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L’édito de Jean-Pierre Thomas, Président du Cercle de l’Épargne : « Au-delà du Livret A, le private equity ! »

Les éditos du Président 9 mai 2023

L’édito de mai 2023

Le Livret A bénéficie d’une couverture médiatique sans égal. La fixation de son taux de rémunération donne lieu, tous les six mois, à d’innombrables conjectures. Le gouvernement décidera-t-il ou non de l’augmenter ? Osera-t-il le baisser ? Faut-il encourager l’épargne ou la consommation ? Faut-il ou non aider les banques ? La Banque de France incitera-t-elle à déroger à la fameuse formule qui a été modifiée à moult reprises afin d’épouser son époque ou plutôt les intérêts du moment pour les pouvoirs publics ou encore, plus rarement, ceux des épargnants. Le Livret A est une affaire franco-française. Il n’existe pas ailleurs. Ni en Allemagne, ni aux Pays-Bas, ni aux États-Unis, les épargnants n’ont accès à un produit administré offrant tout à la fois une garantie en capital et un taux fixé par l’État. La magie du Livret A est de transformer de l’épargne de court terme en ressources longues pour financer notamment le logement social. Ce tour de force est orchestré depuis deux cents ans. 55 millions de Français y adhèrent en ayant ouvert le fameux livret. Son encours dépassait, fin mars 2023, 395 milliards d’euros. Avec le Livret de Développement Durable et Solidaire, l’encours a atteint 535 milliards d’euros. La hausse de son taux depuis un an et son rôle de traditionnelle valeur-refuge en période de crise ont provoqué des collectes records, près de 20 milliards d’euros sur les trois premiers mois de l’année. Faut-il encourager les Français à épargner sur un produit de court terme dont le rendement réel est par ailleurs négatif ? Depuis plus de cinquante ans, les gouvernements tentent d’améliorer la réallocation de l’épargne vers le long terme, vers des placements en phase avec les besoins des entreprises. Des SICAV Monory en 1979 au Plan d’Épargne Retraite en 2019 en passant par le Plan d’Épargne en Actions en 1992, les initiatives ont été nombreuses en la matière. Si la création d’un Livret réglementé en faveur de la transition énergétique constitue sans nul doute un bon coup de communication, elle ne serait pas la solution la plus efficiente pour drainer les capitaux nécessaires. La décarbonation de l’économie nécessite une centaine de milliards d’euros par an. Elle dernière concerne tout à la fois les administrations publiques et le secteur privé. Par nature, elle suppose des ressources longues et décentralisées. Il faut permettre aux entreprises d’accéder à des besoins de financement, en particulier sous forme de fonds propres. Une réflexion devrait être engagée pour accélérer la diffusion du non coté auprès d’un public plus large. Le non coté peut être placé dans l’assurance vie, les PEA ou les PER et combiner rendement et avantages fiscaux. Cette option serait moins coûteuse pour les deniers publics et plus efficace en matière de financement. En favorisant l’essor des fonds propres, les pouvoirs publics pourraient mettre un terme à la suprématie du financement bancaire des entreprises qui les contraint en période de hausse des taux d’intérêt. En lieu et place du Livret vert ou du Livret en faveur de la transition énergétique, le gouvernement aurait tout avantage à valoriser les produits d’épargne de long terme qui existent et démocratiser le non-coté.

Jean-Pierre Thomas

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