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Après une année en enfer, quelles sont les perspectives économiques pour 2021 et les années à venir ?
L’année 2021 sera duale avec un premier semestre qui sera encore marqué par l’épidémie, quand le second devrait logiquement être celui de la sortie de crise. Compte tenu des incertitudes concernant l’ampleur des prochaines vagues, la réalisation de prévisions à court terme est un exercice des plus délicats. Jusqu’à l’été, les mécanismes de soutien public devraient rester importants quand dans la deuxième partie de l’année, les plans de relance devraient commencer à faire sentir leurs effets. Certains craignent que la normalisation de la situation sanitaire ne s’accompagne d’une augmentation du chômage qui serait provoquée par la faillite d’un grand nombre d’entreprises. En la matière, il convient d’être prudent. Nous n’avons pas connu une épidémie de cette ampleur depuis cent ans. Jamais, les États n’ont déployé autant de moyens pour limiter ses effets économiques. Il est donc difficile d’évaluer les conséquences de l’arrêt sur image que nous avons connu en 2020. D’autres pensent que la crise laissera des traces profondes et durables. Elle accélère la digitalisation des activités en particulier dans le commerce. Plusieurs secteurs d’activité seraient ainsi fragilisés. Le retour à la normale pourrait être long en particulier en ce qui concerne le tourisme. Ce secteur qui représente près de 9 % du PIB pour la France devrait retrouver un rythme normal de croisière d’ici 2023 si l’épidémie est jugulée. Pour de nombreux restaurants et hôtels ainsi que pour des commerces dépendant des touristes, les prochains mois seront délicats avec un risque évident de faillites quand les aides de l’État se raréfieront. Plus globalement, le commerce de détail, représentant 8 % des emplois en France, déjà en butte avec la forte concurrence de la vente en ligne avant la crise, devrait connaître une profonde mutation. Au niveau de l’industrie, les regards se focaliseront sur l’aéronautique et l’automobile. Ces deux activités sont tout à la fois confrontées à la crise sanitaire et à la transition énergétique. Pour l’aéronautique, après des années d’expansion, l’arrêt est brutal. Pour Airbus, l’épidémie a eu raison de l’A380 qui n’a jamais trouvé sa place en raison de sa forte consommation de kérosène et de sa taille inadaptée à la demande touristique. Les constructeurs automobiles, contraints par le durcissement très rapide des normes anti-pollution, électrifient leur gamme de voitures. Cette mutation change complètement les chaînes de valeurs et n’est pas sans conséquence pour les sous-traitants.
Au-delà de ses conséquences, la diffusion progressive du vaccin devrait aboutir à l’abandon des phases de stop and go telles que nous les connaissons depuis le mois de mars dernier et faciliter la reprise de la consommation et de l’investissement. La question en suspens est celle liée à la capacité des États occidentaux à rebondir et à renouer avec une croissance forte et pérenne. Cela passe par une hausse des gains de productivité et une réelle restauration de la confiance. La crise peut créer un choc favorable à l’expansion ou au contraire accentuer la dépression économique que l’Occident connaît depuis dix ans. Le contexte international jouera un rôle important. L’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis, les élections législatives en Allemagne et la préparation de l’élection présidentielle française domineront l’actualité. Le nouvel exécutif américain renouera-t-il avec le multilatéralisme ? Fera-t-il plus de cas que son prédécesseur des alliés historiques de l’Amérique ? Théoriquement, la réponse est positive mais il convient de ne pas négliger les forces isolationnistes qui sont puissantes Outre-Atlantique. Par ailleurs, les États-Unis sont désormais entrés en concurrence avec la Chine. Dans ce cadre, l’Europe occupe une place moins importante qu’auparavant dans leur échiquier international. En ce qui concerne le Vieux Continent, le remplacement d’Angela Merkel qui est chancelière depuis le 22 novembre 2005 sera un moment clef de l’année. À la tête de la première puissance économique de l’Union européenne, elle a joué un rôle important dans l’élaboration d’un plan de soutien de nature fédérale auquel s’opposaient les États d’Europe du Nord. Si initialement elle était plus atlantiste qu’européenne, elle a choisi de défendre la construction européenne en raison de l’éloignement croissant des États-Unis et de l’importance économique du marché unique. À corps défendant, Angela Merkel a décidé d’occuper un rôle politique plus visible sur le terrain compliqué de la diplomatie européenne. La désignation pour la première fois d’une présidente allemande à la tête de la Commission de Bruxelles est tout un symbole. La poursuite de cette politique de défense de l’Europe ne devrait pas être logiquement remise en cause par son successeur qui a de fortes chances d’être issu de la CDU ou de la CSU. Néanmoins, en fonction de son profil, des inflexions sont à attendre. Tout dépendra également de l’évolution politique de la France et de l’Italie.
Avec une dette publique qui dépassera 120 % du PIB, une augmentation des prélèvements est-elle à court ou moyen terme incontournable ? Quelles sont les solutions imaginables afin d’assurer le remboursement de la dette ?
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, répète d’interview en interview que le gouvernement n’envisage aucunement de présenter des augmentations d’impôt afin de réduire le déficit public. En pleine crise sanitaire et économique, toute annonce fiscale aurait des effets négatifs en accentuant la dépression. L’expérience des années 2010/2014 reste dans les mémoires. La zone euro a alors connu une récession qui a contribué à la montée des mécontentements. Le calendrier électoral n’incite guère à recourir à cette arme, l’échéance présidentielle étant prévue pour 2022. La question du remboursement de la dette est conditionnée à la politique monétaire et au retour de la croissance. Un arrêt trop rapide du financement de la dette par la Banque centrale européenne pourrait conduire à des tensions sur les taux et à une mise sous pression des États à forts déficits. Les autorités européennes savent qu’elles se doivent d’éviter la répétition d’un scénario à la grecque dont l’ampleur serait bien plus grave car plusieurs États de taille importante pourraient être en première ligne. Le pilotage de la sortie de crise devra donc être fin. Il n’en demeure pas moins que la réduction des déficits devra être conduite ce qui supposera de facto une diminution des dépenses de soutien et une maîtrise budgétaire. La réalisation d’économies sera sans nul doute d’actualité. Or, elles ne pourront pas concerner la santé, la sécurité ou l’éducation. Les marges de manœuvre seront donc étroites.
En matière de dettes publiques, certains se prononcent en faveur d’un effacement partiel quand d’autres estiment qu’elles peuvent être indéfiniment portées par les banques centrales. Une annulation de la dette détenue par les banques centrales n’est pas actuellement une option réaliste. En effet, elle serait synonyme de banqueroute partielle des États. Immédiatement, les investisseurs demanderaient des primes de risque supplémentaires pour continuer de prêter aux États. Elle serait susceptible de créer des tensions entre les États en fonction de leur niveau d’endettement. Cette annulation serait considérée comme une incitation au maintien de politiques budgétaires expansionnistes pouvant mettre en cause, à terme, la crédibilité de la monnaie. Ce problème se pose également avec la solution consistant à un portage indéfini par les banques centrales des créances publiques. Les banques centrales pourraient, en effet, continuer à racheter des obligations afin d’assurer le financement des États. Cette pratique aurait comme conséquence l’augmentation de la masse monétaire générant des bulles d’actifs et pouvant déboucher sur un processus inflationniste incontrôlé. Une réduction progressive des rachats d’obligation par la BCE sera une des conditions d’un retour aux règles économiques traditionnelles. Il en est de même avec les taux d’intérêt négatifs qui sont anormaux.
2020 a été l’année de l’épargne de précaution. En 2021, les ménages puiseront-ils dans leur cagnotte ou opteront-ils pour l’attentisme et la prudence ?
2020 a été une année d’épargne subie. Les ménages français ont mis de côté autour de 200 milliards d’euros, soit 70 milliards d’euros de plus qu’en 2019. Cette épargne a été constituée essentiellement durant les périodes de confinement. L’épargne, qui est une renonciation à la consommation, a alors pris tout son sens. Au mois d’avril, au cœur du premier confinement, la consommation a chuté de 30 %, en novembre, lors du deuxième confinement, elle a reculé de 15 %. À la fin du deuxième trimestre, le taux d’épargne a dépassé 26 % quand il s’élevait à 15 % au quatrième trimestre 2019. Après le premier confinement, il a baissé pour s’établir à 16,7 % fin septembre. Sans nul doute il est reparti à la hausse en novembre. Sur l’ensemble de l’année, le taux d’épargne devrait être proche de 20 %. Les ménages, s’ils ont ralenti leur effort d’épargne dans l’entre-deux confinements, n’ont pas pour autant puisé dans leur cassette « Covid-19 » pour consommer. Il n’y a pas eu de réelle décollecte. Les ménages ont opté pour la prudence en conservant un volume important de liquidités. La crainte du chômage et de la perte de revenus demeure importante. Tant qu’il n’y aura pas de normalisation tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique, les ménages conserveront en l’état leur épargne « Covid ». Lors des dernières crises, en 2009 ou en 2012, les ménages ont accru leur épargne de précaution, une fois celles-ci passées, l’épargne n’est pas revenue à son niveau antérieur. La succession rapide des crises incite les ménages à conserver une part plus importante d’argent liquide que dans le passé. L’aversion aux risques tend à augmenter. Elle est peut-être nourrie par la montée de la précarité avec le développement des CDD et de l’intérim, en particulier chez les jeunes actifs. Le vieillissement de la population est un autre facteur d’augmentation tendancielle de l’épargne en France comme au sein des autres pays européens. Avant même la crise sanitaire, le taux d’épargne était en augmentation malgré la forte baisse du rendement des placements de taux qui représentent plus de 60 % du patrimoine financier des ménages. Une réorientation de l’épargne vers des placements de long terme pourrait s’organiser avec la normalisation de la situation économique et sanitaire. La forte inquiétude des Français vis-à-vis de leur future retraite devrait par ailleurs les inciter à souscrire au nouveau plan d’épargne retraite qui a reçu, malgré un contexte peu porteur, un bon accueil en 2020.
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