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Je ne parlerai pas de révolution, ni de rupture mais d’infléchissement. Depuis le début de la crise sanitaire, l’Autorité des Marchés Financiers souligne que des Français reviennent sur le marché « actions ». Ainsi, l’an dernier 410 000 nouveaux actionnaires avaient trouvé le chemin de la Bourse. Lors du premier trimestre 2021, 772 000 particuliers ont acheté ou vendu des actions dont 70 000 étaient de nouveaux actionnaires ou des actionnaires absents des marchés depuis au moins deux ans. L’AMF a également indiqué que le nombre de transactions réalisées par des particuliers en France sur des actions avait atteint un niveau record au premier trimestre, à 18,2 millions. En 2020, plus de 60 millions de transactions ont été enregistrées, contre 25 millions les années précédentes.
Le renouveau du marché « actions » n’est pas sans lien avec la bonne tenue des marchés. Le choc du début de l’épidémie a vite été surmonté. Les annonces des banques centrales et l’engagement sans précédent des États pour soutenir les économies ont conduit les investisseurs à revenir rapidement en bourse, d’autant plus que les taux d’intérêt sont historiquement faibles et qu’ils vont le rester. À la différence des autres crises, en 1993, en 2000 ou en 2007, les Français n’ont pas cédé à la panique en vendant au plus bas. En outre, des épargnants ont estimé, aux mois de mars et avril, qu’il était opportun de réaliser des achats au moment où les cours étaient au plus bas. De plus en plus de jeunes actifs investissent une partie de leur épargne en actions. Férus de jeux vidéo, ils achètent et vendent, souvent en ligne, et ils ont une appréciation du risque différente de celle de leurs aînés. Évoluant dans un monde de taux bas depuis le début de leur vie professionnelle, ils sont plus à même à accepter que le rendement passe par les placements « actions ». Dans les enquêtes du Cercle de l’Épargne/Amphitéa, nous constatons, depuis plusieurs années, l’attractivité croissante des actions en particulier chez les moins de 35 ans.
Plusieurs canaux existent. Les Français ont le choix entre différents supports et enveloppes qui peuvent offrir des avantages fiscaux. Ils peuvent soit acheter des actions en direct et se constituer leur portefeuille ou préférer acquérir des parts d’organismes de placement collectif (OPC). Ces derniers, avec l’épargne collectée, effectuent des placements qui peuvent répondre à des caractéristiques sectorielles ou géographiques. Les gestionnaires des fonds peuvent en outre constituer des portefeuilles associant valeurs obligataires, actions, monétaires ou immobilières. Les parts d’OPC offrent aux épargnants une mutualisation et donc potentiellement une limitation du risque encouru. Ils permettent d’accéder à grand nombre de produits financiers. L’épargne ainsi placée est ainsi gérée par des gestionnaires qui sont des professionnels du secteur financier. Les OPC sont la principale voie d’accès à la bourse pour les Français. Les actions ou les parts d’OPC peuvent être placées sur un compte titre, sur un Plan d’Épargne en Actions, sur un contrat d’assurance vie ou un Plan d’Épargne Retraite. Depuis 2018, la fiscalité sur les revenus des produits financiers a été revue à la baisse avec l’instauration du prélèvement forfaitaire unique. L’assurance vie reste très attractive en associant sécurité à travers le fonds euros et rendement grâce aux unités de compte qui représentent des parts d’OPC voire des actions (possibilité de placer des actions en vifs sur les contrats d’assurance vie et les PER). L’assurance vie est, à la différence du Plan d’Épargne en Actions, non plafonnée et permet d’investir dans tous les types de supports quand le second est limité aux actions des sociétés de l’Union européenne. L’assurance vie procure des avantages fiscaux non négligeables huit ans après son ouverture. Elle permet toujours d’alléger aux droits de succession tout en pouvant s’affranchir, sous certaines conditions, de l’ordre successoral. Le Plan d’Épargne Retraite, du fait de son caractère de placement à long terme, est prédestiné à accueillir en son sein des actions ou des unités de compte. Il bénéficie d’un avantage fiscal à l’entrée. La sortie peut s’effectuer en capital ou rente au moment de la retraite. Il est à souligner qu’une sortie anticipée existe pour l’achat de sa résidence principale.
Les vieux principes sont toujours les meilleurs : investir régulièrement, diversifier, gérer ses plus et moins-values et être opportuniste. Un épargnant a tout intérêt à investir régulièrement sur les marchés « actions » pour lisser les variations des cours et éviter d’être trop exposé en cas de fortes baisses. Ce comportement de louable prudence n’interdit pas de savoir être opportuniste. Il faut savoir acheter quand les autres vendent. Les bonnes affaires se réalisent en période de crise, de krach et non au sommet d’un cycle. L’épargnant doit donc oser sortir des chemins battus, prendre des risques calculés pour espérer valoriser son portefeuille. Les secteurs des transports et du tourisme sont fortement pénalisés par l’épidémie. Nul ne doute que d’ici deux ou trois ans, avec la progression des classes moyennes à l’échelle mondiale, un mouvement haussier intervienne sur ces valeurs. L’agroalimentaire, l’eau et l’énergie demeurent incontournables. Les plans de relance devraient favoriser les entreprises de BTP dans les prochaines années. Il faut, de manière générale, opter pour la diversification, diversification entre les différentes classes d’actifs et entre les différents secteurs et zones géographiques. Il est difficile, même aux meilleurs analystes, de ne pas se tromper. Depuis six ans, les cours des actions américaines sont censés baisser or, ils n’en finissent pas de progresser. Certes, un ajustement interviendra à un moment ou un autre mais ceux qui se sont totalement délestés en actions américaines ont eu tort. Au niveau de la gestion de son portefeuille, l’épargnant doit prendre tout à la fois les dividendes et l’éventuelle appréciation de ses titres. Si les actions représentent en termes de rendement le meilleur placement, c’est par l’association des dividendes et des plus-values. Avant d’acheter ou de vendre, l’épargnant doit regarder ces deux facteurs. Il peut avoir intérêt à purger ses plus-values en cas de forte progression du cours de l’action selon le principe que celui-ci ne peut pas aller jusqu’au ciel. Il peut également tirer avantage à sacrifier des titres qui sont en moins-values afin de réaffecter les liquidités ainsi obtenues sur d’autres titres. Il vaut mieux accepter de perdre 100 en espérant gagner demain 120 que de tout perdre. En outre, fiscalement, les moins-values permettent d’effacer des plus-values qui sont soumises à impôt. Ces règles très classiques sont de plus en plus partagées par les Français et en particulier par les jeunes, ce qui est de bon augure pour le placement « actions » dans les prochaines années.
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