menu

Accueil > Actualités > Prévoyance > 2023 > Bien vieillir ou vieillir bien ?

Bien vieillir ou vieillir bien ?

Prévoyance 11 décembre 2023

Par Serge Guérin, Professeur à l’INSEEC GE. Sociologue

Popularisée depuis les années 2000, avec la prise de conscience progressive de la rupture démographique et sociale liée au vieillissement de nos sociétés, la notion de bien vieillir s’est largement diffusée dans la société. Elle interpelle directement le secteur de la silver économie qui cherche à proposer une offre adaptée aux attentes et désirs des seniors, tout en évitant de perpétuer une approche infantilisante. Le bien vieillir peut se situer dans la veine d’un discours moralisateur, fondé largement sur la crainte des effets culturels, économiques et sociaux d’une « seniorisation de la société ». Dans cette optique, beaucoup de propositions autour du bien vieillir reposent sur une culture d’injonctions hygiénistes et normatives. Mais le bien vieillir indique aussi les évolutions dans les représentations sociales de l’avancée en âge. S’il est possible de bien vieillir, alors prendre de l’âge n’apparaît plus – ou pas seulement – comme une malédiction, une défaite, un échec. Cette dynamique va dans le sens de la société de la longévité qui a pour logique et sens de proposer des solutions, biens et services pour contribuer positivement à ce bien vieillir, au plaisir de vivre et à la production de liens au sein des générations de seniors mais aussi avec tous les âges.

Le bien vieillir est en phase avec les envies des personnes qui avancent en âge. Mais c’est aussi un enjeu pour la collectivité, un impératif de santé publique et une ardente obligation pour réussir la transition démographique.

Comment définir le bien vieillir, voire le vieillir bien ? S’agit-il de vieillir longtemps ou de vieillir jeune ? Est-ce d’abord d’être en forme, de plaire, de faire jeune ? L’enjeu n’est-il pas de vieillir dans la convivialité, de développer des liens sociaux, de participer à la vie commune, d’être un contemporain ? De se sentir utile et de se sentir utile aux autres. De compter pour les autres et de savoir que l’on peut compter sur la famille, les proches, la collectivité… Bien vieillir pourrait se définir par la capacité à avancer en âge en bonne forme et en acceptant, avec un minimum de recul, les années qui s’ajoutent. Bien vieillir pourrait se définir par la recherche de la meilleure qualité de vie possible. Une qualité de vie qui s’apprécie différemment pour chacun et qui doit correspondre aux attentes et désirs de l’individu prenant de l’âge.

Finalement, bien vieillir, c’est bien s’inscrire dans une écologie de la longévité. La bonne santé, les liens avec d’autres personnes et institutions, oui. Mais le bien vieillir nécessite aussi l’absence de soucis financiers, des revenus convenables. Les retraités relevant des catégories populaires sont évidemment les plus fragiles concernant ces trois axes majeurs. Par ailleurs, le fait d’avoir des projets apparaît comme une condition essentielle du bien vieillir. Il y a donc des faits objectifs du vieillir harmonieux : santé, revenus décents, liens sociaux…

Le bien vieillir c’est aussi – et heureusement – une affaire subjective et très personnelle, faite de curiosité et projets, d’imaginaire et de désir(s).

Serge Guérin

Serge Guérin[1] est sociologue, Professeur à l’INSEEC GE et membre du Conseil scientifique du Cercle de l’Épargne


[1] Serge Guérin va publier en janvier 2024 « Les vieux aussi sauvent la planète », Michalon éditeur.

Partagez cet article

Suivez le cercle

recevez notre newsletter

le cercle en réseau

contact@cercledelepargne.com