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Selon l’enquête 2016 du Cercle de l’Épargne, les Français ne croient plus à la pérennité de leur système de retraite. Comment analysez-vous ce jugement ?
La confiance des Français dans la pérennité de notre système de retraite est assez faible. 72 % des Français pensent qu’il y a un risque réel pour le régime général des retraites de faire faillite, et ce sentiment est encore plus présent chez ceux qui sont actifs, puisqu’il monte à 77 %. Il faut cependant relever que ce sentiment est quelque peu abstrait et est beaucoup influencé par le discours politique entretenu et répété d’année en année : « il faut sauver les retraites ». À présenter chaque réforme des retraites comme « la décisive » puis à devoir recommencer quelques années après, on entretient un doute sur la pérennité du système qui alimente le pessimisme national déjà si fort avec le chômage de masse.
Une fois ce constat établi, nous avons testé auprès des Français trois solutions pouvant renforcer le système de retraite. La plus douloureuse pour l’opinion serait le report de l’âge de la retraite à 65 ans et, en l’état actuel, elle est la moins acceptée. 60 % des Français s’y montrent opposés. Parmi ceux qui estiment qu’il serait acceptable de travailler jusqu’à 65 ans pour avoir une bonne retraite, l’âge interpelle. En effet, plus on est jeune, plus on est favorable au report de l’âge légal. Mais plus on approche de l’âge de la retraite, moins on l’est. Ce qui n’est pas simple puisqu’il faudrait d’abord convaincre la tranche des 50-60 ans. La deuxième solution, l’unification du régime des retraites reçoit une large approbation des Français avec 72 % de favorables. Mais cette unification est sans doute davantage perçue comme une mesure d’équité que comme une mesure visant à équilibrer le système. Enfin, le développement des fonds de pension, la troisième solution testée, est approuvé par 66 % des Français, d’autant plus volontiers qu’ils la considèrent à l’évidence comme la solution la moins douloureuse.
Il est intéressant de noter que la crainte du risque de faillite des régimes de retraite influence assez peu les réponses. Il n’y a pas ou très peu de liens entre l’idée abstraite et collective de faillite et ce qui pourrait toucher individuellement chaque personne. C’est particulièrement net sur le report à 65 ans de l’âge légal du départ à la retraite. En revanche, pour le développement des fonds de pension, l’influence existe puisqu’on passe de 45 % de favorables chez ceux qui n’ont aucune crainte à 74 % parmi ceux qui craignent la faillite totale du système. La crainte de la faillite modifie peu les comportements individuels ; elle influence en revanche la demande d’une solution de financement pérenne.
Comment les Français envisagent de préparer leur retraite ?
Ce que nous montre la dernière enquête du Cercle de l’Épargne, c’est que les Français vont d’abord, pour préparer au mieux leur retraite, chercher à être propriétaire de leur logement, ce qui ne change pas beaucoup de l’an dernier. Les Français citent à 63 % le fait d’être propriétaire de sa résidence principale comme la meilleure façon de préparer sa retraite.
L’épargne financière recule en 2016 mais reste à la deuxième place du podium avec 52 % des citations. Dans le détail le recours à un produit d’épargne à long terme est à 30 % (contre 36 % en 2015) quand le placement dans un produit dédié récolte 22 %.
Ce résultat doit toutefois être relativisé car l’option d’un produit d’épargne à long terme reste fortement citée par ceux qui épargnent assez régulièrement (41 %). Par ailleurs, le manque d’engouement pour un produit d’épargne retraite s’explique par l’absence, pour le grand public, d’un produit spécifique à l’épargne retraite clairement identifié. Il est par ailleurs intéressant de noter que la première préoccupation des Français qui pratiquent l’épargne retraite, pour 53 % d’entre eux, reste la possibilité d’avoir un complément de revenu pour faire face aux besoins quotidiens. C’est particulièrement fort (63 %) chez les actifs qui estiment que leur pension ne sera pas suffisante une fois à la retraite. Vient ensuite l’objectif de faire face à la future dépendance, particulièrement chez les retraités qui continuent à pratiquer l’épargne retraite. La volonté d’épargner en vue de sa retraite pour ensuite pouvoir voyager arrive en troisième position, talonnée par la volonté très altruiste de pouvoir aider ses enfants et petits-enfants.
Les Français semblent pessimistes quant à une progression du rendement des placements financiers en 2016, mais sont-ils prêts à s’orienter vers des placements un peu plus risqués en vue d’un meilleur rendement ?
En effet, seuls 11 % des Français pensent que le rendement des placements financiers sera en hausse en 2016, mais ils sont 44 % à penser à une baisse. Les épargnants sont un peu moins pessimistes que les non-épargnants.
Signe encourageant, près de la moitié des Français (47 %) estime normal que les placements financiers évoluent vers un peu plus de risques. Chez les Français épargnants, ce chiffre monte même à 55 %, tandis que pour les non épargnants, cette acceptation n’est que de 33 %. Ces non épargnants, craignant déjà d’entrer dans un produit d’épargne, ne sont pas prêts à courir de risques. Le tout est de savoir où les Français placent l’équilibre entre la sûreté et le fait de grossir leur capital. De même l’acceptation du risque pour un meilleur rendement est sensible au positionnement social et au niveau de revenus des personnes interrogées. Ce qui signifie que plus on a de disponibilités de moyens, et plus on peut accepter une part de risques dans la distribution de ses placements.
Le cas de l’Assurance-vie illustre parfaitement cette recherche du juste équilibre entre sécurité et rendement. Les scores sont nets, 42 % des Français préfèrent l’Assurance-vie en fonds euros, préalablement définis comme un placement garantissant le capital mais ne permettant que des faibles rendements quand seulement 12 % des Français sont pour l’Assurance-vie en unité de comptes. Toutefois, la troisième voix, celle d’un mixte fonds euros-unité de compte semble être préférée des Français, puisqu’elle est privilégiée par 46 % des interviewés voire 53 % parmi les épargnants déjà détenteurs de l’Assurance-vie.
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