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Face au défi de la fragmentation démographique

Les éditos du Président 8 octobre 2021

L’édito d’octobre

Avec les années 2020, nous sommes entrés de plain-pied dans une nouvelle phase de notre histoire démographique, celle du vieillissement général et rapide de la population. Avec l’arrivée des générations 1960, les plus nombreuses à l’âge de la retraite, la structure de la population change à grande vitesse. D’ici 2035, un tiers de la population active aura été totalement remplacé. Le nombre de retraités poursuivra son augmentation pour atteindre 20 millions. La dépendance, à mesure de la montée en âge des baby-boomers, coûtera de plus en plus cher. Face à cette révolution, des mesures ont été prises depuis 1993. Elles permettront en 2030 une économie de 6 points de PIB, ce qui n’est pas négligeable. Adoptées au fil de l’eau, ces mesures visaient tout à la fois à augmenter le nombre d’actifs et à réduire le montant global des pensions. Les pouvoirs publics ont opté pour un impressionnisme en misant sur la progressivité et la convergence. La tentative du grand bing bang choisie par Emmanuel Macron s’est soldée, si ce n’est pas par un échec, du moins pour le moment, par un ajournement en partie occasionné par la crise sanitaire. Si les conséquences financières de cette transformation démographique sont bien connues avec l’alourdissement des dépenses de retraite, de santé, de dépendance et de prévoyance, celles sur l’organisation de la société, sur la structure de l’économie, sur les rapports entre générations sont peu ou mal appréciées. L’augmentation du nombre de retraités joue logiquement contre la croissance en réduisant le nombre d’actifs. Elle pèse négativement sur les gains de productivité. En matière d’épargne, l’aversion aux risques ne peut qu’augmenter. Si les pensions sont amenées à se déprécier dans le temps, les personnes de plus de 65 ans seront contraintes de se dessaisir de leur capital, ce qui devrait produire une baisse de valeur du capital, même s’il est vrai qu’au Japon, pays en avance sur le vieillissement, ce phénomène n’a pas été constaté. De même, logiquement, l’accroissement du nombre de retraités est inflationniste, ces derniers consommant avant tout des services, générateurs d’inflation. Comme pour l’épargne, le Japon prouve, une fois de plus, que cette règle ne joue pas pour le moment. Au-delà de ces considérations, le financement du vieillissement sera supporté par les actifs qui doivent également s’occuper des jeunes. La répartition des charges sera un sujet politiquement et économiquement de plus en plus sensible. La dure loi de l’efficience économique pourrait buter sur les contraintes électorales. Quoi qu’il en soit, le vieillissement de la population changera, en profondeur, l’organisation de la société dans les prochaines années avec une graduation de la population en fonction de son âge. Avec une population dont le centre de gravité se déplace en faveur des plus de 55 ans, les jeunes, étudiants ou actifs, seront amenés à défendre, avec plus de vigueur que dans le passé, leurs intérêts. La segmentation de la population devrait s’accroître avec une partition territoriale accentuée. Si des années 1970 jusqu’aux années 2010, la convergence des modes de vie, des goûts, des préférences a été marquée en raison du poids des baby-boomers dans la société, ce schéma est de plus en plus révolu. La domination de la musique « rap » qui a pris largement le dessus sur le rock en est un symbole. Désormais, parents et enfants n’écoutent plus les mêmes chansons, contrairement à ce qui s’est passé des années 1960 aux années 2000. Les Stones pouvaient réunir plusieurs générations lors de leur concert. Au niveau de la répartition géographique, les seniors quittent les grandes agglomérations pour des villes de taille moyenne ou pour le littoral. Une société est avant tout une communauté. Le défi des responsables politiques sera de préserver, dans les prochaines années, l’unité de la nation et la solidarité intergénérationnelle qui en est un des ciments. À cette fin, une vision, un projet de société est indispensable. La nécessité de fixer un cadre et de l’expliquer est essentielle pour permettre à tous de se sentir membres d’une même famille.

Jean-Pierre Thomas

A lire dans le Mensuel N°90 du Cercle de l’Epargne

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