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À partir de quand une personne âgée devient dépendante ? À partir du moment où, dans sa vie quotidienne, elle a besoin d’une aide temporaire ou permanente. De manière administrative, le nombre de personnes dépendantes est évalué, en France, à partir de l’attribution de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Or, il apparaît clairement que cette allocation ne recouvre pas, loin de là, la question de la dépendance, dans notre pays. En effet, selon les études de la DREES du Ministère des Solidarités et de la santé, en 2015, 21 % des seniors, vivant à domicile, déclarent recevoir une aide pour effectuer des actes essentiels de la vie quotidienne. Au total, 3 millions de personnes âgées sont aidées, soit quatre fois plus que le nombre de bénéficiaires de l’APA à domicile (748 000 fin 2015). L’APA n’est pas la seule aide dont bénéficient les retraités en situation de dépendance. Certains peuvent ainsi ne compter que sur les aides fiscales en faveur des emplois de proximité.
Source : DREES
En ne concentrant les aides que sur la dépendance lourde, déclarée, affichée, les pouvoirs publics risquent de négliger celle du quotidien qui peut être une source de coûts et qui peut s’aggraver faute de soins adaptés. Dans les faits, la question de la dépendance se pose surtout après 75 ans. Entre 60 et 74 ans, moins d’un senior sur dix déclare, en effet, recevoir une aide humaine, formelle ou informelle, pour effectuer les actes de la vie quotidienne, contre plus de 40 % des seniors âgés de 75 ans ou plus.
Les femmes sont plus aidées que les hommes
Les seniors déclarant de l’aide regroupent des personnes dépendantes (GIR estimé 1 à 4), mais aussi certaines personnes plus autonomes (GIR estimé 5 ou 6) déclarent également recevoir de l’aide pour la vie quotidienne en raison de leur âge ou de leur état de santé. La quasi-totalité des personnes en forte ou très forte perte d’autonomie (GIR estimé 1 à 3) sont aidées, tandis qu’une personne autonome sur dix affirme être aidée pour réaliser certains actes de la vie quotidienne.
Les femmes déclarent recevoir plus d’aides que les hommes, quels que soient leur âge et le type d’activités : 26 % des femmes âgées de 60 ans ou plus sont aidées pour les actes de la vie quotidienne, contre 14 % des hommes. L’écart entre femmes et hommes reste faible pour les moins de 75 ans mais il est important chez les 75 ans ou plus (21,6 points de pourcentage d’écart au détriment des hommes). Les femmes ont une plus forte espérance de vie que les hommes, ce qui les expose en valeur absolue, plus fortement à la dépendance. Les femmes, qui représentent 55 % des personnes âgées de plus de 60 ans, représentent par ailleurs 70 % des seniors aidés. Parmi les plus de 75 ans, leur proportion passe à 72 % parmi les seniors aidés, qui représentent 60 % des seniors de cette tranche d’âge. Les femmes déclarant de l’aide ont en moyenne 80,5 ans, alors que la moyenne d’âge des femmes de 60 ans ou plus vivant à domicile est de 71 ans.
La gestion de la dépendance repose avant tout sur les aidants bénévoles bien souvent familiaux. Ils assument une grande partie du travail. Ils permettent le maintien à domicile. Or, ce pilier de la dépendance s’effrite. Avec la multiplication des divorces, les familles sont plus éclatées que par le passé. Si auparavant, les enfants, les petits enfants vivaient fréquemment à proximité de leurs parents, c’est de moins en moins le cas. L’emploi se concentre dans les grandes métropoles quand les retraités choisissent les bords de mer et les villes à taille plus humaine. De plus en plus de jeunes Français choisissent, par ailleurs, d’effectuer tout ou partie de leur parcours professionnel à l’étranger. La culture plus individualiste pourrait également conduire à une moindre implication des jeunes générations. L’allongement de l’espérance de vie conduit également au relâchement des liens. En effet, la problématique de la dépendance intervient bien souvent après 80 ans quand les enfants arrivent à l’âge de la retraite. Ces derniers peuvent être également confrontés à des incapacités physiques. La problématique de venir en soutien à ses grands-parents est moins naturelle pour les petits-enfants.
Parmi les seniors âgés de 60 à 74 ans, 69 % reçoivent de l’aide de l’entourage uniquement, 15 % de professionnels uniquement, et 16 % de l’aide mixte. Après 75 ans, l’aide se diversifie progressivement : le recours à l’aide mixte augmente avec l’âge. En 2018, près de la moitié des seniors aidés pour leurs activités quotidiennes le sont uniquement par l’entourage. Parmi les 3 millions de seniors aidés pour les activités de la vie quotidienne, près d’un senior sur deux déclare l’être uniquement par son entourage (48 %). L’aide de l’entourage est définie dans l’enquête comme une aide régulière à une personne en raison de son âge ou d’un problème de santé. L’aide peut également provenir uniquement d’un ou de plusieurs professionnels (19 %) ou encore de l’entourage et des professionnels, appelée aide mixte (34 %).
Du fait d’une espérance de vie plus courte, les hommes bénéficient plus que les femmes d’une aide de l’entourage. Ils sont 58 % dans ce cas contre 43 % des femmes. Plus de la moitié des seniors aidés les plus autonomes (GIR estimé 5-6) le sont uniquement par leur entourage, et moins d’un quart uniquement par des professionnels. Plus les seniors sont dépendants, plus ils déclarent recevoir assez logiquement une aide mixte. C’est le cas de 20 % des seniors les plus autonomes (GIR estimé 5-6), contre 77 % des plus dépendants (GIR estimé 1-2). Plus le niveau de dépendance augmente, moins l’aide de l’entourage suffit. Toutefois, très peu de personnes à domicile en GIR estimé 1 ou 2 (4 %) sont aidées uniquement par des professionnels. Le maintien à domicile des personnes les plus dépendantes suppose la présence d’aidants familiaux. Or, ce soutien peut être une source de fatigue pour les aidants.
Près de 2 millions de seniors déclarent être aidés pour faire le ménage ou les courses, soit respectivement 63 % et 61 % de l’ensemble des seniors aidés pour les activités de la vie quotidienne. Pour les courses, un senior aidé sur deux déclare être aidé uniquement par l’entourage. Ce dernier peut également contribuer à la gestion administrative ou la prise de rendez-vous chez le médecin, c’est le cas pour 40 % des seniors aidés. Quel que soit le type d’activité, le taux de recours à une aide augmente avec le niveau de dépendance et avec l’âge. Si 7 % des seniors en GIR estimé 5-6 déclarent recevoir de l’aide pour faire le ménage, la vaisselle ou la lessive, cette proportion augmente à 64 % pour les personnes en GIR estimé 3-4 et à plus de 90 % pour celles en GIR estimé 1-2. De même, elle varie de 5 % pour les moins de 75 ans à 28 % pour les seniors âgés de 75 ans ou plus.
Les trois principales activités prises en charge par des professionnels sont celles liées à soins infirmiers, 2 % des seniors aidés reçoivent ces soins, le ménage pour 33 % des seniors aidés, la toilette et l’habillement pour 14 %. Ces activités sont souvent combinées avec une aide de l’entourage, respectivement 10 % d’aide mixte pour le ménage et 5 % pour la toilette. 30 % des personnes âgées dépendantes, bénéficiaires de l’APA, déclarent être aidées pour se laver et s’habiller par un professionnel uniquement, contre 14 % de l’ensemble des seniors aidés.
Pour un tiers des seniors aidés, l’aide provient d’un seul professionnel, en complément ou non de l’aide de l’entourage. Le nombre d’aidants est évidemment corrélé au niveau de dépendance. Les seniors classés en GIR estimé 1 ou 2 indiquent être soutenus par 3,4 aidants en moyenne, contre moins de 2 aidants pour les seniors aidés en GIR estimé 5 ou 6. Pour les seniors les plus dépendants, le nombre d’intervenants de l’entourage est égal en moyenne à celui des professionnels, soit 1,7 aidant de chaque type. Pour les plus autonomes, le taux de recours à l’aide professionnelle est beaucoup plus faible : 0,6 aidant professionnel en moyenne pour les seniors en GIR estimé 5 ou 6, celui-ci fournissant le plus souvent une aide pour le ménage. La moitié des personnes âgées aidées pour les tâches de la vie quotidienne, que ce soit par l’entourage ou par un professionnel, le sont pour une durée d’au moins huit heures par semaine, soit presque une heure dix minutes par jour.
Source DREES
La diversité des situations au niveau des aides que reçoivent les personnes dépendantes justifie l’instauration de dispositifs souples, révisables et ajustables. C’est pourquoi un mécanisme d’assurance dépendance avec une assiette de contribution large apparaît plus adapté qu’un dispositif administré comme le propose le rapport Libault.
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