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Le Coin des Epargnants : Tesla et le syndrome de la tulipe verte

Epargne 4 juillet 2020

Le tableau financier de la semaine

 Résultats 3 juillet 2020Évolution Sur 5 joursRésultats 31 déc. 2019
CAC 405 007,14+1,99 %5 978,06
Dow Jones25 827,36+0,90 % %28 538,44
Nasdaq10 207,63+3,38 %8 972,60
Dax Allemand12 528,18+3,63 %13 249,01
Footsie6 157,30-0,03 %7 542,44
Euro Stoxx 503 294,38+2,82 %3 745,15
Nikkei 22522 293,68-0,97 % %23 656,62
Shanghai Composite3 125,25+3,75 %3 050,12
Taux de l’OAT France à 10 ans (18 heures)-0,116 %+0,011 pt0,121 %
Taux du Bund allemand à 10 ans (18 heures)-0,435 %+0,046 pt-0,188 %
Taux du Trésor US à 10 ans (18 heures)0,669 %+0,028 pt1,921 %
Cours de l’euro / dollar (18 heures)1,1243+0,24 %1,1224
Cours de l’once d’or en dollars (18 heures)1 774,310+0,26 %1 520,662
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (18 heures)42,760+5,16 %66,300

Les marchés en phase avec l’emploi américain

L’économie américaine a encore prouvé sa grande flexibilité avec la publication des résultats de l’emploi du mois de juin.

Avec le déconfinement et notamment la réouverture des bars, restaurants et commerces, l’économie américaine a créé 4,8 millions d’emplois en juin.  Ce nombre de créations constitue un record pour les Etats-Unis. Le taux de chômage est ainsi passé de 13,3 à 11,1 % de mai à juin.

Les marchés actions ont réagi favorablement avec un nouveau record pour l’indice des valeurs technologiques, le Nasdaq. Il convient de souligner que l’indice chinois « Shanghai Composite » est revenu au-dessus de son niveau du 31 décembre 2019.

Un premier semestre boursier paradoxal

Après avoir atteint des sommets à la fin de l’année 2019, les marchés financiers ont subi une forte correction en mars avant de se reprendre et de limiter les pertes. Le Nasdaq qui rassemble les plus importantes valeurs technologiques est à son plus haut, symbolisant le caractère incontournable du digital avec la crise. Sur les douze derniers mois, le Nasdaq a augmenté de plus de 25 %. Le Dow Jones a, en partie, compensé les pertes du mois de mars. Il demeure néanmoins en recul de près de 10 % par rapport à son niveau du 31 décembre dernier. Les valeurs traditionnelles liées à l’automobile et aux transports aériens sont au cœur de la tourmente. Le CAC 40 a connu les montagnes russes durant le printemps en accusant une perte de 35 % avant de remonter. L’indice parisien cède 17 % sur le premier semestre tout en ayant connu une hausse de 12 % au deuxième trimestre avec un gain de 5,12 % en juin. Depuis le 1er janvier, l’indice parisien enregistre néanmoins une perte de 17,43 %. Mis en parallèle avec la contraction éventuelle du PIB, environ 11 points, la baisse du cours des actions apparaît modérée. Les investisseurs anticipent les effets des plans de relance. Par ailleurs, compte tenu des volumes des liquidités sur le marché et de la pénurie de titres obligataires du cœur de l’Europe avec les rachats des banques centrales, ils sont contraints d’arbitrer en faveur des actions des entreprises les mieux notées

Tesla et le syndrome de la tulipe

À la fin des années 1990, les entreprises de la Net-économie ont connu des valorisations sans lien avec leurs résultats. Les investisseurs, de peur de rater le coche, prenaient des actions dans toutes les start-ups. Les cours ont connu une hausse déraisonnable qui a amené l’éclatement de la bulle Internet. Le CAC 40 a ainsi atteint son record historique le 4 septembre 2000 à 6 944,77 points. Cet engouement rappelait celui des bulbes de tulipe en 1637.

La première grande crise spéculative des temps modernes est, en effet, liée à la tulipe, dans le nord des Provinces-Unies (les Pays-Bas d’aujourd’hui) qui connaissaient alors, grâce à leurs activités commerciales, à la liberté de culte et d’opinion, une réelle prospérité. La tulipe qui est cultivée dans l’Empire Ottoman est importée aux Pays-Bas par Charles de l’Ecluse. Les Néerlandais s’amourachèrent de cette fleur et en particulier celle qui avait des pétales tigrés. Ces dernières étaient plus difficiles à cultiver car elles devaient être, au préalable, contaminées par un virus. La production traditionnelle de tulipes s’étalait sur près de 10 mois, les plantations se déroulant à l’automne quand la cueillette s’effectuait entre juin et septembre. Les Néerlandais friands de tulipes achetaient à terme, par exemple au mois de juillet pour la recevoir au mois de juin de l’année suivante. Ces contrats à terme donnèrent lieu à la création de nouveaux produits financiers, les options et les dérivés. Ainsi, un Néerlandais achetait un bulbe de tulipe à un prix de 100 au mois de juillet sachant qu’il pourrait le revendre 200 un an plus tard. Il était également possible d’acheter des parts de bulbe comme aujourd’hui il est possible d’acquérir des parts d’actions. Les producteurs, face à une demande croissante, ont augmenté rapidement les prix. Cette envolée des tarifs était facilitée par l’enrichissement évoqué ci-dessus. L’arrivée de l’or des Indes générait une forte inflation qui rendait difficile l’appréciation de la valeur des biens. En quelques années, le prix du bulbe fut multiplié par plus de 30. En 1635, 40 bulbes valaient 100 000 florins de l’époque soit environ 25 000 euros d’aujourd’hui. La multiplication des options aboutit à des commandes de bulbes sans commune mesure avec la demande réelle d’autant plus que l’envolée des prix limitait le nombre d’acheteurs potentiels. En 1637, un mouvement de correction s’opéra avec une chute des prix. De nombreux acheteurs de contrats et d’options durent acquérir à vil prix les tulipes sans pouvoir les revendre, ce qui entraîna de nombreuses faillites.

Après la tulipe, d’autres spéculations animèrent les marchés. Le percement de canaux tout comme la constitution des réseaux ferrés furent à l’origine de mouvements haussiers qui se conclurent par de retentissants krachs. Après les tulipes, le chemin de fer et Internet, pourrions-nous assister à la naissance d’une bulle verte ? Les investisseurs misent actuellement sur les entreprises qui participent directement ou indirectement à la transition énergétique. Cette allocation de capitaux peut accélérer cette dernière d’autant plus qu’ils se feront plus rares au profit des anciennes gloires de l’ancien monde. En revanche, comme dans tout phénomène spéculatif, des déconvenues sont à attendre. L’entreprise Tesla est devenue le porte-drapeau de cette nouvelle vague. Dix ans après sa cotation, la firme américaine de voitures électriques est devenue le constructeur automobile le plus cher du monde. Avec 207 milliards de dollars (184 milliards d’euros), la capitalisation boursière de l’entreprise californienne est supérieure à celle de Toyota tout en produisant vingt fois moins de voitures. Tesla a accumulé pendant des années des pertes quand Toyota peut se glorifier d’être un champion de la rentabilité.

Malgré la crise sanitaire, depuis le début de l’année, la valeur de l’entreprise Tesla a été multipliée par trois, et par cinq en un an. La valorisation de Tesla est déconnectée de celle de ses concurrents. Son modèle économique est plus proche des GAFA. Les investisseurs parient que Tesla occupera dans l’automobile le même rôle qu’Amazon dans la distribution. Ils estiment que l’entreprise a dix ans d’avance par rapport à ses homologues et qu’elle est en mesure de créer un choc systémique dans le secteur de l’automobile.

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