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Le Coin des Epargnants : la première crise financière virale ?

Epargne 29 février 2020

Le tableau financier de la semaine

  Résultats 28 février 2020 Évolution hebdomadaire Résultats 31 déc. 2019
CAC 40 5 299,26 -12,11 % 5 978,06
Dow Jones 25 409,36 -12,36 % 28 538,44
Nasdaq 8 567,37 -10,54 % 8 972,60
Dax Allemand 11 890,35 -12,44 % 13 249,01
Footsie 6 565,80 -11,32 % 7 542,44
Euro Stoxx 50 3 329,49 -12,39 % 3 745,15
Nikkei 225 21 142,96 -9,59 % 23 656,62
Shanghai Composite 2 880,30 -5,24 % 3050,12
Taux de l’OAT France à 10 ans (18 heures) -0,293 % -0,088 pt 0,121 %
Taux du Bund allemand à 10 ans (18 heures) -0,609 % -0,115 pt -0,188 %
Taux du Trésor US à 10 ans (18 heures) 1,160 % -0,315 pt 1,921 %
Cours de l’euro / dollar (18 heures) 1,1005 +1,45 % 1,1224
Cours de l’once d’or en dollars (18 heures) 1 588,521 -3,55 % 1 520,662
Cours du baril de pétrole Brent en dollars (18 heures) 49,740 -14,78 % 66,300

Depuis la première révolution industrielle, l’économie mondiale avait été confrontée à des chocs de nature diverse, spéculation immobilière, bulle financière, crise agricole, crise énergétique, etc. La diffusion du coronavirus à l’échelle planétaire suivie en direct par les médias traditionnels et numérique constitue une première entraînant une chute brutale du cours des actions. Même si pour le moment, le terme de krach n’est pas encore d’actualité car pour être qualifiée en tant que tel, la baisse des cours doit être brutale et avoisiner les 20 %. En cinq jours, l’indice japonais a perdu près de 10 %, le CAC 40 français, plus de 12 % tout comme le Nasdaq américain. La contraction des indices « actions » enregistrée cette semaine est la plus forte enregistrée depuis la crise financière de 2008. La correction en cours intervient après plusieurs mois de fortes hausses qui rendent la correction d’autant plus violente Juste avant l’annonce par les autorités chinoises d’un problème sanitaire à Wuhan, il y a deux mois, nul n’avait imaginé un tel scénario même si nombreux étaient ceux qu’un ajustement était probable.

Cette baisse des valeurs « actions » repose tout autant sur les effets économiques palpables de la crise épidémique que sur les interrogations liées à son ampleur et à sa durée. La peur générée par cette épidémie a été le catalyseur de la baisse de ces derniers jours. Le monde occidental vit tout à la fois sa première grande épidémie depuis la grippe espagnole et la première épidémie suivie en temps réel par les médias et les réseaux sociaux. Les pouvoirs publics sont amenés à communiquer quotidiennement pour éviter l’amplification de la panique et la circulation de fausses informations. La forte défiance des opinions ne facilite pas leur tâche en la matière d’autant plus que la situation est très évolutive. Depuis 2004, la France est dotée de plans de réactions en cas d’épidémies de grande ampleur. Ces plans prévoient plusieurs échelons et dispositifs de prise en charge en fonction de la gravité de la situation. Compte tenu de la forte ouverture de l’économie européenne, les pouvoirs publics ne peuvent opter pour les limitations de circulation qu’avec prudence. La priorité a été pour le moment de mettre en alerte le système de santé afin qu’il puisse répondre à une demande de soins en augmentation rapide. Les demandes de confinement demeurent très ciblées et ne concernent que les personnes qui ont été potentiellement en contact avec le virus.

Une baisse de la production et des ruptures de stocks

La crise sanitaire par son caractère global et mondial touche l’ensemble des composantes de l’économie. Le premier effet de l’épidémie a été de réduire les capacités de production de la première puissance industrielle et du premier exportateur mondial qu’est devenue la Chine. Compte tenu de la diffusion de la maladie, plusieurs autres pays asiatiques comme la Corée du Sud sont concernés. Du fait de l’éclatement des chaînes de production, les entreprises, à l’échelle mondiale, sont éventuellement confrontées à des risques de rupture de stock.

La diffusion du virus en Italie du Nord, cœur industriel de ce pays, a créé une onde de choc. Jusqu’à maintenant, le problème semblait être cantonné à une région en Chine. En quelques jours, la crise sanitaire est apparue mondiale pour les investisseurs et les actionnaires.

Pétrole et taux à la baisse

La crainte d’une récession mondiale a provoqué une forte baisse du cours du pétrole qui est passé en-dessous des 50 dollars le baril vendredi 28 février. Sur un an, il a perdu un quart de sa valeur. Les obligations d’Etat les mieux notés sont particulièrement recherchés entraînant une nouvelle baisse des taux. Le taux de l’obligation de l’Etat allemand à 10 ans est tombé à -0,609 % et celui de l’obligation de l’Etat américain à 1,160 % vendredi 28 février. Les investisseurs s’attendent à des annonces de la part des banques centrales pour soutenir l’activité économique. Les Etats-Unis disposant de marges de manœuvre supérieures en la matière, leurs taux baissent plus fortement qu’en Europe. Ces marges plus élevées outre-Atlantique expliquent pourquoi le dollar se déprécie par rapport à l’euro, le marché anticipant des décisions accommodantes de la banque centrale américaine.

Le secteur du tourisme en première ligne

L’épidémie a un effet tangible sur l’activité touristique. Les prévisions aériennes pour les trois prochains mois tablent sur une baisse de 60 % de la fréquentation chinoise en France. Air France chiffre le manque à gagner à plus de 200 millions d’euros. En moyenne, sur 90 millions de touristes étrangers, 2,7 millions de Chinois visitent la France chaque année. Il est à noter que le nombre de touristes chinois avait tendance à diminuer avant même l’épidémie de COVID-19. Plus l’épidémie se répandra, plus l’impact sur le transport aérien et le secteur touristique sera important. La France, l’Italie, l’Espagne, les États-Unis en tant que premiers pays d’accueil pour les touristes sont tout à la fois susceptibles d’être ainsi touchés par la contamination et d’être impactés au niveau du tourisme. L’hôtellerie, la restauration mais aussi toutes les activités de loisirs (spectacles, musées, parc de loisirs) entraînant une concentration de personnes sont potentiellement concernées.

Une baisse de l’investissement ?

Les investisseurs sont incités à retarder leurs investissements du fait des incertitudes économiques générées par l’épidémie. Par ailleurs, des projets devant être engagés en Chine ont été retardés du fait du cantonnement de la population.

Un ralentissement des échanges internationaux

L’épidémie touche à plusieurs niveaux les échanges internationaux. En raison des réductions de production constatées en Chine, les exportations se tarissent. Par voie de conséquence, les importations font de même. Cette situation entraîne une baisse des cours du pétrole et des matières premières, réduisant d’autant les ressources des pays producteurs.

Une baisse de la demande des ménages

Les mesures prises pour ralentir la diffusion du virus entraînent, à travers le confinement des villes touchées, une baisse de la consommation. L’Europe étant le premier centre de consommation mondiale, avec plus de 500 millions d’habitants, la diffusion du COVID-19 peut avoir des effets importants sur la consommation en raison de la limitation des échanges. Le caractère anxiogène de l’épidémie peut conduire à des reports d’achats. Avec la réduction du nombre de touristes, le secteur du luxe est en première ligne.

Quel effet sur la croissance ?

Les effets de l’épidémie sur la croissance de l’économie mondiale, et notamment de l’économie française, dépendront de sa durée et de son importance. Ils sont aussi liés à la levée ou non des incertitudes qui sont nombreuses. La dangerosité de la maladie, les modalités de contagion, la capacité des pouvoirs publics à la juguler, sont autant d’interrogations qui génèrent l’inquiétude des investisseurs. L’indice de contagiosité est estimé entre 1,5 et 3,5 contre 2,2 pour la grippe espagnole de 1919. Pour le rhume, le taux est de 2 et celui de la grippe saisonnière de 1. Des chiffres très éloignés de la varicelle (8,5), de la rougeole (9) ou du choléra (9,5). Le taux de létalité est de 2,3 % pour le COVID-19 contre 0,1 % pour la grippe saisonnière. Il est en revanche plus faible que celui constaté lors de l’épidémie de SRAS (9,6 %). Mais cette dernière n’avait touché que 8 000 personnes lorsqu’elle s’était propagée en 2003. Le taux de létalité augmente à partir de 50 ans pour atteindre son plus haut niveau au-delà de 70 ans. Le taux de mortalité est de 15 % au-delà de 80 ans. À l’inverse, pour les personnes âgées de moins de 39 ans, ce taux serait de 0,2 % selon une étude chinoise. De manière pour le moment peu expliqué, le taux de contamination et de létalité est très faible chez les enfants.

Le scénario le plus rationnel est une évolution en « U » de l’économie avec une chute d’activité suivie d’une période étale plus ou moins longue débouchant sur un rebond assez fort pour compenser les retards pris durant l’épidémie. Ce scénario repose sur l’atteinte d’un pic épidémique intervenant d’ici quelques semaines et sur une coordination à l’échelle internationale des moyens sanitaires voire des réponses économiques nécessaires pour empêcher une récession. L’autre scénario dit en « L » se matérialiserait par une entrée en récession relativement longue le temps de vaincre l’épidémie. Pour le moment, le Ministère de l’Économie estime que le virus COVID-19 ne provoquera qu’un manque de croissance de l’ordre de 0,1 point en France. Au niveau mondial, le PIB devrait être amputé de 0,2 point en 2020. Si l’épidémie se muait en pandémie et si le mouvement de panique prenait racine, le risque de récession mondiale ne serait pas à écarter. La multiplication des mesures protectionnistes, la fermeture des frontières aurait évidemment un fort effet sur la croissance. Les autorités mondiales s’inquiètent des conséquences de l’épidémie sur des pays ne disposant pas de système de santé performant (particulièrement en Afrique).  

Avant la crise du COVID-19, la Banque de France était optimiste

Après le trou d’air de la fin 2019, la Banque de France pensait, en début de semaine que le retour à normal était possible pour la France au cours du 1er trimestre 2020 avec une progression du PIB de 0,3 % pour le premier trimestre (contre un recul de 0,1 point au dernier trimestre 2019). Les économistes de la banque centrale estimaient que l’industrie devrait retrouver son rythme de croisière en février, tandis que l’activité dans les services et le bâtiment sont bien orientés depuis le début d’année.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, pariait sur un taux moyen de croissance par trimestre de 0,3 %, soit le résultat constaté depuis deux ans. L’INSEE est un peu plus pessimiste et prévoit une croissance de 0,2 % au premier trimestre, puis de 0,3 % au deuxième.

Pour l’ensemble de 2020, la Banque de France prévoit une croissance de 1,1 %, selon ses prévisions dévoilées en décembre dernier, soit le rythme le plus bas depuis 2016, lorsqu’elle avait atteint 1 %. Le Gouvernement table pour sa part sur une progression du PIB de 1,3 %.

Sécurité et liquidité

En 2019, le taux d’épargne des ménages a atteint 14,7 % du revenu disponible brut contre 14,2 % en 2018. Le taux d’épargne financière est passé sur cette période de 4 à 4,3 %.

Cercle de l’Epargne – INSEE

Les premiers résultats du mois de janvier en ce qui concerne l’épargne confirment la tendance de l’année 2019. Ils traduisent, chez les ménages, un certain conservatisme teinté d’une prise de conscience que la donne a changé. Le Livret A démarre ainsi sur les chapeaux de roues quand l’assurance vie connaît un début d’année en demi-teinte sur fond de remise en cause de son modèle qui a fait son succès ces vingt dernières années.

L’inoxydable Livret A

L’annonce de la baisse du taux du Livret A intervenue au mois de janvier n’a eu aucun effet sur la collecte qui a atteint 4,13 milliards d’euros, soit le même montant que l’année dernière (4,00 milliards d’euros). Pour la première fois de son histoire, l’encours du Livret A dépasse les 300 milliards d’euros (302,7 milliards en janvier contre 298,6 milliards d’euros en décembre). En dix ans, l’encours a progressé de 54 %.

Le mois de janvier se caractérise, en règle générale, par une forte collecte en raison du versement des primes et des étrennes de fin d’année. Lors de ces dix dernières années, deux décollectes seulement sont à signaler, en 2015 (-0,85 milliards d’euros) et en 2016 (-0,81 milliards d’euros). Ces deux dernières s’expliquaient en grande partie par la baisse du rendement du Livret A intervenue au mois d’août de l’année précédente (août 2014 passage de 1,25 à 1 %, août 2015 passage de 1 à 0,75 %). Comme en 2020, le passage de 2,25 à 1,75 % annoncé au mois de janvier 2013 n’avait pas eu tout d’effet négatif sur la collecte qui avait alors atteint alors 8,21 milliards d’euros. Ce résultat était lié au relèvement du plafond du Livret A qui était passé le 1er janvier 2012 de 19 125 à 22 950 euros.

Outre les primes et des étrennes de fin d’année, les ménages ont pu épargner sur leur Livret A tout ou partie de l’avance des crédits d’impôt versé par l’administration fiscale le 15 janvier à 9 millions de ménages. Au total, l’État a reversé 5,5 milliards d’euros représentant 60 % du montant des crédits d’impôt de l’année 2020.

La collecte du Livret A obéit à une saisonnalité. Le premier semestre se caractérise par de fortes collectes mensuelles quand le second est marqué par quelques mois de décollecte. Février 2020 sera peut-être marqué par une baisse de la collecte en raison de l’entrée en vigueur du taux de 0,5 %. Cependant le contexte anxiogène pourrait conduire les ménages français à ne pas relâcher leur effort. Le Livret A en période tourmentée joue le rôle de paratonnerre, de valeur sûre.

Cercle de l’Epargne – Caisse des Dépôts

L’assurance vie à la croisée des chemins

L’assurance vie commence moderato l’année 2020 avec une collecte nette de 500 millions d’euros au mois de janvier. Cette collecte relativement faible au regard des résultats passés est riche d’enseignements.

Pour trouver une collecte nette plus faible, il faut remonter au mois de décembre 2018 (-700 millions d’euros). Lors de ces dix dernières années, l’assurance vie n’a connu qu’une décollecte au mois de janvier, en 2012, l’annus horribilis, pour le premier produit d’épargne français. Janvier est traditionnellement un mois correct pour l’assurance vie avec des collectes nettes pouvant atteindre 2,4 milliards d’euros comme en janvier 2018 ou 3,2 milliards d’euros en janvier 2017. Ce petit trou d’air est avant tout imputable à la bonne tenue des rachats.

Avec une collecte brute de 11,8 milliards d’euros, l’assurance vie attire toujours les épargnants. Certes, ce résultat est en léger retrait par rapport au mois de janvier 2019 (12,7 milliards d’euros) et au mois de janvier 2018 (13,4 milliards d’euros) mais il est identique à celui du dernier mois de l’année 2019. Elle est dans la moyenne de ces douze derniers mois. Les Français continuent à placer une part non négligeable de leur épargne sur l’assurance vie, malgré les annonces de baisse de rendement intervenues entre le mois de décembre et janvier.

La proportion d’unités de compte (UC) en s’élevant à 34 % symbolise bien la volonté des compagnies d’assurance de limiter le poids des fonds euros et d’inciter les épargnants à porter le risque. La bonne tenue de la bourse facilite la montée en puissance des unités de compte. Certes, il y a un retrait par rapport à décembre, mois durant lequel la proportion d’UC avait atteint 41 %. Ce taux s’expliquait, sans nul doute, par le fait que des compagnies avaient décidé de restreindre l’accès à leurs fonds euros.

Le montant des rachats et des prestations qui s’établit à 11,3 milliards d’euros au mois de janvier, est en hausse. Il s’élevait à 11 milliards d’euros en décembre 2019 et à 10,6 milliards d’euros au mois de janvier 2019. Le montant des prestations tend à augmenter avec la maturité croissante du produit. Le vieillissement des titulaires de contrats aboutit automatiquement à un accroissement des versements intervenant au moment des décès. Par ailleurs, les ménages effectuent des arbitrages avec l’immobilier qui bat des recours en matière de transactions (plus d’un million en 2019).

L’assurance vie devrait atteindre la barre des 1800 milliards d’euros dans les prochains mois, renforçant sa position de numéro un des placements français. Au mois de janvier, l’encours a atteint 1789 milliards d’euros. La résilience du produit n’est plus à prouver. Il semble pouvoir s’adapter à la nouvelle donne imposée par les taux d’intérêt négatifs. Il profite de la forte appétence des Français pour l’épargne. L’assurance vie offre l’accès à une combinaison sécurité, liquidité avec les fonds euros et prise de risques avec les unités de compte. Cette association n’existe dans un aucun autre type de placement.

Les ménages français sont depuis deux ans enclins à maintenir un fort volant d’épargne de précaution en raison des incertitudes sociales et économiques. Les grèves du mois de décembre et de janvier concernant la réforme des retraites ne les ont pas incités à relâcher leur effort. Ils privilégient toujours la sécurité et la liquidité en faisant fi du rendement. Le vieillissement de la population contribue également à l’amplification de cet effort d’épargne. Pour le moment, les ménages ne répondent qu’avec modération aux stimuli des pouvoirs publics en faveur de la réorientation l’épargne vers des placements plus risqués.

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