-dix, trois baisses du PIB dont la plus importante datait de 2009 avec un recul de 2,9 % avaient été enregistrées. La moindre contraction du PIB que prévu en France est liée à la solidité de la consommation qui trouve son origine dans la relative stabilité du pouvoir d’achat des ménages.
Le recul du PIB en 2020 est imputable avant tout au premier confinement qui a été marqué par un arrêt brutal de l’activité. La fermeture des écoles doublée de la peur de la contagion ont amené de nombreuses entreprises à restreindre fortement leurs activités. Le deuxième confinement a eu des effets moindres, son intensité étant moindre. Les entreprises se sont, par ailleurs adaptées.
Après une baisse de près de 6 % au premier trimestre, le PIB a connu une contraction de 13,7 % au deuxième, suivi d’un net rebond au troisième de 18,5 %. Le confinement du mois de novembre et les couvre-feux se sont traduits par un nouveau recul du PIB de 1,3 %.
Au quatrième trimestre 2020, le PIB est inférieur de 5,0 % à son niveau un an auparavant alors que le recul sur un an s’élevait à 18,8 % au deuxième trimestre.
Des dépenses de consommation en dents de scie avec un record battu au mois de décembre
Sur l’ensemble de l’année 2020, la consommation des ménages diminue de 7,1 %, après une hausse de +1,5 % en 2019. La consommation en produits alimentaires a progressé de 1 % quand celle des services est en nette baisse, -7,1 %. La consommation en produits énergétiques recule de 7,4 % et celle en produits manufacturés de 8,9 %.
L’évolution de la consommation des ménages est calquée sur celle de l’épidémie. En phase de confinement, elle recule mais rebondit rapidement dès que ce dernier s’arrête. Si les Français ont augmenté de manière importante leur effort d’épargne, ils ont tant durant l’été qu’en décembre retrouvé le chemin des magasins.
En décembre, les ménages ont souhaité se faire plaisir dans la perspective des fêtes de fin d’année. Après le recul de 18 % en novembre, les dépenses de consommation des ménages en biens ont progressé de 23 % en décembre. Elles ont ainsi battu un nouveau record et battu de 3,7 % leur niveau de décembre 2019. Ce surcroit de dépenses est imputable en grande partie aux biens fabriqués avec des achats en hausse de +9,8 % sur un an. Les achats de biens durables ont progressé de +6,9 % et ceux en habillement-textile de +17,8 %. Cette forte hausse s’explique par la réouverture des magasins à partir du 29 novembre et par le report de « Black Friday » en décembre. Avec les confinements, les Français dépensent davantage pour l’équipement de leur logement. En décembre, les achats en la matière ont augmenté de 38,3 % sur un an. Les Français ont, en particulier, acheté des appareils ménagers et des produits électroniques. En revanche, les achats de matériels de transport restent nettement en retrait (–10,0 % par rapport à décembre 2019).
Au quatrième trimestre, les dépenses de consommation des ménages ont néanmoins baissé de 5,4 % au quatrième trimestre après une hausse de 18,2 % au trimestre précédent. Si la consommation de biens alimentaires a connu une progression de +1,1 % au quatrième trimestre après –3,3 % au troisième, les biens fabriqués ont enregistré une baisse de 8,5 %, contre une augmentation 39,3 % au troisième trimestre. La consommation de services a baissé de 7,4 % après une progression de +21,0 %. La consommation en énergie a diminué de 3,9 % après une hausse de 15,9 % en lien avec la diminution des déplacements.
Une production qui relève la tête en fin d’année sauf pour les services
La production s’est contractée en France 8,6 % en 2020. La chute a été de 13,1 % pour l’industrie manufacturière et de 8,2 % pour les services. La construction a de son côté connu un recul de 13,2 %.
Pour le seul quatrième trimestre, la production totale (biens et services) a diminué de 0,7 %, après le rebond de +18,0 % au troisième trimestre. Néanmoins, la production de biens poursuit sa hausse ce trimestre (+2,3 % après +19,0 %), portée notamment par l’industrie manufacturière qui semble peu affectée par le deuxième confinement. En raison des fermetures, la production baisse nettement dans les services marchands (–2,2 % après +15,6 %). In fine, la production de biens poursuit ce trimestre son rapprochement vers son niveau d’avant-crise (–4,6 % en glissement annuel après –8,2 % au troisième trimestre), tandis que les services s’en éloignent à nouveau (–5,0 % en glissement annuel, après –3,4 % au troisième trimestre).
Fort recul de l’investissement en 2020
Sur l’ensemble de l’année 2020, l’investissement enregistre une contraction de 9,8 % après une hausse de 4,3 % en 2019. Il a baissé de 12,4 % pour l’industrie manufacturée, de 14,7 % pour la construction et de 2,4 % pour les services marchands.
La chute est essentiellement intervenue lors du premier confinement. Ainsi, la formation brute de capital fixe (FBCF) a continué à augmenter au quatrième trimestre (+2,4 % après +24,0 %). L’investissement dans les secteurs des services marchands est resté bien orienté en fin d’année (+7,1 % au quatrième trimestre après +5,7 %), portée par un nombre particulièrement élevé de transactions immobilières. De même l’investissement en construction se maintient ce trimestre (+0,2 %) : bien que demeurant inférieur de 6,3 % à son niveau d’avant crise. Au deuxième trimestre, la chute avait atteint 32,4 % en glissement annuel.
Amélioration progressive de la situation du commerce extérieur
Pour le second trimestre consécutif, les exportations ont augmenté plus vite que les importations. Au dernier trimestre 2020, les exportations ont augmenté de 4,8 % quand les importations ne progressaient que de 1,3 %.
Avec les restrictions de circulation, la France importe moins de pétrole, ce qui contribue au rééquilibrage partiel de la balance commerciale. En revanche, l’absence du tourisme international pèse lourdement sur la balance des paiements courants. Le déficit du solde s’est réduit de moitié au quatrième trimestre par rapport à son point bas observé au deuxième (–9,4 Md€ ce trimestre, contre –18,8 Md€ au deuxième). Les échanges extérieurs restent inférieurs à leur niveau d’avant-crise ,–11,0 % en glissement annuel en volume pour les exportations ce trimestre, et –8,1 % pour les importations. Au quatrième trimestre, le commerce extérieur a contribué positivement à la croissance, +0,9 point, après +0,8 point au trimestre précédent. Sur l’ensemble de l’année 2020, la contribution du commerce extérieur à l’évolution du PIB est largement négative (–1,5 point).
Les variations de stock ont joué en faveur de la croissance
Les variations de stocks ont contribué positivement à l’évolution du PIB au dernier trimestre (+0,4 point après –1,7 point). Sur l’année 2020, les variations de stocks contribuent pour +0,2 point à l’évolution du PIB.
Ce recul historique du PIB en France s’est accompagné par une augmentation sans précédent de l’endettement public. Avec le chômage partiel et les mesures de soutien aux entreprises et à certaines catégories de la population, les pouvoirs publics ont pris une très grande partie à leur charge les effets de la crise. Les dépenses publiques ont du représenter plus de 60 % du PIB, ce qui constitue un record. Le retour à la normale débutera avec le recul de l’épidémie attendu au cours du deuxième trimestre 2021.
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