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La dernière campagne législative en France a donné lieu à une surenchère de promesses ayant pour point commun l’accroissement des dépenses publiques, au moment même où le pays fait face à un déficit et à une dette sans précédent en temps de paix. Une situation surréaliste, teintée d’un refus d’admettre la réalité telle est la situation de la France.
L’intendance ne suit plus du tout, conséquence de 50 années de déficit public et d’une économie asphyxiée par un niveau élevé de prélèvements. Les gouvernements ont acheté à crédit la croissance et la paix sociale. Or, ils jouent à Icare en poussant toujours plus haut l’endettement ; la chute est inévitable. En 2024, une fois de plus, il est fait appel à la solution fiscale. Quelques expédients permettront d’éloigner le bourreau quelques temps.
Dans le passé, les États ayant redressé durablement leurs finances publiques l’ont fait en réalisant des économies et en restructurant leurs administrations. En France, il est plus facile d’ajouter que de retrancher, d’augmenter que de redéployer… La dette publique se nourrit de cette incapacité à faire des choix. Sur les 1 000 milliards d’euros de dettes supplémentaires accumulées depuis 2016, 25 % proviennent des crises (des Gilets jaunes à la guerre en Ukraine, en passant par la Covid-19), 25 % des allégements fiscaux et 50 % de la poursuite de la tendance passée.
Les retraites sont devenues, au fil des années, le principal poste de dépenses responsable de l’augmentation de la dette publique. 20 % des dépenses de retraite ne sont pas financées. Ainsi, le régime des fonctionnaires de l’État alimente le déficit à hauteur de 40 milliards d’euros. Le taux de cotisation de l’État employeur atteint fictivement plus de 90 %, contre 28 % dans le secteur privé. Selon une étude de Jean-Pascal Beaufret, publiée dans la revue Commentaire qui vient de paraître (numéro 187), de 2012 à 2017, les retraites ont contribué à 434 milliards d’euros de déficit, soit 78 % du montant global des déficits.
Pour masquer la réalité de la dérive financière des retraites en France, un véritable jeu de bonneteau a été institué sous forme de transferts entre les différents régimes et branches de la Sécurité sociale. L’abandon en rase campagne de la réforme systémique, certes mal conçue car jacobine, combiné à un report inopportun de l’âge de départ à la retraite, prive le pays d’un système plus transparent et certainement plus juste. Mais personne ne souhaite ouvrir à nouveau ce dossier. L’idée dominante est plutôt d’abroger ou, à minima, d’aménager la réforme de 2023. Ainsi, l’État continuera avec ses « usines à gaz ». Ce refus de gagner en efficacité traduit une préférence pour le statu quo. Avec un taux d’emploi inférieur de près de 10 points à celui de l’Allemagne et une productivité en berne, nul ne peut espérer le maintien de notre système de protection sociale sans un électrochoc de croissance.
Plutôt que de promettre toujours plus de dépenses, il serait raisonnable de commencer par indiquer comment elles pourraient être financées. La solution la plus simple et, la seule pérenne, est l’augmentation du volume de travail. Des pays comme l’Espagne ou la Pologne l’ont compris, pourquoi ne pourrions-nous pas y parvenir ?
Jean-Pierre Thomas
Président du Cercle de l’Épargne
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