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Les « actions » n’ont pas dit leur dernier mot

Epargne 9 janvier 2023

En 2022, selon la dernière enquête de l’Autorité des Marchés Financiers (Baromètre 2022 de l’épargne et de l’investissement portant sur un échantillon de 2 000 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus et interrogées du 20 septembre au 10 octobre 2022), 76 % des Français ont épargné. Ce taux est stable par rapport à 2021 et proche de celui de l’enquête du Cercle de l’Épargne/Amphitéa de 2022.

Le taux d’épargne est resté élevé au long de l’année, plus de 16 % du revenu disponible brut, niveau supérieur à celui d’avant la crise sanitaire. Les ménages, dans leur globalité, n’ont pas puisé dans leur épargne covid. Ils l’ont au contraire renforcée. La guerre en Ukraine a dopé l’épargne de précaution au détriment de l’épargne longue. À la différence des précédentes crises, les épargnants ne sont pas sortis en masse des marchés « actions ». Ils ont ralenti leurs achats mais n’ont pas paniqué en vendant à tout prix. Une maturité se fait jour.

La proportion des Français déclarant épargner régulièrement a baissé, passant de 39 % en 2021 à 32 % en 2022. Ceux qui ont mis de l’argent de côté l’ont fait essentiellement sur les comptes courants et les livrets d’épargne comme en témoigne la forte progression de ceux types de support tout le long de l’année 2022. Seuls 17 % des épargnants déclarent avoir investi en bourse, parmi lesquels 27 % de ceux qui disposent d’un patrimoine financier supérieur à 30 000 euros et 43 % de ceux qui détiennent des placements en bourse dans un compte-titres ou un PEA. Point positif, le nombre de ces derniers a continué d’augmenter pour atteindre 5,1 millions en juin contre 4 millions au troisième trimestre 2017.

Une baisse de la prise de risque

En période de résurgence de l’inflation, le réflexe des ménages est de sécuriser leurs revenus. Face aux difficultés de pouvoir d’achat, actuelles ou à venir, ces derniers privilégient l’épargne de précaution, les comptes courants, les livrets. En 2022, seules 28 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à prendre un peu plus de risques avec leur épargne pour obtenir une meilleure rémunération, contre 40 % en 2021.

Cercle de l’Épargne – données AMF

Malgré tout, l’enquête de l’AMF souligne que la proportion des réfractaires à toute prise de risques est restée stable. 42 % refusent toute prise de risques en 2022. L’amélioration de la situation de l’emploi peut expliquer cette évolution, tout comme les effets de la baisse du rendement de l’épargne.

Cercle de l’Épargne – données AMF

Face à l’inflation, seuls 27 % des épargnants sont prêts à chercher les moyens d’en compenser les effets à travers une prise de risque accrue. Ils souhaitent avant tout conserver liquide leur épargne. Seuls 38 % des sondés sont disposés à accepter une immobilisation d’au moins 3 ans de leur épargne (44 % en 2021). La durée moyenne acceptée d’un blocage des sommes placées a diminué, passant de 4,7 ans en 2021 à 4,2 ans, ce qui est le niveau le plus bas enregistré depuis 2017.

Une moindre appétence pour le placement « action »

Après une année 2021, marquée par une progression importante des valeurs « actions », 2022 a été moins favorable à ce type de placements. Tous les grands indices ont reculé, perdant de 10 à plus de 33 % de leur valeur. Dans ce contexte morose, l’intérêt pour les actions (en direct ou à travers des fonds ou Sicav) est en baisse en 2022. 25 % des Français se disent intéressés, contre 29 % en 2021. Il en est de même pour la confiance envers ce type de placements (21 % contre 24 %).

La baisse est plus forte chez les moins de 25 ans et chez les 55-64 ans. En revanche, pour ceux qui sont déjà engagés sur le marché « actions » leur intérêt en la matière ne diminue pas. Il n’y a pas de large mouvement de retrait comme lors des précédentes crises. Les non-participants sont moins tentés en cette période de baisse des cours de prendre position même si cela est certainement le bon moment pour se lancer.

Cercle de l’Épargne – données AMF

Des doutes sur la rentabilité des actions

Un nombre plus important d’épargnants estiment que le rendement des actions pourrait être moins intéressant dans les prochaines années. Ce jugement est sans nul doute la conséquence de la baisse des cours en 2022. Pour autant, le rendement des actions se mesure essentiellement par la capacité des entreprises à distribuer des dividendes. Or, pour le moment, malgré le ralentissement de la croissance sur fond d’inflation, les entreprises ont réussi à maintenir leurs bénéfices.

En 2022, seuls 37 % des Français ont répondu s’attendre que les placements en actions soient rentables ces 5 prochaines années, contre 43 % en 2021. La rentabilité attendue pour les 5 prochaines années par ce tiers de Français optimiste ressort également en baisse, 3,6 % par an contre 4,2 % en 2021. Les investisseurs en Bourse, c’est-à-dire ceux qui détiennent des actions en direct, des obligations ou des fonds d’investissement, sont 59 % à attendre une rentabilité positive (4,1 %). C’est le cas de 65 % des actionnaires de sociétés cotées (4,3 % espérés).

Un tiers des épargnants estiment que le moment n’est pas aux actions

En 2022, 34 % des sondés estiment que le moment est malvenu pour investir sur le marché « actions », contre 26 % en 2021. La volatilité du marché explique sans nul doute cette progression. Ce taux est identique entre les détenteurs et les non-détenteurs d’actions. Les plus jeunes sont les plus tentés par les actions. 19 % des 25/34 ans estiment qu’il est opportun d’investir maintenant en Bourse, contre 12 % pour l’ensemble de la population. Les actionnaires individuels sont toutefois encore 31 % à penser que c’est un bon moment (34 % en 2021).

En 2022, 19 % avaient l’intention d’investir à court terme en actions individuelles ou au travers de placements collectifs. Chez les moins de 25 ans, le taux d’intentions est passé en un de 37 % à 30 % Chez les 55 ans et plus, il est passé de 18 à 12 %. Seule la tranche des 25-34 ans maintient ses intentions d’investissement (29 %). Parmi les détenteurs d’actions individuelles, cotées ou non cotées, les intentions restent néanmoins fortes avec un taux de 56 %.

Les intentions à plus long terme sont également en baisse. Le cumul des intentions d’investissement à court, moyen ou long terme ne s’élève plus qu’à 28 %, son niveau de 2019. Il était de 35 % en 2021.

Les épargnants et leurs conseillers

Selon l’enquête de l’AMF, les conseillers (assurances, banques) sont la principale source d’information des épargnants (48 % d’entre eux), devant les proches (26 %) et la lecture de la documentation (23 %). Dans 54 % des cas, les épargnants décident par eux-mêmes de leurs choix de placements, les conseillers intervenant dans 30 % des cas. Au cours des 3 dernières années, seuls 21 % des Français ont bénéficié d’un bilan de leur épargne.

Les Français perdus face à leur épargne ?

Les Français sont plus nombreux depuis 2 ans à estimer « mal s’y connaître » en matière d’épargne et de placement. En 2022, seuls un tiers des Français ont déclaré s’y connaître, au moins assez bien, contre 50 % en 2020.

Pas de rupture mais un attentisme, tel est le bilan de l’année 2022 en matière de placement « actions ». Les Français ont privilégié l’épargne sûre et liquide. Ils n’ont pas voulu, dans un contexte de progression des prix, prendre des risques. L’instabilité des marchés « actions » les a incités à la prudence. En revanche, même si des doutes se font jour en matière de rentabilité, les Français n’ont pas vendu en masse les actions acquises ces dernières années comme ils avaient pu le faire en 2000 ou en 2008.

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